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09_+Russie,+mille+ans+d'enigme

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RAIRE DE L'HISTOIREsodes tumultueux de 1 'histoire russe. Au dosde la jaquette des plus anciens apparaissait enpetits caractères le véritable patronyme del'auteur, Lev Tarassov, avec pour toute précisionbiographique : « Né à Moscou en 1911. »Troyat-Tarassov n'appartenait pas encore àl'illustre compagnie instituée par Richelieu engardienne de nos lettres.Laissons-nous guider vers Drouot, devantles boutiques des numismates. Ici dorment,depuis longtemps dévalués, les fameuxemprunts russes qui firent la ruine d'un millionet demi de Français. Au passage, un petitdétour par la Bourse : n'est-ce pas dans lachambre d'un hôtel qui lui faisait face queGogol commença d'écrire Les Âmes mortes?Les plus grands noms de la littératurerusse du XIX' siècle sont, comme lui, passéspar Paris : Pouchkine, Tolstoï, Dostoïevski ...Ivan Tourgueniev, lui, s'était épris à Moscoude la cantatrice Pauline Viardot, la sœur de laMalibran, qu 'il avait décidé de suivre dans lacapitale française. Il s'éteignit quarante ansplus tard à Bougival, dans le curieux chaletaux allures d'isba qu'il s'était fait bâtir, enguise de cabinet de travail, face à sa propriété.Aujourd'hui, seul vestige au milieu du parc, lamaison de rondins, emplie des souvenirs qu'ylaissèrent George Sand, Flaubert, les Goncourt... est devenue le Musée Tourgueniev.Réfugiés blancsAu cimetière du Trocadéro, une étrangechapelle aux coupoles byzantines surmontéesd'une croix orthodoxe. À l'intérieur, dans lapénombre, on distingue le buste d'une bellejeune femme : Marie Bashkirtseff. À dix-septans, pour suivre les cours de l'académieJulian, elle avait persuadé ses parents de s'installerà Paris. Atteinte de tuberculose, ellemeurt à vingt-six ans. Son journal intime,publié après sa mort, lui attire une gloire posthume.Et Barrès, même, s'éprend de sa figure.Rue Daru, en bordure de la plaine Monceau,voici les bulbes dorés de la cathédraleSaint-Alexandre-Nevski. La première pierresera posée en 1859. La beauté des servicesreligieux impressionne fortement la jeuneAnna Brancovan, future Anna de Noailles,qui chaque dimanche assiste à la liturgie avecses parents. Déjà les années 1900 se profilent.Le public parisien va s'enthousiasmerpour les Ballets russes de Diaghilev. En 19<strong>09</strong>,au théâtre du Châtelet, Anna Pavlova danseLa Mort du cygne. C'est un triomphe. L'annéesuivante, la troupe crée Shéhérazade àNijinski et la Pavlova.l'Opéra. Nijinsky est ovationné. Chaliapine,lui, a fasciné les mélomanes. La vogue deMontparnasse retentit à travers l'Europe. Dejeunes artistes russes se pressent dans les ateliersdes peintres. Chagall, Soutine, Zadkine,Sonia Delaunay sont encore des inconnus, etvivent sous les mansardes du quartier dans undénuement extrême.La Révolution de 1917 jette sur les routesde l'exil une cohorte de réfugiés blancs. Combattantsdes armées Wrangel et Denikine,civils de toutes origines transitent parConstantinople, Prague ou Belgrade, et pour laplupart gagnent Paris. Joseph Kessel, dansNuits de Princes, a retracé le destin tragiquede ces Russes, souvent confrontés à la misère,vivant d'expédients, ou exerçant les métiersles plus inattendus. Authentiques aristocratesmétamorphosés en portiers de boîtes de nuit,Marina Grey, écrivain parisien dont l'œuvrechaleureuse est éclairée par la fidélité à son père,le général Denikine .maîtres d'hôtel. .. Les chauffeurs de taxi russessont légion : dans les années trente, on encompte pas loin de trois mille, pour la plupartanciens officiers de 1 'Armée Impériale. Lesusines Renault accueillent à bras ouverts cettemain-d'œuvre providentielle - près de troismillions d'hommes ne sont pas revenus de laGrande Guerre ... En outre, ces anciens officiers,soldats ou cosaques des ArméesBlanches ne sauraient être des instigateurs degrève ! Plusieurs milliers de Russes s'installentà Boulogne, aux portes mêmes des ateliersdu constructeur automobile. Nina Berberovadans ses Chroniques de Billancourt met enscène, parfois avec dérision, ces Russes quel'exil a soudain prolétarisés.Les premiers cabarets russes apparaissentà Pigalle. En 1926, on en dénombrera une centaine.Le plus célèbre est sans doute le CaveauCaucasien. Le Yar, la Troïka, Shéhérazade- leseul qui subsiste aujourd'hui - ne sont qu 'àquelques pas. Guitares et violons se fontentendre jusqu'à l'aube. Un chant tzigane, ouune vieille romance russe s'élèvent parfois. Làaussi le champagne est servi par d'anciensofficiers, et les hôtesses, voire les chanteuses,sont peut -être princesses ou comtesses.Des cours de danse ouvrent. Au milieu desannées trente, Lucette Almonsor qui deviendraMadame Louis-Ferdinand Céline, fréquentele studio de Madame Egorova. C'estd'ailleurs là que Céline, friand du spectacle del'entraînement des danseuses, la rencontre.Bulbes dorés sur ParisSelon les statistiques, en 1926, plus desoixante-dix mille Russes vivent en France. Lacommunauté s'organise. Un lycée russe estcréé rue du Docteur-Blanche. Transféré par lasuite à Boulogne, il préparera une générationentière à l'épreuve du baccalauréat, puisqu'ilne ferme ses portes qu'en 1961.Des professeurs des conservatoires impériauxfondent le Conservatoire russe de Paris.Il s'installe en 1932 dans les locaux qu'iloccupe encore aujourd'hui avenue de New­York. Au sous-sol, la cantine propose toujoursà ses membres pour un prix modique bortsch,pirojkis, blinis ...Des librairies voient le jour. Face à lacathédrale, rue Daru, Sialsky diffuse toujoursLa Pensée russe, l'hebdomadaire de l'émigration.Il y a encore dix ans, à Auteuil, où habi-15 taient de nombreux Russes, on pouvait l'acheterdans le moindre kiosque. Rue de la Montagne-Sainte-Geneviève,en plein Quartier

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