Le Socialisme en Chemise Brune - Free
Le Socialisme en Chemise Brune - Free
Le Socialisme en Chemise Brune - Free
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
le coût que représ<strong>en</strong>tait l’exist<strong>en</strong>ce de certains individus. Une<br />
affiche nazie montrant un handicapé expliquait par exemple : « La<br />
vie de cette personne souffrant d’une maladie héréditaire coûte<br />
60 000 marks à la communauté. Cher compatriote allemand, c’est<br />
ton arg<strong>en</strong>t aussi. » 46<br />
Outre le contrôle des naissances et la stérilisation forcée, le<br />
national-socialiste, tout infesté qu’il était des principes du<br />
malthusianisme, du darwinisme social et du collectivisme, prit<br />
<strong>en</strong>core d’autres mesures. Par diverses politiques sociales, dont les<br />
allocations familiales fur<strong>en</strong>t les principales, le pouvoir nazi essaya<br />
d’influer sur la natalité, considérant que c’était un moy<strong>en</strong> pour<br />
l’Allemagne de s’<strong>en</strong>richir. Ainsi, Hitler expliqua clairem<strong>en</strong>t que « le<br />
plus important pour l’av<strong>en</strong>ir est d’avoir beaucoup d’<strong>en</strong>fants. Tout<br />
le monde doit être persuadé du fait qu’une vie de famille n’est<br />
assurée que lorsque celle-ci se compose de 4 <strong>en</strong>fants — et je<br />
devrais même dire : de quatre fils. » 47<br />
Pour notre propos, la question n’est pas de savoir si la nation<br />
allemande s’<strong>en</strong>richirait plus vite <strong>en</strong> forçant ou <strong>en</strong> incitant ses<br />
familles à avoir plutôt deux, trois, ou quatre <strong>en</strong>fants. La seule<br />
dim<strong>en</strong>sion qu’il est indisp<strong>en</strong>sable de relever ici est le caractère<br />
tyrannique d’une telle mesure. La propriété que chacun dispose<br />
sur son propre corps et le droit, que l’Etat devrait protéger, de<br />
m<strong>en</strong>er sa vie selon le cours qu’il définit lui-même, voilà deux<br />
principes dont la reconnaissance r<strong>en</strong>d insupportable tout effort<br />
gouvernem<strong>en</strong>t de régler des affaires aussi privées que celle<br />
considérées à l’instant.<br />
La nature de l’Etat-Provid<strong>en</strong>ce national-socialiste n’est pas une<br />
source de grand tracas pour celui qui tâche d’analyser les<br />
institutions fondam<strong>en</strong>tales de l’Allemagne Nazie. Parce qu’il<br />
postulait l’injustice du système capitaliste, et parce qu’il insistait<br />
sur l’importance de la solidarité <strong>en</strong>tre individus, il ne fut pas loin<br />
de fournir le modèle de nos propres plans. Certains histori<strong>en</strong>s,<br />
dont Martin Broszat, ont été jusqu’à considérer que la politique<br />
sociale sous le nazisme offrait de véritables ressemblances avec les<br />
politiques typiques de l’Etat-Provid<strong>en</strong>ce, par exemple celles issues<br />
du Plan Beveridge dans l’Angleterre de l’immédiat après-guerre. En<br />
effet, il est difficile de nier que de telles ressemblances, et même<br />
Ian Kershaw, qui est l’un des moins favorables à ce g<strong>en</strong>re de<br />
rapprochem<strong>en</strong>ts, admet lui aussi que « le programme social pour<br />
temps de guerre conçu par Robert <strong>Le</strong>y révèle plusieurs similitudes<br />
de surfaces avec les dispositions du Plan Beveridge réformant la<br />
243