Le Socialisme en Chemise Brune - Free
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quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t, à destination des familles allemandes. <strong>Le</strong> pillage<br />
fut des plus complets. L’armistice signé par la France prévoyait par<br />
exemple pas moins de vingt millions de reichsmarks par jour, ce<br />
qui eut une conséqu<strong>en</strong>ce directe : la dette publique française<br />
augm<strong>en</strong>ta de plus de 1 000 milliards de francs. R<strong>en</strong>dant compte<br />
des chiffres cont<strong>en</strong>us dans les archives du Reich, Aly estime que<br />
ces dép<strong>en</strong>ses <strong>en</strong> faveur de l’Allemagne représ<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t plus du<br />
triple des recettes publiques régulières. Ce pillage massif,<br />
reconnaissait froidem<strong>en</strong>t le présid<strong>en</strong>t de la Reichsbank, apportait<br />
« un soulagem<strong>en</strong>t efficace au budget du Reich » 55<br />
Dans un ouvrage pourtant fort hostile à la thèse que je<br />
prés<strong>en</strong>te ici, on lit tout de même cette idée que la survie du<br />
système économique national-socialiste ne fut possible que grâce<br />
aux premiers succès de l’expansionnisme militaire. Dans un article<br />
intitulé « Promesses et réalisations du III e Reich », l’histori<strong>en</strong> Hans<br />
Momms<strong>en</strong> reconnait ainsi que « <strong>Le</strong> système nazi survécut <strong>en</strong><br />
faisant supporter aux peuples vaincus le poids de la guerre et de<br />
l’agression. » 56 Bi<strong>en</strong> évidem<strong>en</strong>t, il se refuse à approfondir cet état<br />
de fait et néglige l’analyse qui, partant de la reconnaissance de<br />
cette réalité, se devait d’être m<strong>en</strong>ée. <strong>Le</strong> fait que des « réalisations<br />
sociales » manifestes soi<strong>en</strong>t interv<strong>en</strong>ues dans le cadre d’un Etat<br />
totalitaire est un problème qu’il ne résout pas et qu’il se refuse<br />
même de poser.<br />
Au milieu de l’année 1940, dans les plus hauts cercles du<br />
pouvoir de l’Etat Allemand, les dirigeants nazis p<strong>en</strong>sai<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>ir le<br />
bon bout, et pourtant le ciel s’assombrissait de jour <strong>en</strong> jour.<br />
Asphyxiées par un pillage toujours plus considérable, les<br />
économies des pays conquis ne fournissai<strong>en</strong>t plus à l’Allemagne<br />
qu’un trop faible tribut. <strong>Le</strong>s territoires occupés ne suffisai<strong>en</strong>t plus :<br />
littéralem<strong>en</strong>t pillés, ils se retrouvèr<strong>en</strong>t rapidem<strong>en</strong>t proches de<br />
l’effondrem<strong>en</strong>t total. La solution logique s’imposa : il fallait<br />
poursuivre à tout prix l’expansion. « Après chacune des victoires<br />
rapides et peu dévastatrices des débuts, raconte parfaitem<strong>en</strong>t Götz<br />
Aly, les mêmes problèmes ressurgissai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> termes de finances et<br />
d’approvisionnem<strong>en</strong>t. Quelle que fût l’importance des trésors de<br />
guerre et des territoires conquis, les résultats étai<strong>en</strong>t toujours <strong>en</strong><br />
deçà des espérances. C'est pourquoi les l’Etat nazi ne pouvait se<br />
cont<strong>en</strong>ter d’<strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir et de consolider ses acquis à l’intérieur. La<br />
politique des chèques sans provision, des obligations du Trésor à<br />
court terme et de la ‘‘dette flottante’’, autrem<strong>en</strong>t dit une politique<br />
financière qui fonctionnait selon le procédé malhonnête de la<br />
« boule de neige », r<strong>en</strong>dit les responsables politiques allemands<br />
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