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Le Socialisme en Chemise Brune - Free

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une tranquillité étonnante. En 1925, c’est-à-dire à l’époque même<br />

où le national-socialisme comm<strong>en</strong>çait à percer <strong>en</strong> Allemagne, Léon<br />

Blum prononçait ces mots devant la Chambre des députés : « Nous<br />

admettons qu'il peut y avoir non seulem<strong>en</strong>t un droit, mais un<br />

devoir de ce qu'on appelle les races supérieures […] d’attirer à elles<br />

les races qui ne sont pas parv<strong>en</strong>ues au même degré de culture et<br />

de civilisation » 10 En réalité, il n’y a ri<strong>en</strong> de surpr<strong>en</strong>ant là–dedans,<br />

puisque le racisme lui-même est une idée collectiviste : il ne peut<br />

s’établir que dans un esprit qui considère que chacun apparti<strong>en</strong>t à<br />

un groupe particulier. Pour repr<strong>en</strong>dre les mots du membre du<br />

Congrès américain Ron Paul, « le racisme n’est qu’une affreuse<br />

forme de collectivisme, une façon de considérer les hommes<br />

comme faisant partie de groupes plutôt que comme étant des<br />

individus. <strong>Le</strong>s racistes considèr<strong>en</strong>t que tous les individus qui<br />

partag<strong>en</strong>t des caractéristiques physiques superficielles sont<br />

pareils : étant collectivistes, les racistes ne p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t qu’<strong>en</strong> termes<br />

de groupes.» 11<br />

Autre objection courante, celle du « virem<strong>en</strong>t de bord ». Nous<br />

l’avons vu, le NSDAP adopta un socialisme de type quasi-marxiste<br />

jusqu’<strong>en</strong> 1932, puis un socialisme de type keynési<strong>en</strong> par la suite.<br />

De nombreux histori<strong>en</strong>s, dont Kershaw, Shirer, Tooze, et bi<strong>en</strong><br />

d’autres, ont utilisé ce « revirem<strong>en</strong>t » pour nier le caractère<br />

socialiste du national-socialisme. Pour les uns, l’abandon du<br />

socialisme radical des premières années prouve que cette<br />

dim<strong>en</strong>sion n’était pas une conviction profonde des Nazis ; pour les<br />

seconds, le passage tardif au keynésianisme prouve que ce n’était<br />

là qu’une manœuvre politici<strong>en</strong>ne, mais pas une conviction.<br />

Comme nous avons déjà eu l’occasion de le signaler, les succès<br />

électoraux du NSDAP tardèr<strong>en</strong>t à arriver. De nombreux histori<strong>en</strong>s<br />

parl<strong>en</strong>t de l’« asc<strong>en</strong>sion fulgurante » d’Hitler, et ils ont raison<br />

d’utiliser de tels mots. Dans le cadre de cette évolution, certaines<br />

t<strong>en</strong>dances sont intéressantes à analyser pour le but que nous<br />

nous sommes fixés. Tel est, notamm<strong>en</strong>t, l’effort des Nazis pour<br />

donner une allure plus prés<strong>en</strong>table à l’anci<strong>en</strong> groupuscule de<br />

révolutionnaires qui agitait autrefois les brasseries munichoises.<br />

Après l’échec du putsch, la volonté d’Hitler fut de pr<strong>en</strong>dre le<br />

pouvoir par les élections. Cela signifiait recourir à la « voie légale »,<br />

mais pas seulem<strong>en</strong>t. Cela nécessitait aussi de faire revêtir au<br />

discours idéologique des formes différ<strong>en</strong>tes, adaptées à la conquête<br />

démocratique du pouvoir. Dès lors, de nombreux cadres du<br />

NSDAP prir<strong>en</strong>t le soin, dans les interv<strong>en</strong>tions publiques comme<br />

dans la propagande, d’atténuer leur aspect révolutionnaire et de<br />

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