MILLE ANS D'HISTOIRELE TEMPS DESTROUBLESLes années 1604-1613 sont entrés dansl'histoire de Russie sous le nom de " Tempsdes Troubles"· Dès 1604, le bruit se répanden Moscovie que le tsarévitch Dimitri amiraculeusement survécu et qu'il s'estréfugié en Pologne. La rumeur ne part pasde rien : un jeune Russe, soutenu par le roide Pologne Sigismond Ill qui lui procure unepetite armée, prétend en effet être le fils duTerrible. La troupe de " Dimitri , part versl'est. Elle va de succès en succès, leshommes de Godounov n'osant pascombattre le " tsar légitime "·En 1605, Boris Godounov meurt, laissantle trône à son fils Fiodor. Mais les boyards,conduits par Vassili Chouïski, ameutent lepeuple. Fiodor est massacré en avril. Enjuin, " Dimitri » fait une entrée triomphale àMoscou.Le nouveau tsar n'a toutefois pas que desamis. On lui reproche son épouse polonaise,Marina Mniszek, et ses sympathies pour le"latinisme». Mettant à profit la situation,Vassili Chouïski traite le tsar de moinedéfroqué et d'hérétique. Il soulève contre luila populace et le " faux Dimitri , estmassacré au Kremlin. Chouïski se faitproclamer tsar le 19 mai 1606.Mais l'imagination populaire ne peut serésigner à la disparition des souverainslégitimes. Un second faux Dimitri apparaît en1608 et, à la tête d'une horde de Cosaques etde Polonais, bat l'armée de Chouïski ets'installe à douze kilomètres de Moscou. Laguerre civile fait rage, compliquée par uneintervention étrangère : les Polonaisobligent Chouïski à abdiquer en 1610 ets'installent à Moscou.Vient alors le réveil national, favorisé parla mort subite du second faux Dimitri. Desmilices de volontaires se forment un peupartout, contre le roi polonais et les boyards.L'une d'elles, réunie par le boucher Minine etcommandée par le prince Pojarski, assiègele Kremlin en 1612 et chasse les Polonais.Le 21 février 1613 voit l'élection deMikhaïl Romanov, premier tsar d'unedynastie qui ne s'éteindra qu'avec larévolution de 1917.bolchevisme, durant tout le XIX' siècle les« ismes » et leurs mouvements se succèdent.1826-1828 : Guerre rosso-iranienne. Letraité de Tourkmantchaï rattache 1 'Arménie àla Russie.1830-1833: Insurrection de Pologne.1834-1859 : Guerre d'indépendance desmontagnards du Caucase.1852-1856 : Guerre de Crimée. Le Traitéde Paris sanctionne la défaite russe.1855 : Alexandre II succède à Nicolas l".1861 : Alexandre II abolit le servage, cequi lui vaut le nom de« tsar-libérateur».1863 : Écrasement de l'insurrection polonaise.1873 : Dostoïevski (1821-1881) commencela publication du Journal d'un écrivain.1877-1878 :Guerre russo-turque. Traité deSan Stefano.1881 : Alexandre II est assassiné par unterroriste du mouvement la « Volonté duPeuple ». C'est l'aboutissement d'une longuesuccession d'attentats. Son fils lui succède,sous le nom d'Alexandre III, et entame uneguerre sans pitié contre le terrorisme.1891: Début de l'alliance franco-russe.1894 : Avènement de Nicolas II.1898 : Congrès de Minsk. Fondation duParti ouvrier social-démocrate russe d'oùsortiront en 1903 les deux fractions : bolcheviks(majoritaires) et mencheviks (minoritaires).1904-1905 : Guerre rosso-japonaise, marquéeentre autres, les 27 et 28 mai 1905, par ledésastre naval de Tsou-Shima.1905 : Première révolution russe. Lessoviets font leur apparition. Le tsar promet,dans un manifeste, 1 'octroi des libertés politiqueset la convocation d'une Douma législative.1906 : Élection et dissolution de deuxDoumas. Pierre Stolypine, nommé Premiermm1stre, s'appuie sur la troisième Douma(1907) pour