— 108 —heures du matin que commença pour elle cette obscuritédouce et muette qu'est le répit de toute pensée.Mais, bientôt, son esprit s'éveilla. Elle s'imagina qu'unevoix l'appelait, faiblement, comme de très loin, une voixqu'elle reconnaissait comme on reconnaît, dans un rêve,d'autres rêves déjà disparus.Puis, elle eut conscience d'un visage, le visage d'unetrès belle femme, d'une négresse, qui la regardait avecdes yeux grands et doux, qui lui souriait sous les plis d'unturban madras jaune. Et elle était éclairée par une lumièrequi ne venait de nulle part ; qui n'était plus que le souvenirde quelque matinée morte depuis longtemps. Et, à traverscette clarté indistincte, grandit un doux rayonnementbleu, — le fantôme d'un jour. Et elle reconnut ce visage,et murmura tout bas « Doudoux maman »...... Elles se promenaient toutes les deux ou elle s'étaitpromenée autrefois, parmi les mornes. Elle sentait lamain de sa mère qui la guidait comme lorsqu'elle étaitune petite fille. Et devant elles, tandis qu'elles marchaient.quelquechose de pourpre, de vague et d'immensese leva et s'étendit, le spectre énorme de la mer qui s'arrondissaitjusqu'au ciel. Et, dans la blancheur perlée,par-dessus l'horizon confus, jaillit de nouveau la visionde l'île anglaise, dont les cimes violettes étaient barrées
— 109 —de longs effilés de nuages lumineux... La vision se définitlentement, et changea de couleur tandis qu'elle regardaittoutes les cimes rosir jusqu'à leur extrémité,comme une éclosion de roses merveilleuses s'épanouissantdans la mer, sous le soleil...Et Douceline, parlant comme à un petit enfant, luidit :— Travail Bon Dié loull joli, anh ?— Oh ! ma petite maman bijou ! Oh, ti bijou-maman•— oh, ma pili kè maman... Je ne puis pas partir...Mais déjà Douceline n'était plus auprès d'elle : l'ombrebrillante de l'île avait aussi disparu, et elle entendit lavoix de Mayotte qui pleurait quelque part derrière lesarbres. Alors elle se hâta dans cette direction et trouval'enfant sous une plante immense qui étendait fort loinses racines enroulées : et les lianes innombrables quitombaient de cet arbre empêchaient de voir à quelleespèce il appartenait. L'enfant avait cueilli une feuillesombre, et elle avait peur, car un liquide étrange coulaitsur ses doigts. ..— Ce n'est que la liane, de sang, dit <strong>Youma</strong>. On s'ensert pour la teinture.— Mais c'est chaud, répliqua l'enfant encore touteeffrayée.
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