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09_+Russie,+mille+ans+d'enigme

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U SOUS LA CENDRELÉONTIEVETL'IDÉOLOGIEBYZANTINELa publication en Italie de la premièretraduction en une langue occidentale del'ouvrage fondamental de Konstantin Léontiev,attire l'attention sur ce précurseur de Spengler.Né en 1875, le philosophe russe rejette lachronologie occidentale, faisant se succéderl'Antiquité, le Moyen Âge et les Tempsmodernes. Héritier de Danilevski, Léontiev parlede " cycles historiques "• pour en privilégier un,le byzantisme. Byzance avait été négligée parles auteurs occidentaux qui ne l'avaientconsidérée que comme une survivancenégligeable du monde greco-latin, confite debigoterie (péché cardinal pour l'historiographielibérale). Spengler rangeait le byzantinismedans l'ensemble des cultures magiques. PourLéontiev, au contraire, le byzantinisme est uneidée-force originale, un principe universel. Ceprincipe agit sur l'élément populaire, sur lesmoujiks accrochés à leur terre, et sembledemeurer inefficace sur l'élément bourgeois eturbain. Léontiev s'oppose au nationalisme et aupanslavisme au nom de l'orthodoxie byzantine.Le nationalisme et le panslavisme sont infectésde miasmes démocratiques, libéraux etoccidentaux. Ainsi, quand les activistespanslavistes exhortent les masses russes etslaves à secouer le joug turc, ils font leurs deséléments de la mentalité anti-traditionnellevenue d'Occident. L'assaut désagrégateur del'Occident ne pourra être contré que par deuxforces : l'Islam et l'Orthodoxie. En effet, pourLéontiev, l'Islam turc dans les Balkans empêcheles peuples slaves-balkaniques de sombrerdans l'abîme du progressisme occidental. Lejoug turc est donc salutaire et contribue àmaintenir l'orthodoxie en Orient. Berdiaevs'insurgeait contre cette prise de position,assortie d'un appel aux Turcs à mater lesSlaves des Balkans et aux Allemands à materles Tchèques libéraux et illuministes. PourLéontiev, chasser les Turcs, ce n'était pas uneidée russe et slave, mais une idée occidentale.Léontiev prônait l'alliance des Russes, appelésà sauver l'Europe décadente et libérale, avec lespeuples asiatiques de religions nonchrétiennes. L'objectif de cette gigantesquealliance : barrer la route à l'esprit délétère dulibéralisme occidental.KONSTANTIN LÉONTIEVBizantinismo e mondo slavo,Edizioni all'insegna del Veltro, Parma, 1987, 190 p.,Vou/oirjuillet-août 1989.proza) avec Belov, Chouchkine, Astafiev,Abramov, Solooukhine ou Raspoutine.À l'origine de la tendance traditionaliste,on trouve l'Union panrusse sociale-chrétiennede la libération du peuple (Vskhson), alliancefondée dans la clandestinité en février 1964par Igor Ogourtsov, Evguéni Vagin et LéonidBorodine, qui se réclamaient de la pensée deNicolas Berdiaev. Ce groupe fut totalementdécapité en 1968 par un régime brejnévien quitolérait cependant le développement de tendancesrussophiles.En 1965, la société« Racines » (Radina),fondée par plusieurs centaines d'étudiants enarchitecture de l'université de Moscou aprèsun pèlerinage dans les cités de l'ancienne Russie,Zagorsk, Souzdal et Vladimir, était officialisée.Peu après était réalisé le film très controverséd' Andreï Tarkovsky, Andrei· Roublev.Préserverl'héritage russeEn juillet 1965, était fondée la très officielleSociété panrusse pour la préservationdes monuments historiques et culturels (Vserossikogo Obchetsv-koié Okhrany Pamiatnikovlstoruui kultury) qui axait son action sur lapréservation de 1 'héritage russe ce qui rejoignitles préoccupations des dissidents de l' intérieur.Cette association non directement politiquedevait connaître un succès foudroyant.Dès 1966, elle compta trois millions d'adhérents,et plus de douze millions au début de1977.Au début des années 1970, le courantnational influençait de puissants journauxcomme Molodaia Gvardia («Jeune Garde »),organe des jeunesses communistes, ou NashSovremennik (Notre Contemporain), revuepubliée par la prestigieuse Union des écrivainsde Russie.L'Union des écrivains de Russie s'était eneffet très vite laissée submerger par la vaguemontante des écrivains ruralistes dont leslivres atteignaient des tirages énormes. V éritablepôle où se cristallisaient les éléments culturelsrusses perdus depuis l'avènement dubolchevisme, et toutes les traditions spirituelleset nationales refoulées par le matérialisme,elle était devenue le défenseur farouchedes valeurs nationales, de l'identité du peupleet de l'État, de l'idée impériale et de la primautédu spirituel.Héritiers d'Essenine, les ruralistes surent,avec Choukchine, se positionner dans uneAlexandre Zinoviev : « Celui qui dira que noussommes condamnés et que c'est pourquoi nousdevons combattre jusqu'au bout (comme disent lesRusses, tant qu'à mourir, il faut le faire enmusique), celui-Iii ne sera pas un pessimiste. Cesera un optimiste historique. L'optimisme historiquesignifie qu'on sait la vérité, si cruelle qu'ellesoit, et qu'on est déterminé à se battre, quoi qu'il encoûte. L'optimisme historique ne compte sur rien nipersonne, sauf sur soi-même et sur la bagarre ».Nous et l'Occident,l'Âge d'homme, Lausanne, 1981.révolte contre le monde moderne à travers lacritique radicale de la ville maudite.Le thème du retour à la « Terre-Mère »,fréquent chez les ruralistes, se retrouve particulièrementchez Vladimir Solooukhine. Néen 1924 à Alepino, fils d'une vieille famillepaysanne, ancien combattant de la Guerrepatriotique, il s'imposa dès 1957 comme l'undes plus grands écrivains russes de sa génération.Avec Sur les Chemins de Vladimir etautres romans, il sut introduire un vaste publicau cœur de la Russie éternelle, celle des travauxdes champs, des fêtes agraires, de lafamille traditionnelle, des jeux d'enfants et despremières amours.National-communismeVassili Bélov appartient à la même veine,ainsi que Victor Astafiev, ancien secrétairegénéral de l'Union des écrivains d'URSS, néen Sibérie en 1924, qui est connu pour sescontes pour enfants, ses nouvelles de guerre,ses romans sur les campagnes et les villagesrusses.Bénéficiant de la complaisance discrète dupuissant Mikhaïl Souslov, ce fut en toute liber-

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