Le Socialisme en Chemise Brune - Free
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de tous les pays — et je devrais dire : de tous les partis — et Hitler<br />
était socialiste. Au surplus, elle faisait écho si fortem<strong>en</strong>t à la<br />
m<strong>en</strong>talité sacrificielle-altruiste qu’il est vain de chercher des<br />
incohér<strong>en</strong>ces idéologiques là où, de toute évid<strong>en</strong>ce, il n’y <strong>en</strong> a pas.<br />
Pour autant, on ne peut pas dire : Hitler était socialiste car il<br />
déf<strong>en</strong>dait l’Etat-Provid<strong>en</strong>ce. Sa déf<strong>en</strong>se de l’Etat-Provid<strong>en</strong>ce n’est<br />
évidemm<strong>en</strong>t pas un critère discriminant. Dans l’Allemagne de<br />
l’<strong>en</strong>tre-deux-guerres, les seules factions politiques opposées à<br />
l’Etat-Provid<strong>en</strong>ce étai<strong>en</strong>t les groupem<strong>en</strong>ts libéraux, et ceux-ci<br />
étai<strong>en</strong>t peu influ<strong>en</strong>ts, car presque inexistants. De manière<br />
générale, la totalité du spectre politique allemand de l’époque<br />
sout<strong>en</strong>ait le système forgé par Bismarck. A droite, les partis<br />
conservateurs parlai<strong>en</strong>t de le réformer, pour l’empêcher de dev<strong>en</strong>ir<br />
trop coûteux ou de conduire l’Allemagne à la faillite, mais tous <strong>en</strong><br />
déf<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t les principes fondam<strong>en</strong>taux. A gauche, les<br />
communistes, les socio-démocrates, et les Nazis, se prononçai<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> faveur de son élargissem<strong>en</strong>t : ils voulai<strong>en</strong>t tous plus d’Etat dans<br />
la santé et la couverture des « risques de la vie ».<br />
Dans beaucoup de consci<strong>en</strong>ces, la personnalité de Bismarck<br />
reste <strong>en</strong>veloppée du voile léger de la croyance. Beaucoup croi<strong>en</strong>t<br />
savoir qu’il conserva le peuple Allemand sous son joug après<br />
l’avoir unifié <strong>en</strong> Empire. Beaucoup croi<strong>en</strong>t se souv<strong>en</strong>ir qu’il fut,<br />
avec l’anglais William Beveridge, l’un des pionniers de ce qu’il<br />
convi<strong>en</strong>t désormais d’appeler l’Etat-Provid<strong>en</strong>ce. Beaucoup croi<strong>en</strong>t,<br />
<strong>en</strong>fin, qu’il fut une personnalité importante dans l’histoire<br />
politique allemande, mais peu saurai<strong>en</strong>t vraim<strong>en</strong>t expliquer<br />
pourquoi. Bi<strong>en</strong> qu’une cinquantaine d’années à peine sépar<strong>en</strong>t la<br />
fondation de l’Empire Allemand par Bismarck de l’arrivée au<br />
pouvoir des Nazis, ce court laps de temps fut suffisant pour<br />
<strong>en</strong>tourer cet homme d’un véritable mythe. Aussi, c’est un<br />
Bismarck idéalisé, presque fantasmé, qui fut une personnalité<br />
structurante pour le mouvem<strong>en</strong>t national-socialiste et un élém<strong>en</strong>t<br />
clé dans l’avènem<strong>en</strong>t du Troisième Reich.<br />
<strong>Le</strong> souv<strong>en</strong>ir des grandes années de son règne, la nostalgie de<br />
l’Allemagne forte et fière qu’il avait façonné de ses mains : voilà<br />
autant d’élém<strong>en</strong>ts qui expliqu<strong>en</strong>t l’importance de Bismarck dans la<br />
structuration politique du nazisme et dans sa victoire rapide <strong>en</strong><br />
Allemagne. En 1871, Bismarck avait été le fondateur du Deutsche<br />
Reich, l’Empire Allemand, une création qui fut décisive pour la<br />
suite des évènem<strong>en</strong>ts. <strong>Le</strong> mot Reich lui-même résonnait comme le<br />
succès de la structure divine de l’Etat sur la société humaine ;<br />
successeur de l’Empire Romain, il semblait être pour tous la<br />
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