Le Royaume d\'icare

— Oh mère ! s’écrie soudain Jonathan, ébloui, devant son
mur des lamentations.
Le soleil de Grâce se lève enfin. Jonathan court à sa mansarde
balayer le passé sur sa table, dans sa bibliothèque et
en sa tête. Il a enfin trouvé. La fenêtre ouverte, il se promet
d’acheter des plantes et des fleurs. Puis il prend un feuillet
blanc et écrit : « En mémoire de ma mère ». Il biffe aussitôt
pour « Au nom de ma mère ». Comprenant qu’elles sont
toutes mères, il se décide pour « Au nom de la Mère ». Sur la
page suivante, la dédicace dit : « En mémoire d’une Grâce à
qui je dois tout.»
La femme est fleur, débute-t-il. C’est quand elle est aimée et
chérie qu’elle s’épanouit. La féminité est une essence végétale
fondamentale. Une vie qui donne vie à soi-même en elle-même
pour voyager dans le temps. Dieu est un principe féminin. Pourquoi
alors s’est-elle divisée en elle et lui Pourquoi a-t-elle créé
un second sexe Pourquoi a-t-elle permis aux hommes d’ériger
ces monstres de pierre et de métal qui détruisent ses fruits
Son projet est lancé, Jonathan vit. Quand, épuisé, il repose
sa plume dans le silence de sa mansarde, Jonathan saisit à
quel point le Malin est malin; toute la solitude qu’il a dû et
devra supporter pour cette encre étalée. Le Malin moula le
mâle par son désir. La Mère accueillit en son sein une vie hors
de son sein. Pourquoi Parce que la Mère est pur amour. Mais
la Bête, submergée de plaisir, gisait ensuite faible et sans volonté.
La Bête eut peur de l’amour et méprisa sa mère.
Puis il sortit boire. La seconde journée de cuite sécha ses
pleurs et il put enfin dormir.
Dans le train aussi. Il se réveille à Bruxelles sous la pluie;
une halte qui lui laisse amplement le temps de se dégourdir
les jambes. Heureuse disposition les quelques jours de repos
»
60