Le Socialisme en Chemise Brune - Free
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industries comme l'automobile, et l'aménagem<strong>en</strong>t du réseau<br />
routier. Au départ, on a respecté mes idées. Par la suite,<br />
cep<strong>en</strong>dant, on m'a trouvé trop libéral ou démocrate. J'étais hostile<br />
à une socialisation trop poussée de l'économie parce que cela<br />
étouffe l'effort et l'initiative individuels. » 6<br />
En 1926, le programme du Parti national-socialiste parlait<br />
<strong>en</strong>core ouvertem<strong>en</strong>t de nationalisations et un tel mot ne passait<br />
pas bi<strong>en</strong> auprès de certains électeurs — typiquem<strong>en</strong>t, auprès des<br />
petits bourgeois, du grand patronat, et de certaines franges de la<br />
classe moy<strong>en</strong>ne supérieure. Cette inclinaison était trop radicale,<br />
trop viol<strong>en</strong>te. Au début de l’année 1931, le NSDAP continuait son<br />
évolution idéologique, secoué par les craintes d’interdiction et les<br />
pressions de ses électeurs. Afin de s’adresser et de séduire une<br />
plus large partie de la population allemande, il mit quelque peu de<br />
côté les points les plus communistes de son programme, pour<br />
p<strong>en</strong>cher désormais vers un socialisme plus soft, plus moderne, et<br />
plus réaliste : le keynésianisme. <strong>Le</strong> virage fut pris <strong>en</strong> 1931 avec<br />
l’instauration du Programme d’Action Immédiate (Sofortprogramm).<br />
Celui-ci, au lieu de nationalisations, parlait du besoin de relancer<br />
l’économie allemande à travers un plan massif de relance fait de<br />
grands travaux financés à crédit — bref, la vulgate keynési<strong>en</strong>ne<br />
dans sa forme brute.<br />
Cep<strong>en</strong>dant, les élites nazies ne se rallièr<strong>en</strong>t pas tous aisém<strong>en</strong>t à<br />
cette nouvelle t<strong>en</strong>dance. Certains, dont Goebbels et bon nombre de<br />
ceux qui pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t au sérieux l’aspect idéologique du mouvem<strong>en</strong>t,<br />
s’<strong>en</strong> offusquèr<strong>en</strong>t même fortem<strong>en</strong>t. Voici ce que ce dernier nota<br />
dans son journal après une session au Reichstag : « Je polémique<br />
avec la plus grande sévérité contre le nouveau programme<br />
économique, qui <strong>en</strong> est au stade préparatoire. Plus aucune trace<br />
de socialisme. Pauvre socialisme ! Mais je ne r<strong>en</strong>oncerais pas. <strong>Le</strong><br />
Parti est à un tournant décisif. <strong>Le</strong>s socialistes doiv<strong>en</strong>t être sur<br />
leurs gardes. Nous ne voulons pas l’avoir été pour ri<strong>en</strong>. » 7<br />
En 1932, les Nazis adoptèr<strong>en</strong>t le plan de création d’emplois<br />
publics dessiné par Gregor Strasser. Parallèlem<strong>en</strong>t, on indiqua<br />
dans le programme du NSDAP la volonté de rompre avec l’étalonor.<br />
Au mois de mai, le même Strasser prononça un discours au<br />
Reichstag demandant au gouvernem<strong>en</strong>t de mettre <strong>en</strong> place des<br />
mesures de relance pour solutionner le problème du chômage. La<br />
crise avait prouvé l’échec du capitalisme, p<strong>en</strong>sait-il. Il était temps,<br />
dès lors, d’expérim<strong>en</strong>ter des mesures fortes, dans l’esprit de celles<br />
recommandées par un économiste britannique fort à la mode à<br />
l’époque : John Maynard Keynes.<br />
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