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Numéro complet (pdf) - acelf

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La profession enseignante en France :<br />

permanence et éclatement<br />

nombreux (700 dans le réseau public), le taux de féminisation est très élevé (77 %<br />

dans le public, plus de 91 % dans le secteur privé). Si les effectifs ont crû régulièrement<br />

de 1960 au milieu des années 1980 (plus de 38 % pour le public), ils sont restés<br />

ensuite relativement stables.<br />

Le secondaire (général et professionnel) compte plus de 496 000 enseignants,<br />

dont près de 94 000 dans le secteur privé; la proportion des non-titulaires est très<br />

variable selon les périodes, oscillant pour le public entre 14 000 et 31 000 au cours de<br />

la dernière décennie; le taux de féminisation s’élève à 57 %, avec de fortes variations<br />

selon le type d’établissement et les disciplines. Le secondaire a connu une très forte<br />

croissance au cours de la seconde moitié du 20 e siècle; en cinquante ans les effectifs<br />

publics ont été multipliés par 14,5, avec de fortes variations selon les catégories : de<br />

5 100 à 41 800 pour les professeurs agrégés, de 11 200 à 223 850 pour les professeurs<br />

certifiés et assimilés, sur la même période (les deux corps se distinguent par leur<br />

niveau de recrutement théorique, bac+4 pour les agrégés, bac+3 pour les certifiés,<br />

par leur salaire, leurs obligations de services); ces dernières années, cette croissance<br />

reste soutenue (14 % en 10 ans). Dans l’ensemble, l’effort de la puissance publique<br />

est resté très élevé durant la période.<br />

Le groupe professionnel des enseignants du secondaire constitue un monde<br />

composite malgré l’image d’un corps soudé et homogène qu’en a l’opinion. Des<br />

lignes de clivage séparent les enseignants selon qu’ils sont titulaires ou non titulaires,<br />

selon la discipline qu’ils enseignent, leur type d’établissement d’exercice et plus<br />

encore selon leur corps administratif d’appartenance : corps des agrégés (11,2 %<br />

des effectifs), des certifiés (60 %), des professeurs de lycée professionnel (16,2 %), des<br />

adjoints d’enseignement (2,5 %), des anciens professeurs d’enseignement général de<br />

collège (PEGC, 10 %). La croissance des effectifs des professeurs du secondaire,<br />

devenus plus nombreux que leurs collègues du primaire, produit un effet de banalisation<br />

du métier; cette perte de prestige social est renforcée par la prédominance du<br />

corps des certifiés, alors que le groupe professionnel était auparavant composé<br />

majoritairement d’agrégés. La déqualification est d’autant plus vivement ressentie<br />

que d’une part la position des instituteurs a été nettement revalorisée par la création<br />

récente du corps des « professeurs des écoles », dont la carrière est organisée sur le<br />

modèle de celle des professeurs certifiés, et que d’autre part le niveau théorique de<br />

recrutement de ces derniers n’a pas bougé depuis 60 ans au moins, alors que<br />

l’ensemble de la population voit son niveau de qualification fortement augmenter.<br />

La traditionnelle rivalité avec les enseignants du primaire, exacerbée par cette lente<br />

déqualification, a profondément marqué les identités professionnelles, comme en<br />

témoignent par exemple les luttes âpres concernant les questions de syndicalisation<br />

qui aboutiront en 1992 à l’éclatement de l’ancienne Fédération de l’éducation<br />

nationale.<br />

La question de l’origine sociale des enseignants a donné lieu à un certain<br />

nombre d’études qui tendent à montrer que le recrutement des enseignants du premier<br />

degré serait devenu moins populaire et traduirait un « lent embourgeoisement<br />

général » de ce groupe professionnel (Berger, 1979), dû en particulier à l’élévation<br />

progressive du niveau de recrutement (Charles et Clément, 1997); pour le second<br />

volume XXIX, printemps 2001<br />

55<br />

www.<strong>acelf</strong>.ca

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