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09_+Russie,+mille+ans+d'enigme

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1LE MENSONGE DES INIELLEC'IUEpart français . On offre au public Faust, LesDeux Orphelines, Fantômas, etc. » À la mêmeépoque, d'autres voyageurs décrivent unpeuple enseveli sous une propagande rudimentaire.Celui-là n'en souffle pas un mot. Enpleine rue, il aperçoit soudain des prisonnierssous escorte ; « on m'affirme que ce sont simplementdes bandits », ajoute-t-il. Après plusieursprojections de Fantômas, pourquoi nepas l'imaginer ?Pèlerins d'une nouvelle« Terre Promise »Rassemblées sous le titre commun La Russienouvelle, ces notes se proposent d'offrir untableau général du pays, où le lecteur ne tomberapas dans « une apologie », ni dans « unréquisitoire ». L'auteur n'en détaille pas moinsamoureusement toutes ses raisons d'espérer.« Au régime de rigueur du blocus et de laguerre civile succède un régime plus souple,plus humain, plus vivant... La Russie commenceà respira >> Dans une ancienne résidenceimpériale, il remarque un portraitd'Alexandre III. La Révolution n'a donc,selon lui,« rien détruit du passé ». Rien !Dans Notre Avant-Guerre, Robert Brasillachraconte comment le concours d'entrée àNormale supérieure s'accompagnait d'unétrange « exercice oratoire >>, qu'il qualified'ailleurs de «fort dangereux >. Les candidatss'y entraînaient à «parler avec aplomb » surtoutes sortes de sujets, même s'ils n'enconnaissaient pas grand-chose, sinon rien dutout. Normalien lui-même, le volumineuxmaire de Lyon sait comment s'y prendre pourpresser les mots, afin qu'ils rendent l'impressionvoulue. Le thème d'un communismeapaisé, raisonnable, soutient son livre d'unbout à l'autre. Il ne peut pour autant se bomerà séduire une gauche déjà presque acquise àses thèses. Il lui faut enjoler aussi cette bonnevieille droite conservatrice, demeurée sentimentalementfidèle aux souvenirs des Romanov.Or, quatre ans plus tôt, les bolcheviquesont proprement exterminé le Tsar et sa famille.Exploit peu propre à les rendre sympathiquesaux abonnés du Figaro (1).Sans trop d'embarras, notre parlementairede grande culture élabore assez vite la manière.Malgré son anticléricalisme vigoureux, sonrépublicanisme sans inquiétudes, il s'émerveillede ce qu 'au-dessus des bulbes du Kremlin,les communistes laissent « subsister lescroix comme les aigles >> de J'Empire. La visitedes appartements où Nicolas II vivait naguèreL'affectueux maréchal Staline au temps de sa toute-puissance, tel que se le représentait une bonnepartie de l'intelligentsia occidentale.avec sa femme, ses enfants, l'émeut davantageencore. « Dès le seuil, on se rend compte queNicolas II aimait notre pays >>, murmure-t-il, aubord des larmes. Des coups de baïonnetteslacèrent encore un portrait de l'Impératrice.Après ce déplorable incident, les profanateursont, selon lui, « laissé ou du moins remis touten place : .les porte-plumes, les crayons, unbloc-notes ... Une boÎte à musique fonctionnetoujours ,- nous la mettons en mouvement :d'une voix grêle et comme lointaine, elle chanteLa Marseillaise ... Il semble vraiment quel'Impératrice va revenir et qu'elle irareprendre sa place favorite dans l'angle dusalon ... Non, cet appartement impérial n'estpas luxueux. >> Pour un peu, les soldats rougesen sentinelles aux portes sangloteraient presquesur son épaule, devant ces souvenirs princiers,comme n'importe quel garde blanc du généralDenikine!Certes, Herriot n'oublie pas plus qu'unautre le massacre d'Ekaterinbourg. « Quoi deplus inutilement atroce que l'exécution sansjugement de la famille impériale ? >> demande+il, dans une formule quand même assez malheureuse.En effet, personne n'imagine commentle verdict après« jugement » d'un tribunalde circonstance aurait rendu plus acceptable1 'assassinat du tsarévitch et de ses sœurs.Au fond, Je bilan qu 'il propose lui-mêmeapparaît à notre politicien « prématuré >>. IlL' ANTI-SARTRESi la révolution communiste n'est pas lamort, la terreur et l'esclavage pour desmillions d'hommes, alors nous avons mentiou nous nous sommes trompés, et nouspouvons faire pénitence. Mais si larévolution communiste est bien, pour desmillions d'hommes, la mort, la terreur etl'esclavage, alors il faut crier, il ne faut pass'arrêter de crier, et peu importe celui quicrie, et peu importe si celui qui crie a ounon, lui même quelque chose à cacher. S'il ya effectivement quelque part les cadavres deKatyn, les cadavres des révoltes paysannes,les cadavres des compagnons de Lénineexécutés, les cadavres de tous ceux qui sesont opposés à la marche de la révolutioncommuniste, les cadavres qui marchent etrespirent encore du Goulag,- s'il y aquelque part des cadavres, nous nepouvons pas admettre qu'on vienne nousdire «Ce n'est pas la question». Car si cen'est pas là la question, je le demande,qu'est-ce qui sera la question ?THIERRY MAULNIER"La Face de méduse du communisme "•articles parus de 1948 à 1951.Gallimard, 1951, p.44.

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