Youma : roman martiniquais - Manioc
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- 89 -de la mer, et la maudit en la condamnant à l'agitationéternelle. Et les barques de pêche, et les filets étendus poursécher sur le sable pourrirent, pendant que les hommesattendaient vainement que la mer s'apaisât.Pendant toute l'année la ligne d'écume ne disparaîtpoint ; elle s'élargit ou se rétrécit suivant que les brisantsdeviennent plus ou moins dangereux, sous la pression desvents étésiens. Parfois l'écume franchit l'embouchure desrivières ; parfois elle bondit jusqu'au sommet des falaises,et fait trembler tout le pays. — bien que la brise soit àpeine perceptible et qu'il n'y ait pas un nuage dans le ciel.Et alors, on voit qu'au large, jusqu'à l'horizon, la mer estbleue comme du lapis-lazuli et polie comme un miroir :le tonnerre et l'écume ne s'étendent pas au delà de la côte.C'est un raz de marée, — un raz de marée du fond : c'estla mer qui se balance du fond. Ce spectacle durera peutêtredeux ou trois jours : puis il cessera aussi mystérieusementqu'il a commencé.Pour le travailleur des plantations de lV.s/, cette mersauvage était la seule barrière entre l'esclavage et la liberté.Il n'y avait guère de bateaux sur cette côte ; aunord de la Trinité il y avait peu d'endroits d'où une barquepût être lancée sans danger. Mais Anse-Marine possédaitune sorte de crique naturelle, abritée par un promontoire