Le Royaume d\'icare

— Non, avec les hôtels. On a plus l’droit de s’garer sur le
d’vant, espace réservé.
— Et ce service de voitures appartient à des Américains
— Tout comme. Les hôtels et tout le reste, ça nous appartient.
À des Français, j’veux dire. Bah! Peut-être aussi à des
Américains. C’est eux qu’ont investi pour les rénovations.
— Avec une compagnie de voitures de luxe ayant l’exclusivité
des devantures d’hôtels. Maintenant que j’y repense, je
les ai remarquées, murmure presque Bénédict.
— En plus, ils ont des places réservées sur les boulevards.
— C’est illégal. C’est la voie publique. (La voix publique,
dans l’esprit de Nilsson.)
— La compagnie qui a payé les rénovations des stands. La
ville accorde une sorte de dédommagement, qu’y zont expliqué.
Ça m’paraît juste, sauf que...
— Leurs tarifs sont moindres que les vôtres, l’interrompt
Bénédict.
— Pensez donc, plus! Des belles voitures comme ça. À
c’prix là, j’serais riche, c’est sûr. (Il tourne la tête.) Sauf que
les gars sont à salaire pour la compagnie.
— Ils ne sont pas plus riches, seulement plus dépendants
de leur patron.
— Ouais. Nous autres, il a fallu glaner le client ailleurs et à
plusieurs. Les prix ont chuté. Certains ont abandonné.
— Vous auriez pu vous organiser pour protester.
— Mais ils sont riches. C’est eux qu’on écoute, pas le p’tit
peuple.
— Si vous aviez été syndiqués, ils auraient écouté.
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