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09_+Russie,+mille+ans+d'enigme

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LEGENDES ET DETERMINISMEtières naturelles. On sera avisé de bien vouloiradmettre cette particularité. On sera sur labonne voie en acceptant de retenir que la Russiea eu plusieurs capitales en mille ans- Novgorod,Kiev, Souzal, Moscou et Saint-Pétersbourg-dont trois sont restées majeures.Il est banal de rappeler que le destin russes'accomplit sur un espace immense. Il l'estmoins de dire que l'histoire sert de géographieà la Russie, laquelle n'est pas une nation, maisun empire. Il n'y a pas de nation russe, mais ily a les peuples russes. La question ukrainiennele montre bien.L'histoire est le cadre du destin russe. Elleexplique toute l'importance de la monarchiequi en a été la colonne vertébrale. Vous pouvez,à la limite, imaginer la France se fairesans ses quarante rois. Mais la Russie sans lamonarchie ne serait pas. Lorsqu'il n'y a plusde monarchie, la Russie se défait.Plus de Russie ?Lorsque nous disons « la Russie », nousvoulons dire aussi la Sibérie, l'Ukraine, laBiélorussie. Aujourd'hui, le mot de Russie nesignifie plus rien. Preuve : pour qualifier sescompatriotes, Boris Nicolaévitch Eltsine ne ditplus « russes », mais « russiens ». D'un pointde vue strictement ethnique, les Ukrainiens,les Russes et les Petits Russes appartiennentau même groupe, pas les Mongols. Or,aujourd'hui, Mongols et Russes relèvent d'unemême organisation administrative, alors queles Ukrainiens et le Biélorussiens appartiennentà une autre. Linguistiquement, la questionest encore plus complexe. Savez-vous que peud'Ukrainiens parlent 1' ukrainien ...Plus d'identité russe ?Bien sûr que si, mais cette identité russe estnomade sur l'espace de l'empire russe.Contrairement à la France, la Russie n'a pas uncentre de gravité. Lorsqu'il fait de Pétersbourgsa nouvelle capitale, Pierre le Grand choisit lesite le plus excentré. Imagineriez-vous NapoléonIII portant sa capitale à Sedan ? Le cadrerusse n'est pas géographique, il est historique.À l'œil de l'Européen occidental, l'histoirerusse apparaît marquée par la discontinuité: la Russie de Novgorod, la Russie deKiev, la Russie sous le joug tartare, la Russiede Pierre le Grand, la Russie des Romanov,la Russie soviétique ...La continuité russe est autre. Elle s'alimentede l'orthodoxie, de la langue et de lamonarchie.Ivan le Terrible (1530-1584). Un grand tsarcalomnié?Dans l'Ouest européen, la compréhensionde l'histoire russe semble perpétuellementfaussée par une connotation d'exotisme.Comment l'expliquez-vous?Cela commence avec Voltaire, continueavec Custine, puis avec Michel Strogoff deJules Verne. L'Europe des Lumières regarde laRussie comme une terre exotique. Cela tient àla fantaisie, à la prétention de juger selon sespropres normes et à la distance.Où commence l'Europe? Où se termine+elle ? « De l'Atlantique à l'Oural », la formulegaullienne n'a aucune signification géographique,1 'Oural étant loin de constituer unecésure. L'Europe n'est qu 'un « petit cap del'Asie ». La Russie appartient à l'Eurasie. Pendantmille ans, elle s'est battue, a préservél'Europe et a épongé les assauts asiatiques.Elle a connu le joug tartare durant trois siècles.Des Tartares, elle a gardé certaines mœurs (leterem, le pal...).La rupture avec l'Europe tient à l'arrivéedes Tartares qui détruisent Kiev et isolent laRussie. J'en veux pour preuve les relationsque la Russie kiévienne entretient jusque-làavec le reste de l'Europe. Toutes les filles deIaroslav, le fils de saint Vladimir, épousèrentles fils de princes européens. Anne devintreine de France à Reims. Son mariage avecHenri l" fut d'ailleurs une mésalliance pourcette princesse élevée à Kiev, « la mère desvilles russes > et 1 'une des plus prestigieusescapitales du temps.Et l'appartenance à l'orthodoxie, à « lavraie foi»?Les graves effets de la rupture entre Romeet Byzance vont peser plus tard. Rome marqueraune certaine aigreur et tiendra lestenants de l'orthodoxie pour des « schismatiques» et des « rebelles ». Les chevaliers allemandsdéfaits par Alexandre Nevski, le princede Novgorod, sur les glaces du lac Peipous(1242), sont mandatés par Rome pour laconversion par le glaive d'une croisade. Noussommes là au cœur d'un antagonisme qui perdure.Voyez la campagne de désinformationsur la Serbie ...La thèse du « malheur russe >> procède-tellede la même intention ?Il s'agit d'une mystification. Le thème estaccrocheur et les journalistes savent bien quele public s'intéresse plus aux catastrophesqu'aux trains qui arrivent à l'heure. À considérerles mille ans de la Russie, l'histoire comportedes pages rouges de sang, des massacres,des horreurs. Mais à regarder les guerres dereligions en France, la guerre des Deux-Rosesen Angleterre, la guerre de Trente Ans enAllemagne, la Guerre civile en Espagne, laTerreur révolutionnaire en France, les massacrespendant et après la Commune de Parisou la condamnation au bûcher de Jeanne d'Arcpar des évêques, la Russie n'est pas uneexception.Les premiers drames de la Russie tiennentpeut-être au fait que les Rurikides n'ont pasinstauré la primogéniture. Jusqu'aux princesde Moscou, c'est-à-dire pendant trois à quatrecents ans, la Russie a vécu sous le système desapanages. Ses princes se sont entre-dévorés.L'Occident n'a-t-il pas connu la querelle desfils de Charlemagne ? La couronne françaisen'a-t-elle pas été disputée longtemps par lesPlantagenêts ? Et la longue querelle des Armagnacset des Bourguignons ...La Russie a également ignoré la loisalique. Ce fut un bienfait, car il permit auxfemmes de régner et nous eûmes de grandesimpératrices.L'histoire russe échappe à une fatalité dumalheur. Songez au règne de saint Vladimir.Ce fut un temps heureux où la Russie vécut1 'éblouissement du christianisme. Songezaussi au règne d'Ivan III, le rassembleur desterres. À celui d'Ivan le Terrible. Certes, lesdernières années du règne de ce grand souverainfurent assombries, mais n'en a-t-il pasété de même pour Louis, le Roi-Soleil ?Grand aussi fut le règne de Catherine. Decette impératrice, il n'a souvent été retenuque le fait qu 'elle avait du tempérament (tantmieux), en oubliant qu'elle a excellemmentservi l'Empire. D'aucuns lui reprochentd'avoir confirmé Je servage- qui n'était pas1

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