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Le Socialisme en Chemise Brune - Free

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Un jour un cli<strong>en</strong>t étranger m’a r<strong>en</strong>du visite, et je l’ai invité dans un<br />

restaurant à la mode. Il avait oublié son portefeuille, alors je lui ai avancé la<br />

c<strong>en</strong>taine de marks qu’il fallait. Bi<strong>en</strong> évidemm<strong>en</strong>t, ceci est interdit, et faire<br />

crédit à un étranger sans avoir demandé l’autorisation à la Reichsbank est un<br />

crime terrible. Je n’ai pas su dormir ce soir-là. Je me demandais si le serveur<br />

avait vu ce que j’avais fait. Il me connait et pourrait me dénoncer. Depuis, je<br />

n’ai pas osé remettre les pieds dans ce restaurant. Quand je suis <strong>en</strong>tré dans<br />

mon bureau le l<strong>en</strong>demain matin, je s<strong>en</strong>tais mon cœur battre. Y’aura-t-il une<br />

lettre du Commissaire pour les Devises Etrangères traitant de ce sujet, ou une<br />

lettre du c<strong>en</strong>tre des impôts demandant le paiem<strong>en</strong>t d’une majoration de<br />

100 000 mark pour l’année 1936 ? La vie <strong>en</strong> Allemagne est difficile de nos<br />

jours. Et nous, dans nos <strong>en</strong>treprises, nous vivons <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce avec la peur<br />

d’être pénalisé pour avoir violé un décret ou une loi. » 10<br />

La crainte du faux pas économique était vive parmi les hommes<br />

d’affaires. Il suffisait d’avoir v<strong>en</strong>du trop bas, ou trop haut, ou <strong>en</strong><br />

trop grande quantité, ou de manière non autorisée par les<br />

bureaucrates nazis, pour ne plus être autorisé à gérer son<br />

<strong>en</strong>treprise. <strong>Le</strong> gérant d’un grand domaine agricole témoigna lui<br />

aussi : « Il se pourrait que ma prochaine récolte soit mauvaise, et<br />

on me dira coupable : je serais accusé de « sabotage » et un ag<strong>en</strong>t<br />

du Parti me retirera de la gestion de ma propriété. » 11<br />

Des c<strong>en</strong>taines de nouvelles règles étai<strong>en</strong>t aussi établies chaque<br />

année pour contraindre les <strong>en</strong>treprises à fonctionner de telle ou<br />

telle façon. Règles de sécurité, procédures industrielles, et<br />

jusqu’aux détails les plus insignifiants habituellem<strong>en</strong>t inscrits sur<br />

les règlem<strong>en</strong>ts intérieurs des <strong>en</strong>treprises étai<strong>en</strong>t désormais décidés<br />

par les commissaires et les différ<strong>en</strong>tes administrations étatiques.<br />

Certaines <strong>en</strong>treprises allemandes avai<strong>en</strong>t par exemple l’habitude<br />

d’organiser des « soirées à la bière », afin de souder les li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre<br />

leurs employés. L’Etat fit de cette pratique une obligation.<br />

Il fallait aussi construire des infrastructures diverses<br />

permettant d’améliorer les conditions de travail dans les<br />

<strong>en</strong>treprises : salles de dét<strong>en</strong>te, salles à manger, et même<br />

installations sportives. Toutes ces dép<strong>en</strong>ses devai<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du<br />

être « cons<strong>en</strong>ties » par les <strong>en</strong>treprises elles-mêmes, sous peine de<br />

lourdes sanctions. Ces mesures étai<strong>en</strong>t très impopulaires et les<br />

chefs d’<strong>en</strong>treprise s’<strong>en</strong> plaignai<strong>en</strong>t amèrem<strong>en</strong>t. « <strong>Le</strong> secrétaire du<br />

Front du Travail essaye d’augm<strong>en</strong>ter sa popularité, et c’est moi qui<br />

doit payer pour cela, raconta l’un d’eux. L’année dernière il m’a<br />

obligé à dép<strong>en</strong>ser plus de c<strong>en</strong>t mille marks pour la construction<br />

d’une nouvelle salle à manger dans l’usine. Cette année il veut me<br />

faire construire un nouveau gymnase et un terrain pour<br />

l’athlétisme, ce qui me coûtera 120 000 marks. Allons, je n’ai ri<strong>en</strong><br />

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