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09_+Russie,+mille+ans+d'enigme

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UN EMPIRE MESSIANIQUELa conquête de la Sibérie et de l'Asie centraleÇPol'occupant asiatique l'arbitre de leurs querellesintestines. Bien entendu, au fil des ans, lesrevers de fortune étaient nombreux. En effet,les khans tartares s'étaient réservé le droit dedésigner les « grands-princes » russes en leuraccordant leur « yarlik ». Et c'est au demeurantgrâce à une compromission passablementhonteuse avec les tartaro-mongols que laprincipauté de Moscou, au début du XIV'siècle, commença à émerger ...Pour la première fois , la chronique faitmention de la « ville » de Moscou en 1147, àl'occasion du festin qu 'y organisa le prince deRostov-Souzdal, Youri Dolgorouki, en l'honneurd'un autre prince, Sviatoslav de Novgorod-Severski.Cependant, jusqu'au milieu duXIII' siècle, Moscou ne bénéficie même pasdu statut de principauté. Ce qui, au demeurant,ne l'empêche pas de commencer à profiter deson atout principal qui tient à une localisationgéographique presque idéale, située à la croiséedes grandes voies commerciales del'époque. À la même époque, Moscou voit sapopulation augmenter rapidement grâce à unafflux de réfugiés des régions moins paisiblesdu sud-ouest. À partir de la seconde moitié duXIII' siècle, les tout nouveaux princes de Moscoudéploient une activité débordante visant àétendre leurs terres, par acquisition ou parconquête, et à établir de bonnes relations avecles suzerains tartares. Alors que d'autres principautéssont au plus mal, Moscou intrigue,Moscou s'enrichit, Moscou gagne en territoire,en population et en influence. C'est en1327 que se produit un événement aussiimportant que peu glorieux : la ville de Tvers'étant soulevée contre le représentant plénipotentiairedu khan, le prince de Moscou, IvanKalita, se précipite à la Horde d'Or et enrevient à la tête d'une armée tartare qui met larégion rebelle à feu et à sang. À la suite decette expédition punitive contre ses congénères,le prince de Moscou se voit octroyer parl'occupant le titre de grand-prince de Vladimir.En outre, il se trouve chargé de collecterle tribut dû à la Horde d'Or par les populationsrusses. Il n'en reste pas moins que, dans l'historiographietraditionnelle, Ivan Kalita est toujoursprésenté comme l'un des premiers«grands rassembleurs des terres russes ». Cequi n'est pas foncièrement faux : en effet, c'estbien son règne qui marque le début del'expansionnisme de l'État moscovite appelé àdevenir l'État russe ...Quoi qu 'il en soit, les Tartares ne tardentpas trop à regretter d'avoir favorisé l'émergencede la principauté de Moscou dont la montéelimites de la Russiefin XVIe sièclelimites de la Russieen 1600en puissance menace leur hégémonie. En1380, le prince de Moscou Dimitri Donskoï,petit-fils d'Ivan Kalita, à la tête d'une arméerusse forte de quelque 150 000 combattants,leur inflige une défaite cuisante à la bataille deKoulikovo. Au cours des décennies suivantes,la principauté de Moscou n'arrêtera pas des'étendre en absorbant, par tous les moyens,les autres principautés russes. Quant aux relationsavec la Horde d'Or, elles seront tantôtcomplices, tantôt conflictuelles.La· troisième RomeLe grand tournant dans 1 'histoire de laMoscovie et, partant, de la Russie, se produitincontestablement sous le règne d'Ivan III(1462-1505). Non seulement ce grand-princeparticulièrement déterminé et constant dansl'effort parvient à soumettre, en ayant recoursà la force, à la ruse ou aux espèces sonnanteset trébuchantes, la quasi totalité des principautésrusses, y compris, en 1478, Novgorod larebelle, qui capitule à la suite d'un long siège,et, en 1485, Tver, la concurrente héréditaire deMoscou. Mais de surcroît, Ivan III réussit àjeter les bases d'un État centralisé et à le doterd'une doctrine « messianique » dont certainesidées-forces, par-delà les vicissitudes d'undemi-millénaire d'histoire, ont survécu jusqu'àce jour. Cette doctrine, visant à proclamer queMoscou est la troisième Rome et qu'il n'y enaura pas de quatrième, résulte curieusementd'une initiative du pape Paul II : celui-ci, cherchantà rapprocher la Moscovie de l'esprit0 1000 kmlimites de la Russiefin XVIIe siècleconquêtes du XIXe siècled'union du concile de Florence, qui s'étaitefforcé de gommer les conséquences duschisme de 1054 entre ·chrétiens d'Orient etd'Occident, favorisa en 1467 le mariaged'Ivan III, veuf depuis peu, avec Sophie (Zoé)Paléologue, nièce du dernier empereur deByzance, Constantin Paléologue (depuis laprise de Constantinople par les Turcs, en 1453,Zoé vivait en exil à Rome).Le mariage eut bien lieu, mais ses résultatsfurent à l'opposé de ceux qu'avaitescompté le souverain pontife. Pour confortersa puissance nouvellement acquise, Ivan IIIavait besoin d'une légitimité : ilia trouva fortopportunément dans cette union qui lui permitde se poser en héritier de Byzance ( « laseconde Rome >) ainsi qu 'en chef de file etgrand protecteur de l'ensemble de la chrétientéorientale de rite orthodoxe. Dans la foulée,et pleinement soutenu par sa nouvelle épouse,Ivan III se proclame « tzar » (alias « césar »)de toutes les Russies et reprend commearmoiries d'État l'aigle à deux têtes del'empire byzantin. Sophie, quant à elle, fait deson mieux pour imposer à la cour de Moscoule faste et le protocole qu 'elle a connus àConstantinople. Ainsi, les dés en sont jetés :la Russie de Moscou s'arroge non seulementun statut et une légitimité de grande puissance,mais aussi « une mission » consistant àlutter contre l'infidèle quel qu 'il soit et àdéfendre et à propager la foi orthodoxe. Lemessianisme russe, qui servira à justifiertoutes les conquêtes et tous les comportementsintérieurs, est né .

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