entreprendre ses réformes fondamentales(propriété personnelle des paysans).Il est assassiné par un jeune juif révolutionnaireen 1911.1914 : Le 1" août, la Russie entre en guerrecontre l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie.Saint-Pétersbourg prend le nom de Petrograd.1918 : En mars, Moscou redevient la capitale.Le même mois, un traité de paix séparéeavec l'Allemagne est signé à Brest-Litovsk.1918-1921: Guerre civile qui s'achève surla défaite des Armées Blanches à l'automne1920. Les révoltes paysannes sont écrasées parle pouvoir soviétique .LES COSAQUESL'existence du phénomène cosaque estlié à l'histoire d'un pays sans frontièresnaturelles. À la veille de la Révolution, lesCosaques étaient répartis sur onzeterritoires, appelés " Voïska "· De la merNoire à l'Oussouri, ils constituent la ligne dedéfense avancée de la Sainte Russie face àl'Asie et à l'empire turc.Historiquement les cosaques sont desinsoumis ralliés. Le mot cosaque (Kazakenrusse) vient d'un mot turc qui signifiehomme libre. Les premiers cosaques sontdes Russes qui fuient le servage au momentoù celui-ci s'établit sur le territoire contrôlépar le Grand Prince de Moscou (fin XV•siècle) et se mettent hors d'atteinte dupouvoir central. Leur zone de refugeprivilégiée au XVI' siècle est un no man'sland, situé au carrefour des influences de laRussie, du Khanat de Crimée et de laPologne, régulièrement balayé par desrazzias venant de toutes parts. Ils payentleur liberté d'une menace permanente surleur vie. Ils y font face en s'organisant encommunautés d'autodéfense. La pluscélèbre se constitue sur les chutes duDniepr, au lieu-dit Zaporogue.Malgré son organisation militaire, lacommunauté a des mœurs démocratiques.Elle élit son chef, l'hetman. Lorsque le tsars'empare du territoire des cosaques, appeléUkraine (de Kraïna, qui signifie " marche »)au XVII' siècle, il comprend tout l'intérêt qu'ilpeut tirer de la cosaquerie pour l'extensionella sécurité de ses terres. Un accord devassalité est conclu, au terme duquell'autonomie administrative est laissée auxCosaques en échange d'un service dedéfense. Dès lors les successeurs desinsoumis du XVI' siècle se ferontprogressivement les meilleurs serviteurs del'Empire. Ils en portent les limites jusqu'àl'océan Pacifique, et après quelquesmouvements de révolte au XVIII' siècle,(Mazeppa, Pougatchev), ils en assurentloyalement la défense. Durant la guerrecivile (1918-1920) les Cosaques penchenttour à tour du côté des rouges et des blancs.Le pouvoir bolchevique supprimera leurslibertés et usera contre eux de la terreur.Aussi les troupes allemandes qui pénètrentjusqu'en Crimée en 1941-1942 sont-ellesaccueillies en libératrices, ce qui entraînerades représailles massives après la victoiresoviétique.c.v.
1ANS D'HISTOIREUNE ÉCONOMIEFLORISSANTEL'empereur Nicolas II, l'impératrice Alexandra et leurs cinq enfants. Tous serontmassacrés par les bolcheviques à Ekaterinbourg, le 16 juillet 1918.LES PARTAGESDE LA POLOGNETandis qu'à la fin du X• siècle, la Russiedevenait orthodoxe, la Pologne devintcatholique par la volonté de son souverain,Mieszko 1". Au conflit religieux qui opposerales deux pays, s'ajouteront d'incessantsconflits territoriaux. Russie et Polognes'empareront successivement d'immensesterritoires revendiqués par l'autre enprofitant de périodes d'affaiblissement. Desconflits territoriaux analogues opposerontégalement la Pologne à la Prusse, héritièrede l'Ordre Teutonique, et à l'Autriche,héritière à la fois de l'Empire germanique etde la couronne de Hongrie. À