Le Socialisme en Chemise Brune - Free
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et Robert <strong>Le</strong>y, le chef du futur Front Allemand du Travail<br />
(Deutsche Arbeitfront, DAF) organisèr<strong>en</strong>t une « Fête nationale des<br />
travailleurs ». Elle fut animée par Joseph Goebbels, l’éternel « ami »<br />
des travailleurs comme il se définissait parfois, à qui on demanda<br />
d’annoncer un grand plan de création d’emplois. Depuis des<br />
déc<strong>en</strong>nies, ce jour spécial avait été l’occasion de grandes<br />
manifestations syndicales. <strong>Le</strong> NSDAP <strong>en</strong> fit un jour férié. Ce fut un<br />
geste fort. L’histori<strong>en</strong> Richard Evans, qui reste très souv<strong>en</strong>t<br />
modéré sur le li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre socialisme et national-socialisme, conclu<br />
cette fois-ci : « Cet acte, <strong>en</strong>core une fois, symbolisait la synthèse<br />
faite par le nouveau régime <strong>en</strong>tre deux traditions apparemm<strong>en</strong>t<br />
diverg<strong>en</strong>tes : le nationalisme et le socialisme. » 10<br />
En juin, les choses prir<strong>en</strong>t une autre ampleur. Fritz Reinhart et<br />
Hjalmar Schacht mir<strong>en</strong>t au point un nouveau plan de création<br />
d’emplois financés par le gouvernem<strong>en</strong>t. Sa portée était <strong>en</strong>core<br />
supérieure aux premières mesures : le programme fut doté d’un<br />
milliard de marks. On lança la « Bataille pour l’Emploi »<br />
(Arbeitsschlacht), une formule de propagande qui fut accueillie, on<br />
s’<strong>en</strong> doute, avec le plus grand des <strong>en</strong>thousiasmes.<br />
Au même mom<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> réponse au chômage de masse et dans<br />
un effort pour « reconstruire l’Allemagne », Hitler nomma Fritz Todt<br />
à la tête d’une organisation chargée de construire puis de gérer un<br />
réseau autoroutier moderne et ét<strong>en</strong>du. Contrairem<strong>en</strong>t à un autre<br />
mythe souv<strong>en</strong>t propagé sur ce sujet, ces autoroutes (autobahn<strong>en</strong>)<br />
n’avai<strong>en</strong>t pas de signification militaire : l’armée utilisait d’abord et<br />
avant tout le transport ferroviaire. Elles constituai<strong>en</strong>t un des pans<br />
du grand effort de création d’emplois publics dans le cadre du plan<br />
de relance national-socialiste. Sur ce point, ils y parvinr<strong>en</strong>t : <strong>en</strong><br />
1936, plus de 125 000 personnes travaillai<strong>en</strong>t à la construction<br />
des autoroutes. A la fin de cette même année, 3 000 kilomètres<br />
d’autoroutes avai<strong>en</strong>t été construits. Int<strong>en</strong>sém<strong>en</strong>t mis <strong>en</strong> avant par<br />
la propagande, le programme de construction des autobahn<strong>en</strong><br />
mobilisa près de 5 milliards de Reichsmarks, construisant plus de<br />
6 000 kilomètres de voies rapides dans un pays pourtant <strong>en</strong>core<br />
largem<strong>en</strong>t sous-équipé <strong>en</strong> voitures. 11<br />
Partout à travers l’Allemagne les sous-dirigeants nazis se<br />
mir<strong>en</strong>t à lancer leur plan de création d’emplois publics. <strong>Le</strong>urs<br />
choix <strong>en</strong> ce s<strong>en</strong>s étai<strong>en</strong>t simples, et parfois très rudim<strong>en</strong>taires. La<br />
construction de maisons ou de routes représ<strong>en</strong>tait une partie.<br />
Pour le reste, on employait les chômeurs « pour dire de les<br />
employer », notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> leur faisant creuser des trous. Ce n’est<br />
pas que l’on n’avait pas eu le temps de réfléchir à une meilleure<br />
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