Le Socialisme en Chemise Brune - Free
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peut-être, connaissant quelque peu la vie du Führer, que<br />
l’antisémitisme lui v<strong>en</strong>ait de son expéri<strong>en</strong>ce personnelle dans ses<br />
jeunes années à Vi<strong>en</strong>ne. Encore abattu par une défaite militaire<br />
qu’il avait déjà imputé aux « traitres » de l’arrière, les Juifs et les<br />
communistes, et confronté chaque jour à la presse antisémite<br />
vi<strong>en</strong>noise, il cultiva une rancœur terrible contre cette frange de la<br />
population qui ne paraissait pas appart<strong>en</strong>ir à l’Allemagne et qui<br />
semblait tous les jours vouloir jouer contre elle. A Vi<strong>en</strong>ne, Hitler<br />
croisa des Juifs. « Sont-ce des Allemands ? » se demanda-t-il<br />
presque instinctivem<strong>en</strong>t. La presse antisémite ainsi que<br />
l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t général d’une ville que l’on a décrite comme la<br />
ville la plus antisémite d’Europe lui fournir<strong>en</strong>t la réponse : Non.<br />
Pourtant ce récit, d’ailleurs très incertain, n’est pas une<br />
explication suffisante pour la résolution de nos problèmes.<br />
L’antisémitisme ne fut pas un élém<strong>en</strong>t qu’Hitler ress<strong>en</strong>tit avec ses<br />
nerfs : il le p<strong>en</strong>sa avec sa tête, et c’est par la réflexion — aussi<br />
confuse et incohér<strong>en</strong>te fût-elle — qu’il appréh<strong>en</strong>da véritablem<strong>en</strong>t<br />
son opposition aux Juifs. Il expliquait lui-même « rejeter<br />
l’antisémitisme d’origine purem<strong>en</strong>t émotionnelle », préférant ce<br />
qu’il appelait un « antisémitisme de la raison ». 36<br />
L’antisémitisme était très diffusé <strong>en</strong> Bavière à cette époque, et<br />
le li<strong>en</strong> fut très rapidem<strong>en</strong>t fait <strong>en</strong>tre les « profiteurs de guerre » et<br />
les Juifs. 37 Hitler fut tout de suite très à l’aise dans cet<br />
<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s premières traces de son antisémitisme se<br />
trouv<strong>en</strong>t dans le texte d’une interv<strong>en</strong>tion qu’il fit <strong>en</strong> aout 1919<br />
devant un groupe de soldats, ayant été chargé par la Reichswehr<br />
de leur prodiguer un <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t. Dans cette « confér<strong>en</strong>ce », il<br />
reprit les thèses antisémites habituelles, assimilant les Juifs à une<br />
race étrangère et dangereuse, une organisation de profiteurs,<br />
d’exploiteurs, et d’adorateurs de l’or et des richesses. Tout y<br />
passait, même la participation des Juifs dans la fom<strong>en</strong>tation d’une<br />
révolution communiste <strong>en</strong> Allemagne. C’était un discours<br />
antisémite typique. De manière significative, le sujet de la<br />
confér<strong>en</strong>ce ne portait pas sur les Juifs de manière directe. <strong>Le</strong><br />
thème de la confér<strong>en</strong>ce était le système capitaliste.<br />
Sans imaginer la portée des mots qu’il écrit, Ian Kershaw<br />
explique bi<strong>en</strong> qu’ « au début, les tirades antisémites de Hitler<br />
étai<strong>en</strong>t invariablem<strong>en</strong>t liées à l’anticapitalisme et à la dénonciation<br />
des profiteurs de guerre et des racketteurs ‘‘juifs’’ auxquels il<br />
reprochait d’exploiter le peuple allemand tout <strong>en</strong> leur imputant la<br />
défaite et les victimes allemandes. » 38 Et il continue : « A l’époque,<br />
il ne faisait aucun li<strong>en</strong> avec le marxisme ou le bolchevisme.<br />
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