la fin du XVII'siècle, la Pologne se trouvera prise dans lecycle des guerres opposant les deux grandsroyaumes du nord, la Suède et la Russie. Lavictoire de la seconde et les visées desautres puissances sur la région entraînerontles partages successifs de la Pologne entrela Russie, la Prusse et l'Autriche en 1772,1793, 1795 et 1815.1921 : Le X' Congrès du Parti se réunit enfévrier-mars. Le soulèvement des marins deCronstadt est noyé dans le sang. Lénine adoptela NEP (Nouvelle politique économique),accordant ainsi un répit au pays. La Russie estexsangue, la famine sévit. Un accord est passéentre le gouvernement soviétique et l'organisationphilanthropique ARA pour ravitailler lepays.1922 : Création de l'URSS. En avril, Stalineest élu secrétaire général du Comité central.1924 :Mort de Lénine, le 21 janvier.1927 : La « gauche » dirigée par Trotskiest éliminée du pouvoir.1928-1932 : Mise en pratique du premierplan quinquennal qui donne la priorité à1 'industrie lourde.1929 : Staline annonce l'adoption d'unepolitique de « collectivisation et de liquidationdes koulaks (paysans libres) en tant que classe». La « droite », incarnée par Boukharine,est éliminée à son tour.1930 : En janvier et février, la collectivisationforcée bat son plein.1931 : Début du génocide-famine programmépar le pouvoir soviétique contre lespaysans en Ukraine, dans le Caucase, en Russieet en Asie centrale.L'économiste français Edmond Théry, quiexamina les statistiques disponibles à la findu règne de Nicolas Il, publia en 1914 unouvrage consacré à la Transformationéconomique de la Russie. La conclusion decette étude attentive mérite que l'on s'yarrête : « Si les choses, dans les grandesnations européennes, se passent entre 1912et 1950 comme elles viennent de se passerentre 1900 et 1912, vers le milieu du présentsiècle, la Russie dominera l'Europe tant aupoint de vue politique qu'au point de vueéconomique et financier. "En URSS, le physicien louri Orlov, membrede l'Académie des sciences d'Arménie,parvient aux mêmes conclusions : « LaRussie prérévolutionnaire n'était un pays niretardé ni totalitaire. Elle occupait lacinquième place dans le monde pour laproduction économique, et la première pourle développement industriel[ ... ] Ces faits,ajoute Orlov, ont été grossièrementdéformés par la propagande soviétique[ ... ]La recherche fondamentaleprérévolutionnaire a donné des découvertesqui n'ont pas été surpassées par la sciencesoviétique » (Cahiers du Samizdat, juin·juillet 1976).Entre 1898 et 1913, la Russie a battu tousles records mondiaux de croissanceindustrielle, avec 10% par an. Cedéveloppement intense sera d'ailleurs l'unedes causes des bouleversements sociauxqui conduiront à la situationprérévolutionnaire de 1914.Depuis la fin du XIX• siècle, la populationde l'Empire s'est multipliée de façonétonnante. Dans les dix années quiprécèdent la guerre, elle est passée de 125 à167 millions. Son taux d'accroissement estde 18 pour 1 000, le plus élevé de tout lecontinent européen. En 1913, on prévoit quela population passera vers 1980 à environ350 millions d'habitants.En 1970, la population de l'URSS comptait245 millions d'habitants seulement, malgrél'annexion de nouveaux territoires avec leurpopulation. La cause du déficit considérableest à rechercher dans les pertes des deuxguerres mondiales, les massacresconsécutifs à la révolution de 1917, la guerrecivile, la famine, les répressionsantipaysannes, les purges gigantesques, lesdéportations de populations, et, enfin, labaisse de la natalité.CHARLES VAUGEOIS