Le Socialisme en Chemise Brune - Free
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que ces mesures n’ont pas contribué à la baisse du chômage, ou<br />
de manière très superficielle. Selon son analyse, la reprise<br />
économique fut d’abord le résultat d’une reprise de<br />
l’investissem<strong>en</strong>t des <strong>en</strong>treprises et d’une consolidation de leur<br />
structure financière, deux phénomènes qui étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> marche<br />
avant l’arrivée d’Hitler au pouvoir : « Nous ne pouvons pas savoir<br />
avec certitude ce qui se serait passé, si un gouvernem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>t<br />
avait été au pouvoir. Cep<strong>en</strong>dant, les signes d'une reprise de<br />
l’activité des <strong>en</strong>treprises allemandes sont là dans les statistiques. Il<br />
est donc raisonnable de supposer que même sans l'interv<strong>en</strong>tion<br />
étatique il y aurait eu une forte reprise, comme il y <strong>en</strong> avait eu une<br />
après la première grande récession de la République de Weimar <strong>en</strong><br />
1925. » 28 Ayant analysé les données d’archives dans une<br />
excell<strong>en</strong>te étude consacrée à cette question, Albrecht Rischl <strong>en</strong><br />
vi<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t à la conclusion que la politique de relance par la<br />
dép<strong>en</strong>se publique, malgré les millions d’arg<strong>en</strong>t public qu’elle a<br />
mobilisés, « ne fut pas ce qui provoqua la reprise économique. » 29<br />
Evidemm<strong>en</strong>t, ces mesures avai<strong>en</strong>t aussi un coût. En bon<br />
disciples de la doctrine keynési<strong>en</strong>ne, les Nazis eur<strong>en</strong>t recourt non<br />
pas aux hausses d'impôts mais aux déficits publics. Adepte d'une<br />
théorie qui plonge aujourd'hui l'Europe dans l'une des pires crises<br />
de son histoire, l’Etat hitléri<strong>en</strong> se servit du déficit comme d'une<br />
source inépuisable permettant de financer emplois publics,<br />
subv<strong>en</strong>tions à profusion, et plans de grands travaux. L'ampleur de<br />
la catastrophe était considérable. Dès les premières années du<br />
régime, les dép<strong>en</strong>ses étai<strong>en</strong>t quatre fois supérieures aux recettes.<br />
En cinq ans, <strong>en</strong>tre 1928 et 1935, les dép<strong>en</strong>ses publiques<br />
augm<strong>en</strong>tèr<strong>en</strong>t de plus de 70%. La dette progressa de 10,3 milliards<br />
de Reichsmarks. Cette augm<strong>en</strong>tation provoqua une crise, et ce dès<br />
1934 — la crise la plus importante des douze années du Reich,<br />
selon l’analyse qu’<strong>en</strong> fera Tooze. Devant l’inquiétude grandissante<br />
des pays étrangers, Hitler et Schacht décidèr<strong>en</strong>t alors de stopper le<br />
remboursem<strong>en</strong>t des dettes contractées. L’Allemagne n’<strong>en</strong> avait<br />
plus les moy<strong>en</strong>s. La situation économique était catastrophique, et<br />
l’<strong>en</strong>tourage d’Hitler s’<strong>en</strong> inquiétait. En juin 1934, un journal<br />
proche du parti national-socialiste se dira préoccupé par le fait que<br />
les jours d’Hitler semblai<strong>en</strong>t être comptés. 30<br />
Pour autant, ce premier échec du keynésianisme n’<strong>en</strong> empêcha<br />
pas d’autres. L’histoire économique n’apporte strictem<strong>en</strong>t aucun<br />
exemple de la réussite d’une forme ou d’une autre de socialisme, et<br />
l’application nazie du keynésianisme et de l’étatisme n’<strong>en</strong> apporte<br />
pas le contre-exemple. <strong>Le</strong>s programmes nazis ont créé des emplois,<br />
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