Le Socialisme en Chemise Brune - Free
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Pour bi<strong>en</strong> compr<strong>en</strong>dre les Nazis et pour évaluer la t<strong>en</strong>eur de<br />
leur <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t pour le socialisme, il est bel et bi<strong>en</strong> nécessaire<br />
d’étudier la position qu’ils adoptèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong>vers ce que François Furet<br />
appela fort justem<strong>en</strong>t « le mythe de la révolution ». Mais bi<strong>en</strong> audelà,<br />
l’étude de cette dim<strong>en</strong>sion dans le cadre plus général du<br />
national-socialisme est une condition nécessaire à la véritable<br />
compréh<strong>en</strong>sion de celui-ci. Comme le montrera Karl Dietrich<br />
Bracher, cette passion révolutionnaire était <strong>en</strong> effet fondam<strong>en</strong>tale<br />
dans le nazisme et dans le combat d’Hitler lui-même, un avis<br />
partagé par Allan Bullock, qui, rapprochant les idées et les<br />
personnalités d’Hitler et de Staline, décrivit cette passion<br />
révolutionnaire comme un élém<strong>en</strong>t structurant et ess<strong>en</strong>tiel aussi<br />
bi<strong>en</strong> pour l’un que pour l’autre. 2<br />
Dans le nazisme, le fascisme et le communisme, la révolution<br />
était un idéal de viol<strong>en</strong>ce. Avec la même vigueur que Karl Marx et<br />
que les théorici<strong>en</strong>s du matérialisme historique, Hitler aimait à<br />
rappeler que la force était un moteur de l’histoire, et il ne faisait<br />
aucun doute pour lui que la force pouvait et devait être utilisée<br />
dans l’arène politique. De manière plus spécifique, Joseph<br />
Goebbels légitimait l’usage de la force par une sorte de « mission<br />
historique » accordée à Hitler et à son mouvem<strong>en</strong>t — on ne sait<br />
trop par qui. Comme <strong>en</strong> Russie Soviétique, l’ordre était clair : si le<br />
peuple ne veut pas de la révolution qui le sauvera, il faudra que<br />
celle-ci soit m<strong>en</strong>ée contre lui, et malgré lui, pour son bi<strong>en</strong>. « <strong>Le</strong><br />
sous-prolétariat ne veut pas se convertir, lança un jour Goebbels.<br />
Il faut faire son bonheur par la force. » 3 Certes, les Nazis n’avai<strong>en</strong>t<br />
pas développé une théorie semblable à celle des bolcheviks et nulle<br />
part ne les voit-on se considérer comme l’ « avant-garde du<br />
prolétariat », mais la position restait la même, mêlant abs<strong>en</strong>ce de<br />
scrupules et fanatisme béat. « <strong>Le</strong> temps des beaux s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts est<br />
fini, expliqua un jour Hitler. Nous avons le devoir de contraindre<br />
notre peuple aux grandes actions, si nous voulons qu’il remplisse<br />
sa mission historique. » 4 De tels propos se retrouv<strong>en</strong>t aisém<strong>en</strong>t<br />
chez Lénine, Mao, et les autres leaders autoproclamés de la<br />
révolution prolétari<strong>en</strong>ne. La « mission historique » du prolétariat,<br />
celle de r<strong>en</strong>verser l’ordre capitaliste, avait cautionné <strong>en</strong> Russie<br />
toutes les atrocités du bolchevisme. Cette même « mission<br />
historique » du peuple allemand, celle de retrouver une grandeur<br />
passée, professée dans des termes similaires, portait <strong>en</strong> elle-même<br />
les germes d’un grand désastre.<br />
Révolutionnaire, Adolf Hitler lui-même l’avait été depuis sa<br />
prime jeunesse, et il <strong>en</strong> tira toujours une grande fierté. Dans le<br />
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