Le Royaume d\'icare

— J’ai fait le théâtre.
— Ça, lé théâtre, tou lé loui as fait.
Il dégrafe le collier pendant qu’elle ouvre le tiroir à bijoux.
Pas de coffre. Ce n’est pas du travail, c’est des vacances. Merci
madone.
Madame range son collier. Un coffret luxueux attire la
curiosité de l’Italien:
— Qu’est-ce qué c’est
— Le collier que j’ai porté à mon mariage. Veux-tu le voir
Il s’avère énorme, en or, orné de pierres et de diamants sur
trois rangées. Miguel en siffle d’admiration bancaire. Pour
l’artiste, c’est de la merde. Le genre de truc qui se défait sans
perdre de valeur en quelques bagues et colliers de bon goût.
Le tout blanchi en douceur.
— Cé pas donné. Il té plaît
— Trop lourd. Je déteste. Je le porte si mon époux en fait la
demande. Les réceptions …
— Ton collier d’esclave, quoi.
— Ne redis jamais cela!
Elle l’a giflé, un rien. Mais sec. Très sec en y repensant.
Elle le fixe, le regard dur. Moment de silence. Elle baisse
les yeux puis la tête.
— Pourquoi, ça t’excite demande-t-elle frondeuse.
Elle relève la tête :
— Veux-tu que je le porte
— Oui, mais rien d’autre, « esclave ».
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