Le Royaume d\'icare

Un éclair frappe au loin en terre française. Ses vêtements
sont trempés.
John avait tenu promesse. Mais Anne fait-elle la distinction
entre Londres et Paris Elle est toujours prisonnière,
murmure Bouddha. Il la revoit toute frêle dans sa tenue de
coton bleu délavé, se tenant devant les grandes portes au fer
ciselé de l’institut privé où elle résidera en attendant la réponse
de Paris. Les portes d’un autre enfer, combien le comprend-il
maintenant.
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— Coupe unique.
Elle pivote, moqueuse, toute menue. Le préposé qui l’accompagne
est sous son charme. Elle entre, se retourne une
dernière fois :
— Tu es un génie, moi une folie, concède-t-elle, rossignol
craintif et faussement gai. C’est la balance.
— Ce n’est pas vrai. Tu verras. Fais-moi confiance.
— Si je dois être sacrifiée alors gagne, exige-t-elle, rentrant
en vitesse, son cœur incapable de taire la quête injuste
qu’elle lui impose.
Les portes de métal ont avalé sa sœur. Pas de whist, pas
d’exhibitions à l’aveugle, tant pis pour l’argent perdu. John
se consacre entièrement à sa première compétition de taille
en analysant les parties des quatre maîtres invités. Charles
James les a sorties directement de sa filière personnelle,
dactylographiées et compilées. Entre les séances d’études et
de tennis lady Bennett est inflexible côté sport il prend
de longues marches solitaires. Il a visité leur premier centre
d’accueil et laissé un don. De voir les enfants abandonnés l’a
ému. Il est passé devant l’ancien cabinet de l’avocat véreux,
maintenant occupé par un médecin. Il s’est aussi arrêté chez
les Stanley, le couple qui les avait accueillis, Anne et lui, ré-
«