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09_+Russie,+mille+ans+d'enigme

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LA FIN DU PIRE DES MONDEférait se tenir à l'écart du combat des chefs,trop heureux de continuer à jouir de ses multiplesprivilèges. Or, sous Gorbatchev, avecses idées encore non précisées de « changementsradicaux », tout commençait à prendreune autre tournure. Et le « marais » desbureaucrates du Parti commençait à pencheren faveur de l'opposition « conservatrice »emmenée par Ligatchev. Or, ce « marais », etle Kremlin était bien placé pour le savoir, étaitmajoritaire aussi bien au Comité central quedans les instances dirigeantes du Parti. Gorbatchev,sauf à se dénier complètement, étaitdonc à la merci d'une déposition« à la M. K. »à l'occasion d'un quelconque plénum. Pourgarder Je pouvoir et continuer dans la voie desréformes, il fallait donc réagir et affaiblirl'adversaire. Mais comment ? C'est là que,disons vers la fin de l'année 1986, Gorbatchevopta pour la solution maoïste, ô combien risquée,de la « révolution culturelle ».L'effondrementdes tabousEn quoi consiste la« révolution culturelle»,sinon à jouer la carte des masses afin d'affaiblirl'appareil et à asseoir son propre pouvoir?Or, c'est bien ce que fit Gorbatchev au nom dela « glasnost ». Presque du jour au lendemain,la presse, la télévision, les maisons d'édition,se virent octroyer le droit de dire et de publierà peu près tout et de critiquer quasiment toutle monde. Liberté contrôlée, certes, mais libertéquand même, après sept décennies de silenceet de mensonge. Le résultat fut fulgurant :les tabous tombaient l'un après l'autre, lesgens s'arrachaient les journaux et ne décollaientplus de leur poste de télévision. Lesjournalistes et les écrivains, quant à eux, s'endonnaient à cœur joie. Staline (voire Lénine !)et leurs crimes, les privilèges de la nomenklatura,l'incurie économique et les tares de lasociété, telles que la prostitution, la drogue etla criminalité, tout y passait ! En même temps,dans la rue, dans les interminables filesd'attente devant les magasins, les langues sedéliaient, pour la première fois depuis 1917,un semblant d'opinion publique commençait àémerger. Simultanément, le Goulag se vidaitprogressivement de ses détenus politiques. Endécembre 1986, à la suite d'un coup de fil personnelde Gorbatchev, Andreï Sakharov, figurede proue de la dissidence intérieure, pouvaitrevenir en triomphe à Moscou après plus desix années d'exil à Gorki ... Ce n'était plus ledégel, c'étaient les grandes crues de prin-Boris Eltsine, au temps où les dirigeants occidentauxle boudaient pour cause de populisme.temps, susceptibles de tout emporter sur leurpassage.C'est dans cette effervescence, ce tourbillond'idées et de révélations que se déroulal'année 1987. Pourtant, malgré l'ivresse de laliberté recouvrée, le cours des événements nes'était pas arrêté. Sur la scène internationale,Gorbatchev qui se dépensait sans compter etvoyageait aux quatre coins du monde, apparaissaitde plus en plus crédible, même auxyeux du grand pourfendeur de « l'empire dumal» qu 'était Ronald Reagan. Et cela en dépitde la guerre d'Afghanistan et de la catastrophede Tchernobyl qui, en avril 1986, avait secouéla planète entière. Dans le domaine économique,certaines évolutions, bien timides audemeurant, pouvaient être portées à l'actif duKremlin. Quant à la lutte pour le pouvoir, ellese poursuivait avec une aigreur et une acuitéaccrues. Au plénum du Comité Central de juin1987, Gorbatchev avait réussi à faire entrer auPolitburo plusieurs de ses fidèles partisans,dont son « âme damnée », Alexandre Yakovlev.Bousculée, poussée dans ses retranchements,l'opposition « conservatrice », Ligatcheven tête, n'avait pas désarmé. Et, parallèlement,une opposition « radicale », avec pourchef de file le patron du Parti de la ville deMoscou, Boris Eltsine, commençait à fairesurface. Pris en sandwich entre ces deux courants,Gorbatchev fut contraint de réagir :après avoir limogé Eltsine, il décida de convoquer,pour juin 1988, une Conférence du Parti,la XIX' du nombre.Conséquencesformidables des électionsde 1989Le premier semestre de 1988 fut marqué parplusieurs événements d'importance majeure. Onvit apparaître une floraison de mouvementspolitiques de « droite », comme de « gauche »,se situant en dehors du Parti et en opposition àcelui-ci ou, tout au moins, à son leader. Aumois de février, signe avant-coureur de la futuredislocation de l'empire, les premiers incidentsviolents entre Arméniens et Azéris se produisirentau Nagorny Karabakh. Ce même printemps,1 'armée soviétique se retirait d' Afghanistan.. . Tout en paraissant dépassé par certainsévénements, Gorbatchev conservait lesrênes du pouvoir. Fort de sa popularité sur lascène internationale, parant . habilement lescoups qui lui étaient portés, il paraissait plusque jamais maître du jeu. En juin-juillet, ilparvint, en manœuvrant avec un art consommé,à retourner à son profit la Conférence duParti dont les délégués lui étaient pourtantmajoritairement hostiles.Cependant, en dépit de sa victoire à l'arraché,Mikhaïl Gorbatchev se rend compte que1 'appareil du Parti, à ses différents échelons,lui reste majoritairement hostile et qu'il freinepar tous les moyens les timides réformes économiquesqui s'esquissent. La lutte pour lepouvoir se poursuit de manière permanente,sur l'ensemble du pays, alors même qu'ellesemble s'atténuer au sommet. Pour casser lesreins à l'opposition de la nomenklatura, Gorbatchevne voit plus qu 'une seule solution :faire appel au suffrage universel. En d'autrescirconstances, il aurait certainement préféréremettre à plus tard une telle mise en œuvre dela démocratie qu'en paroles il appelle de sesvœux. li eût été bien préférable pour lui decommencer, en faisant usage du pouvoir dontil avait hérité, par mettre en œuvre desréformes économiques prudentes, susceptiblesd'améliorer progressivement le niveau de vieet, partant, de conforter sa popularité. Mais, en1 'occurrence, Gorbatchev pense ne pas avoir lechoix et annonce dans la foulée de la XIX'Conférence du Parti la tenue, au début del'année 1989, d'élections législatives.Ce scrutin, appelé à désigner les membresd'une « grande assemblée », le Congrès desDéputés du Peuple, qui, à son tour, doit élire

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