Le Socialisme en Chemise Brune - Free
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i<strong>en</strong> qu’elle dut toujours obt<strong>en</strong>ir la caution d’Hitler, ne fut que très<br />
rarem<strong>en</strong>t m<strong>en</strong>ée par lui. Qu’on ne s’att<strong>en</strong>de toutefois pas à y<br />
trouver des contradictions : les dirigeants nazis avai<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t avalé la doctrine économique du nazisme.<br />
<strong>Le</strong>s Nazis avai<strong>en</strong>t donc bi<strong>en</strong> une p<strong>en</strong>sée économique à eux, et<br />
un programme économique à eux, et l’un comme l’autre p<strong>en</strong>chait<br />
nettem<strong>en</strong>t vers le socialisme. C’est ce que précisera bi<strong>en</strong> Hitler<br />
dans une interview datée de 1931 : « Pour le dire clairem<strong>en</strong>t, nous<br />
avons bel et bi<strong>en</strong> un programme économique. <strong>Le</strong> point n°13 de ce<br />
programme exige la nationalisation de toutes les <strong>en</strong>treprises<br />
d’utilité publique, ou <strong>en</strong> d'autres termes, la socialisation, ou ce que<br />
nous appelons ici le socialisme. <strong>Le</strong> principe fondam<strong>en</strong>tal du<br />
programme économique de mon parti doit être précisé clairem<strong>en</strong>t,<br />
et celui-ci est le principe d'autorité. <strong>Le</strong> bi<strong>en</strong>-être de la communauté<br />
doit passer avant le bi<strong>en</strong>-être de l'individu. L'Etat doit garder le<br />
contrôle. Chaque propriétaire doit se s<strong>en</strong>tir comme un ag<strong>en</strong>t de<br />
l'Etat ; il est de son devoir de ne pas utiliser sa propriété au<br />
détrim<strong>en</strong>t de l'Etat ou de l'intérêt de ses compatriotes. » 54<br />
Hitler était favorable à la création d’une économie<br />
autosuffisante, ce que Fichte avait appelé un « Etat commercial<br />
fermé » ; la relance de l’activité économique, à l’intérieur des<br />
frontières étanches de la nation, se ferait alors soit par une<br />
politique de grands travaux, soit par de la redistribution ; le<br />
développem<strong>en</strong>t économique allemand, <strong>en</strong>fin, se ferait sans respect<br />
pour les conceptions économiques orthodoxes sur les réserves<br />
d’or, l’utilité de la spécialisation, et le pouvoir productif de la<br />
liberté économique. Tous les fondem<strong>en</strong>ts de la logique keynési<strong>en</strong>ne<br />
y étai<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>ts : nationalisme économique, plans de relance par<br />
l’Etat, et jusqu’à la croyance <strong>en</strong> un effet « multiplicateur ».<br />
Quant aux économistes qu’Hitler traitait de « bourgeois », ceux<br />
qui expliquai<strong>en</strong>t la crise par l’excès du coût salarial ou par<br />
l’instabilité de l’expansion du crédit, ils énonçai<strong>en</strong>t nécessairem<strong>en</strong>t<br />
des thèses incohér<strong>en</strong>tes, volontairem<strong>en</strong>t expliquées dans un jargon<br />
incompréh<strong>en</strong>sible pour qu’on ne puisse déceler ce qui, selon Hitler,<br />
constituait leur véritable motivation : la volonté de conserver le<br />
système à profit qu’était le capitalisme. De toute évid<strong>en</strong>ce, ces<br />
économistes bourgeois se trompai<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong> chômage n’était pas de la<br />
faute des travailleurs eux-mêmes ou de la hauteur de leur salaire<br />
par rapport à la productivité de leur travail. Comme Keynes<br />
l’expliquait, il s’agissait d’un chômage « involontaire », un chômage<br />
qui, selon le terme utilisé dans Mein Kampf, n’était <strong>en</strong> aucune<br />
façon « imputable » aux travailleurs eux-mêmes. 55<br />
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