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09_+Russie,+mille+ans+d'enigme

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N DU PIRE DES MONDESDeux manifestations étrangement semblables à soixante-quinze ans de distance. Elles symbolisent la permanence de la Russie au-delà de la parenthèsecommuniste. À gauche, la foule rassemblée à Saint-Pétersbourg pour la déclaration de guerre, le 2 août 1914. À droite, cérémonie pour la pose de la premièrepierre de la nouvelle cahédrale de Kazan, à Moscou, le 4 novembre 1990.années, toutes les délices de la vie de château.Malgré ses difficultés économiques et Je retardtechnologique qu'elle prend, l'Union soviétique,en 1985, n'est pas le moins du mondeau bord de l'effondrement. Et, lorsque le nouveaumaître du Kremlin se met à parler deréformes « radicales », puis « révolutionnaires», personne ne le prend au pied de lalettre. Or, c'est bien de cela qu'il s'agit. Gorbatchevest un ambitieux. Mais, s' il aime Jepouvoir, sa principale ambition est d'entrerdans l'histoire non seulement comme un « bontsar », mais surtout comme un grand réformateur,dans la lignée de Pierre le Grand etd'Alexandre II. Les manuels d'histoire dufutur lui tiennent lieu de miroir et flattent savanité. Alors, le « nouveau despote » se lance.Et comme pour Pierre Je Grand, 280 ans plustôt, ses objectifs prioritaires sont l'ouverturevers 1 'Occident et la modernisation du systèmeen place. Et, comme Pierre Je Grand en sontemps, il se heurte immédiatement à la résistancedes boyards.Perestroïka et GlasnostPourtant, les débuts furent assez modesteset davantage marqués par une rhétoriquesomme toute habituelle que par des actesconcrets de grande envergure. Au cours del'année 1985, il fut beaucoup question de lanécessité de changements, mais les changementseux-mêmes se firent attendre. On procédasurtout à un dépoussiérage du sommet de lapyramide du pouvoir. On « propulsa » auposte purement honorifique de chef de 1 'ÉtatAndreï Gromyko, pour mettre à sa place lesémillant Edouard Chévamadze qui, moyennantd'innombrables turpitudes et trahisons,avait successivement dirigé Je KGB, puis JeParti, dans sa Géorgie natale. On évinça duPolitburo 1 'une des personnalités les plusodieuses et les plus corrompues du régime,Grigori Romanov, ancien maître absolu deLeningrad. Par la même occasion, volèrentquelques têtes de hauts fonctionnaires. Certainsde ces changements n'allaient cependantpas sans risque. Egor Ligatchev, successeur deRomanov et, à ce titre, numéro deux du Parti,n'allait pas tarder, en stalinien pur et dur, àprendre la tête de J'opposition conservatriceaux réformes de Gorbatchev. Dans Je mêmetemps, en remplaçant à la tête de J'organisationdu Parti de la ville de Moscou son vieiladversaire Viktor Grichine par un certain BorisEltsine, le nouveau dirigeant donnait un leaderà ce qui devint par la suite son opposition « degauche >>. Quoi qu 'il en soit, il fallut attendreJe mois de février 1986 et Je XXVII' congrèsdu Parti pour que fussent prononcés à haute etintelligible voix les mots-clés de J'ère gorbatchévienne,« perestroi.ka » et « glasnost ».En Russe, « perestroïka » signifie« reconstruction », et ce terme, en politique,peut désigner à peu près tout et son contraire.Reconstruction, mais de quoi? De J'économie,de la société, du Parti ? Sur ce point, les slogansofficiels demeuraient flous. Quant à la« glasnost », la « transparence », elle faisaitréférence à une certaine liberté d'expression,le peuple étant censé avoir le droit deconnaître« la vérité». À cela venait s'ajouterla notion, chère à Gorbatchev, de « penséenouvelle >!, c'est-à-dire de nouvelle approchedes problèmes existants. Tout cela était suffisammentconfus, mais en même temps, suffisammentnovateur pour susciter les appréhensionsdes caciques de l'appareil du Parti.cc Révolution culturelle »contre cc conservateurs »En fait, on peut penser que Gorbatchev etson entourage étaient, en 1986, surtout préoccupéspar le problème des relations avecl'Occident et par celui de la modernisation deJ'économie et du potentiel industriel du pays.À J'époque, il n'était encore nullement questiond'une quelconque transition vers une économiede marché. Il s'agissait simplement dedécentralisation, de rentabilisation et d'autonomiecomptable des entreprises (« khozrastchot!> ). Mais déjà sur ces deux points, 1 'économieet les affaires étrangères, les réticencesde l'appareil du Parti commençaient à se fairesentir. Et c'était bien sur ces deux points, timidementabordés, que Nikita Khrouchtchevavait chuté 22 ans plus tôt, en octobre 1964.C'est ainsi que, dans le courant de l'année1986, Gorbatchev commença à se trouver enbutte à 1 'hostilité croissante, non seulement decertains de ses pairs du Politburo, mais aussid'une large frange de l'appareil du Parti qui nedemandait qu 'une chose, à savoir que sur lefond on ne touche à rien. Depuis 1917, Je régimecommuniste soviétique avait connu unelutte quasi permanente pour Je pouvoir. Cependant,cette lutte, qui s'était atténuée sous Brejnevdu fait de l'immobilisme dont celui-ciétait l'apôtre et Je symbole, n'avait jamaisréellement impliqué que les échelons supérieursde l'appareil. Même le membre moyendu Comité central, lorsqu'il était épargné, pré-

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