Le Socialisme en Chemise Brune - Free
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L’argum<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t mis <strong>en</strong> avant dans cette discussion est<br />
celui selon lequel les socio-démocrates étai<strong>en</strong>t combattus par les<br />
nazis pour la simple raison qu’ils étai<strong>en</strong>t des rivaux politiques.<br />
L’argum<strong>en</strong>t est recevable mais tout à fait insuffisant, et se<br />
cantonner à cette explication a longtemps fait croire qu’il n’y <strong>en</strong><br />
avait pas d’autre. Nous v<strong>en</strong>ons d’<strong>en</strong> fournir d’autres, et une<br />
dernière raison peut <strong>en</strong>core être évoquée : <strong>en</strong> affirmant eux-mêmes<br />
vouloir « préparer les bases » de la révolution communiste, les<br />
socio-démocrates étai<strong>en</strong>t les alliés objectifs des communistes ; les<br />
Nazis les mir<strong>en</strong>t donc tous les deux dans le même sac.<br />
Nous avons vu l’importance de l’idéal révolutionnaire dans la<br />
conception du pouvoir par le national-socialisme, et c’est un point<br />
sur lequel les « Sozis » du Parti social-démocrate n’étai<strong>en</strong>t pas<br />
d’accord. Ainsi, <strong>en</strong> traitant des différ<strong>en</strong>ces <strong>en</strong>tre nationalsocialisme<br />
et marxiste social-démocrate, Hitler considéra le respect<br />
pour les institutions de la démocratie comme l’une des plus<br />
importantes : « Je n’ai eu qu’à poursuivre logiquem<strong>en</strong>t les<br />
<strong>en</strong>treprises où les socialistes allemands avai<strong>en</strong>t dix fois échoué,<br />
parce qu’ils voulai<strong>en</strong>t réaliser leur révolution dans les cadres de la<br />
démocratie. <strong>Le</strong> national-socialisme est ce que le marxisme aurait<br />
pu être s’il s’était libéré des <strong>en</strong>traves stupides et artificielles d’un<br />
soi-disant ordre démocratique. » 15<br />
Cep<strong>en</strong>dant, au-delà des subtilités du positionnem<strong>en</strong>t politique,<br />
le premier reproche que faisai<strong>en</strong>t les Nazis aux socio-démocrates<br />
était la pauvreté de leur bilan. Dès la fin de la guerre, ils avai<strong>en</strong>t<br />
pris le pouvoir <strong>en</strong> Allemagne, et qu’<strong>en</strong> fir<strong>en</strong>t-ils ? Pour les<br />
dirigeants nazis, la réponse était claire : malgré leurs beaux<br />
<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts socialistes de « justice sociale », les « Sozis » ne<br />
respectèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ri<strong>en</strong> leurs promesses. Pour repr<strong>en</strong>dre les mots du<br />
journal du NSDAP, le Völkischer Beobachter, « le résultat final du<br />
socialisme <strong>en</strong> Allemagne est qu’un peuple de 60 millions de<br />
personnes est dev<strong>en</strong>u l’esclave du capitalisme, du capitalisme<br />
mondialisé pour être plus précis. » 16 De cette situation naquit la<br />
haine, car <strong>en</strong> réalité les socio-démocrates, piégés <strong>en</strong>tre le nazisme<br />
et le socialisme, étai<strong>en</strong>t trop peu à gauche pour les partisans<br />
d’Hitler. <strong>Le</strong>ur idéaux étai<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> ceux du socialisme, mais leur<br />
pratique du pouvoir était celle d’un gouvernem<strong>en</strong>t conservateur de<br />
droite, allié avec les puissances d’arg<strong>en</strong>t et incapable d’introduire<br />
la moindre « réforme sociale ». C’est leur échec qui pavera la voie<br />
du national-socialisme. Il faut reconnaître qu’ils étai<strong>en</strong>t placés<br />
dans une situation fort difficile, et ce serait un affront contre eux<br />
que de ne pas le rappeler. François Furet a comm<strong>en</strong>té cela avec<br />
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