Le Royaume d\'icare

neutre. Il faut bien levée de rideau un jour pour pouvoir
vivre son personnage.
— Voilà une attitude positive, John. Bonne chance. Dieu te
protège, le sais-tu
— Je ne le saurai qu’une fois mort. Merci pour tout.
L’année 1917 s’annonce un temps mort. Sur le terrain, les
deux camps piétinent dans la boue des tranchés. Des rébellions
civiles et des défections militaires durent être sévèrement
punies autant en Italie, qu’en France, en Grande-Bretagne
et en Allemagne. Il faut du temps avant que les effets
de la guerre économique se fassent sentir. Jeune joueur
d’échecs à la mémoire prodigieuse, John Nilsson va transmettre
des données vitales sur l’état des ressources ennemies.
Les alliés sont ravitaillés par l’industrie et les banques
nord-américaines, ils peuvent patienter. L’intervention des
sous-marins allemands, malgré son efficacité, ne pourra endiguer
le soutien en provenance de l’Amérique.
Une stratégie qui enfle la dette de guerre des alliés et développe
aux États-Unis une mentalité colonialiste vis-à-vis
l’Europe, a conclu Charles James qui se vide l’âme tandis que
la voiture illumine la route déserte dans la nuit.
— Je vais être transparent, John. Nous parachutons en
territoire ennemi un orphelin qui, il y a deux ans à peine,
ignorait tout des intrigues de la politique et du monde des
adultes. Le plus grand espoir échiquéen depuis l’enfant prodige
de Chicago et le Mexicain fou. S’il n’en tenait qu’à moi,
John…
Le reste se devine dans le ronronnement du moteur.
— Ne vous morfondez pas inutilement, sir. À six ans j’étais
sans famille, ruiné, avec une jeune sœur sur les bras. Anne
est maintenant en sécurité dans un institut privé quatre
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