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09_+Russie,+mille+ans+d'enigme

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LE RÔLE DE L'ARMÉEmenaceront la Russie kievienne, celle-ci nepourra s'unir pour sa défense. La défaite de lachevalerie russe devant les Mongols à Kalka,en 1224, ouvre deux siècles de servitude. Seulle nord de la Russie reste libre, malgré lamenace, cette fois, des Suédois et des chevaliersteutoniques.Alexandre Nevski, prince de Novgorod,bat les premiers sur la Néva, en 1242, et lesseconds sur le lac Peïpous, en 1245.L'emprise mongole ne sera secouée, unepremière fois, qu'en 1380, par Dimitri Donskoïà la bataille de Koulikovo, au « champ desbécasses ». Cette victoire est toujours célébréecomme une fête nationale.L'œuvre libératrice est achevée un siècleplus tard par Ivan III. Son petit-fils, Ivan IV« le Terrible », prend, en 1547, le titre de tsar(csar= césar). À l'extérieur, il s'impose définitivementaux Mongols. En 1552, il s'emparede Kazan, leur capitale, sur la Volga. Il pousseà la fois vers 1' Asie par la conquête de laBachikirie et d'Astrakan, mais également versle Nord-Ouest contre la Suède, la Lituanie etla Pologne. À la fin de son règne, en 1580,commence la conquête de l'immense Sibériepar les Cosaques de Yermak, pendant continentalet oriental de 1 'expansion entreprise à lamême époque par les conquistadors versl'Amérique.Les mousquetairesd'Ivan le TerribleIvan IV se donne une garde de 40 000arquebusiers, les streltzi (mousquetaires), premièrearmée permanente de la Russie. Lesstreltzi interviendront fréquemment dans lesaffaires de l'État. À la mort de Fedor III, en1682, ils imposent la régence de SophieAlexeïevna, puis s'insurgent contre elle, avantde s'opposer à Pierre l" le Grand en 1698. Malleur en prendra. Le tsar fera donner contre euxles deux régiments de sa garde personnelle.Les streltzi seront décapités et pendus par centaines; les survivants déportés et réduits à laservitude.Les deux premiers régiments de la nouvelleGarde, qui ont mené la répression, le Preobrajenskiet le Semenov ski, avaient été levés par lejeune tsar Pierre parmi ses compagnons de jeudes deux bourgades de Preobrajenskoïe et deSemenovskoïe, à l'époque de son éloignementdu trône.Pour entreprendre le dressage de la nationrusse, pour la contraindre aux lumières del'Europe, l'institution militaire sera l'instrumentprivilégié du tsar révolutionnaire. Tousles futurs serviteurs de 1 'État doivent passerpar elle. Mais le peuple russe renâcle sous lemors, rue et se débat. Il lui faut une cravache.Ce sera la Garde. Elle ne cessera d'intervenirdans les affaires de l'Empire.En 1741, la tsarine Elisabeth, digne continuatricede Pierre, marche à la tête du régimentPreobrajenski, afin de renverser le calamiteuxIvan VI et se proclamer impératrice. Sanièce par alliance, la future Grande Catherine,est elle-même portée au trône, en 1762, par uncoup d'État de la Garde, conduite par lesfrères Orlov qui assassinent Pierre III.Quarante années ne se sont pas écouléesque Paul l" est lui aussi mis à mort par les officiersde la Garde qui saluent en son fils,Alexandre 1", le nouveau tsar.En 1825, le soulèvement des officiersdécembristes est brisé par le Preobrajenski etla Garde à cheval, qui soutiennent la légitimitéde Nicolas 1".L'alerte a été chaude. La tentative insurrectionnelleest venue d'officiers acquis auxidées « libérales » répandues par la Révolutionfrançaise et ses armées. Nicolas l" et ses successeurss'efforceront de tenir l'armée à l'abride la politique. Une partie des réformes deMilioutine, ministre de 1861 à 1881, ira dansce sens. C'est à la Garde seule qu'est assignéela fonction politique de défendre l'autocratie.Elle s'en acquitte effectivement lorsque ladéfaite devant le Japon provoque les troublesgraves de 1905-1906. La fidélité de la Gardepermet d'écraser la menace de révolution.Inversement, c'est la mutinerie des dépôts dela Garde, en 1917, à Petrograd, qui entraîne lachute de Nicolas Il et la disparition de l'autocratie.Mais la Garde, à ce moment, n'existedéjà plus. Ses régiments ont été entièrementsacrifiés dans les combats de Masurie en 1914.Trois ans après, en février 1917, il n'en resterien, sinon des formes vides.On ne peut ignorer le rôle du haut commandementdans le renversement de Nicolas Il.C'est en effet sur intervention personnelle dugénéral Alexeiev, un libéral, et des commandantsdu front, que Nicolas II sera contraintd'abdiquer. Un an plus tard, ce même généralAlexeiev deviendra le premier chef d'unembryon d'armée blanche au tout début de laguerre civile. Il est rejoint par le général Kornilov,célèbre pour avoir tenté de renverser,tout au moins d'imposer ses vues au calamiteuxPremier ministre socialiste Kerenski, enaoût 1917 avec les cosaques de la divisionsauvage.Créée en 1918 sur les débris de l'arméeimpériale, l'Armée Rouge assume d'embléeune fonction politique vitale dans les combatsde la guerre civile, puis dans les multiplesrépressions qui suivront. Staline, qui se méfied'elle, la décapite dans des proportions inimaginableslors des purges de 1936 et 1937.Reconstituée à l'épreuve du feu, au prix depertes gigantesques, devant le péril mortel desoffensives allemandes de 1941, elle renouealors avec tous les rites et les traditions del'époque impériale.Un prestige intactCette armée victorieuse, qui a conquis unpan énorme de l'Europe en 1945, intervient enla personne du maréchal Joukov, contre Beria,quand s'ouvre la succession de Staline.Seule institution sortie relativement intactede l'effondrement du régime soviétique, en1991, elle joue un rôle direct à 1' occasion desdeux premières crises traversée par la Russiepost-soviétique. Une première fois lors de latentative de putsch paléo-communiste d'août1991. Tandis que le maréchal Yakov, ministrede la Défense, acteur du putsch, lance àl'armée un appel qui n'est pas entendu, lecolonel Alexandre Routskoï, ancien héros descombats d'Afghanistan, pistolet calé sousl'aisselle, intervient de façon décisive poursoutenir Boris Eltsine. Deux ans plus tard,devenu général et président du parlementrusse, ce même Routskoï se dressera contre leprésident Eltsine lors des dramatiques et sanglantesjournées d'octobre 1993 à Moscou(plusieurs centaines de morts). Mais Routskoïétait devenu un homme seul, tandis que1 'armée, sensible peut-être à la politique derefondation de l'ancien empire (CEl) et à sesefforts en direction d'une diplomatie autonome,soutenait l'homme qui lui apparaissait commele meilleur défenseur des intérêts nationauxrusses et de son propre statut.Il est à prévoir que l'armée, seule institutionforte et stable de la Russie nouvelle,continuera de peser sur les choix dramatiquesqui seront imposés au pays dans les années àvenir, et cela d'autant plus que les officiers ontété constamment sollicités de participer à lavie publique depuis les événements de 1991.GUY CHAMBARLACGénéral Andolenko, Histoire de l'armée russe,Flammarion, Paris 1967.Dominique Yenner, Histoire de l'Armée Rouge,Plon, Paris 1981.

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