— 42 —— Non 1 J'aime mieux le chocolat que la crème...Raconte-moi une histoire, du !C'était la seule façon de la faire tenir tranquille.Mayotte avait maintenant quatre ans, et elle s'étaitprise d'une passion extraordinaire pour les histoires.L'histoire de Monkda, ou de l'oranger sorcier qui poussaitjusqu'au ciel ; l'histoire de Mazin-lîn-guirt, ou la jeunefille orgueilleuse qui épousa un fantôme ; celle de VOiseau-Zombi, dont les plumes avaient « la couleur des jourspassés », qui chantait dans les estomacs de ceux qui lemangeaient, et renaissait ensuite ; l'histoire de la Belle quiavait la Vierge pour marraine ; l'histoire de Pié-Chique-à,qui apprit à jouer du violon à la façon du diable ; l'histoirede Colibri, l'oiseau bourdonneur : Colibri possédaitle seul tambour qu'il y eut au monde, et il refusa de leprêter lorsque le Bon Dié le lui demanda pour faire uneroute, bien que les nègres eussent déclaré qu'il leur étaitimpossible de travailler sans tambour ; l'histoire deNanic-Rosdie, la petite fille gourmande, qui s'assit surle Rocher du Diable, et ne put plus se relever, de sorte quesa mère dut engager cinquante menuisiers pour lui construireune case avant que minuit ne sonnât I Et puisl'histoire merveilleuse de Yé, qui, ayant trouvé un vieuxdiable aveugle en train de faire cuire des escargots dans
— 43 —Un bois, lui vola sa nourriture dans sa callebasse. Maisle vieux diacic attrapa Yé, et se fit de force emporterchez lui et nourrir pendant très longtemps...Mayotte avait entendu toutes ces histoires, et biend'autres encore, et plus elle en entendait plus elle désiraiten entendre. Si ces légendes n'étaient pas son plus grandplaisir pendant son séjour à la plantation, du moins ellesenchantaient et coloraient tous ses autres plaisirs, entourantla réalité d'une atmosphère délicieusementirréelle, communiquant une personnalité fantastique auxchoses inanimées, remplissant les ombres de zombis, donnantla parole aux arbustes, aux arbres et aux pierres,car les cannes à sucre elles-mêmes lui parlaient, « chououachouoita », comme le vieux Babo, le vieux Ubre-de-Savane qui se murmurait des choses tout bas. Chaquehabitant de la plantation, depuis le plus petit négrillonjusqu'au grand Gabriel, ou « Gabou », le commandeur detous les autres, personnifiait pour Mayotte quelquesilhouette sortie des contes. Et chacun des recoins descollines, des ravins ou de la plage qu'elle parccurait pendantses promenades matinales avec <strong>Youma</strong>, lui fournissaitles décors de quelque épisode fantastique...— Mayotte, s'écria <strong>Youma</strong>, tu sais bien qu'il ne faut pas
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XIIIChez les de Kersaint toutes les
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XIVLa rue se remplit d'un lourd mur
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