Le Royaume d\'icare

— C’est le meilleur. Au chrono!
Madeleine, de la chose, ne sait que le calendrier menstruel.
Et encore parce que la mère lui a conseillé d’attendre
avant de « partir » la succession Dumoulin. Restée éveillée
dans ses dentelles et ses rêves à peine froissés, elle conclut
faussement que si les hommes désirent, c’est d’amour que
vivent les femmes. Douze années plus tard, ayant intercepté
une conversation de salon, elle comprit sa bêtise. Il était trop
rapide.
Jacques aime les symphonies. Le développement en est
long et lent. Quand la violence de l’émotion prend ses aises,
il est prêt, le cœur battant, à se laisser emporter par la musique.
Dans la symphonie de la vie, il fallait être premier violon,
un minimum pour son père.
Jacques fit ses classiques et l’école commerciale. Il découvrit
les échecs par l’amitié que son père cultivait chez
les Duquesne. Initié au plaisir par une professionnelle, le
simple frottement des corps habillés l’avait achevé dans son
pantalon. À la maison close, une place réputée tout de même,
il avait réussi le temps aidant à terminer en elles. Avec patience
et à grands frais de « services », il envisageait de dépasser
la minute. On le disait pudique. C’est que d’entendre
les autres commenter leur performance nuisait à la sienne,
si on peut dire.
Jacques ne voit dans la chansonnette qu’un compromis
entre le bon goût et le vulgaire. Un spectacle apte à satisfaire
les esprits incultes. Mais le nom de Madeleine court
la jeunesse cherchant l’aventure. Le voilà, curieux, assis au
milieu des commentaires grivois. Rideau. Silence. La scène
s’illumine, un rossignol chante. Jacques s’est toujours considéré
menu comparé aux autres, cette demoiselle est son
âme sœur. Elle amène ses petites mains sur sa poitrine pour
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