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Le Royaume d\'icare

269 premières pages du roman.

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jeu, a fait comprendre à Joseph que chaque joueur possède<br />

sa manière propre de conquérir : une vision de la guerre, un<br />

tempérament, une stratégie et des soldats privilégiés ; bref,<br />

une personnalité. Pour vaincre à forces égales, il faut devenir<br />

psychologue. Proposer un terrain de guerre déplaisant,<br />

où les manœuvres préférées de l’adversaire seront inopportunes,<br />

ou encore opter pour un coup qu’il juge inférieur par<br />

simple préjugé.<br />

« «<br />

— Vous n’saviez pas Van Shelpt a horreur d’la Petroff.<br />

— Non. Je ne l’ai affronté qu’une fois.<br />

— Un pion dame, j’sais. Belle partie. Pour van Shelpt, j’l’ai<br />

lu dans un artic’ français. Même dédain des quat’ cavaliers.<br />

— Il n’aime pas les ouvertures symétriques. Et pourquoi<br />

donc <br />

— Sais pas. Un simple préjugé.<br />

— Un « préjugé ». Vor urteil<br />

Koltanovski ne parle pas anglais. Parmi les plus jeunes<br />

participants à cette première édition du tournoi de Hasting<br />

en 1890, lui et Joseph passent du temps à analyser tout en<br />

conversant. Feuerbach en profite pour améliorer son français<br />

mais la prononciation de Koltanovski l’oblige à une<br />

écoute attentive. <strong>Le</strong> Français est un jeune colosse qui travaille<br />

dans une mine et profite d’un congé exceptionnel pour<br />

jouer à Hasting. Il terminera sixième, un exploit colossal<br />

pour un ouvrier qui pratique peu.<br />

<strong>Le</strong> terme « préjugé » fascine le jeune Feuerbach qui<br />

conclut pour Koltanovski :<br />

— C’est un préjugé qui a tué mon père. C’était un « Juif ».<br />

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