Un droit aussi à défendreSur les espaces publics, c’est à la communautédans son ensemble (dans les faits leurs représentantset diverses institutions) de décider si ouiou non ils peuvent être privatisés (ou occupés)et à quelles conditions. 28 Et sur terrain privé ounon, l’installation d’un pavillon, un chalet, uneyourte ou un mobilehome etc., doit répondre àune ribambelle de lois qui l’encadrent. Visiblementcertaines réglementations posent problèmeet gagneraient à être modifiées, allégées (et parfoisabrogées) en fonction de nouveaux cas defigures, de nouveaux contextes.Nous avons envie de dire oui à tout le mondeet nous fustigeons facilement l’Etat et les pouvoirspublics. Mais gardons à l’esprit que le bienet l’espace commun, la loi, le droit et la fonctionpublique, forment ensemble le patrimoinede ceux qui n’en ont pas, l’héritage de ceux quin’en auront jamais. Alors quand des contrainteslégales nous énervent et nous révoltent (souventà juste titre), ne nous trompons pas de cible. Nejetons pas le bébé avec l’eau du bain. L’Etat etl’ensemble de ses délégations (en tant qu’outil etnon ce qu’en font les gouvernements, hauts fonctionnairesetc.) est la seule garantie collective surlaquelle les personnes seules, faibles, handicapéesetc., ou tout cela à la fois, peuvent réellementcompter. Une cage, certes, mais qui nous protègeencore (malheureusement de moins en moins)des fauves, des grands prédateurs, et assure unesolidarité qui doit servir d’abord aux plus faibles.Nous avons besoin d’organisations capables decombattre les «forces de l’argent» et de pallierles lacunes de l’initiative individuelle (ou desgroupes restreints), en corrigeant leurs insuffisances,et en partageant plus collectivement lescoûts et les efforts. C’est aussi l’Etat qui peut assurerune relative solidarité entre les territoires. 29Supprimons le droit public, les normes et lesréglementations, le système de santé, d’hygièneet de sécurité, l’éducation nationale, les servicespublics, les impôts, les subventions et allocationsetc., et nous ne manquerons pas de mesurer cequ’étaient leurs contributions à la formation descitoyens, à la richesse nationale et, sans douteaussi à la joie de vivre. 30 Prenons garde aux sloganssimplificateurs et en particulier au «moinsd’Etat, moins de réglementation, plus de liberté ! ».La dérégulation, la privatisation de l’espace, desservices et des biens publics, l’engouement pourla propriété privée en général, illustrent à cetégard l’érosion du souci citoyen dépassant sa petitepersonne, sa famille et son groupe d’amis. 31Les rapports sociaux mutent en relations interindividuelles,dominées par l’intérêt, les affects etles pulsions. Réclamer moins de lois, moins deréglementations, certes, tout est à repenser, rienne doit être figé. Mais attention à ne pas tropfaire baisser certaines normes (sous prétexteque, personnellement, on n’en a pas besoin 32 ),S.B28- Sachant que la « privatisation » concerne les individus etles entreprises, mais aussi les fondations, collectifs et associationsqui ne représentent qu’eux-mêmes et leurs adhérentset n’ont donc aucune légitimité démocratique.29- On remarquera au niveau national que le budget des communespar habitant varie de 1 à 8 500 euros ! Et on ne sauraitnier une certaine interdépendance entre différents territoires.Enfin, il faut être conscient que les « particularismes locauxréclament une intervention publique très ciblée qui mobilisedes moyens et des acteurs particuliers appartenant à des autoritésrelevant du tourisme, du commerce et de l’industrie, del’environnement ou de l’agriculture, de la formation et de l’emploi,de l’immigration et des affaires étrangères etc. Ils nécessitentainsi de faire jouer des solidarités entre territoires… »(Cf. Logement et cohésion sociale, op. cit.).30- En économie, cela suppose de trouver les moyens d’imposerl’intérêt général, arbitrer entre des intérêts financiers,commerciaux et sociaux, faire en sorte qu’il y ait une répartitionéquitable de la richesse nationale. Sans cette volonté, celase traduit par : à la puissance publique les tâches les moinsrentables et s’adressant aux usagers les moins « solvables»,ainsi que les investissements les plus importants et à longterme ; et au privé, les activités lucratives et les meilleursclients. Quant au droit, tout sera de l’ordre du contrat et ilsera bientôt synonyme d’avoir les moyens. Si l’on n’y prendpas grade le syllogisme suivant risque de devenir valide : La loi,c’est le Marché : le service public est hors du Marché : donc, leservice public est hors la loi.31- Le « nous » ne s’aventurant que très rarement plus loinque sa famille et sa petite tribu, son petit réseau. Et en mêmetemps, paradoxalement, on se dira d’autant plus facilementcitoyen du monde que ce concept est lointain, impalpable et leplus souvent vide de sens.32- On peut à titre individuel accepter (volontairement oucontraint) de travailler pour moins que le SMIC, faire 70 h parsemaine, ne pas prendre de congés, mais d’un point de vuecollectif ?103
à ne pas tomber dans le «je fais c’que j’veux», etsurtout à ne pas trop exposer l’individu. C’est déjàsur lui que s’abattent ceux qui luttent contre lespauvres à défaut de lutter contre la pauvreté. Alorsveillons à ne pas, en plus, le sommer de répondreseul à ses besoins et ses difficultés en lui proposant,non l’ambition d’une politique nationale dulogement, mais uniquement des alternatives individuellesà la précarité : «Démerde-toi ! T’as qu’àvivre en yourte dans les bois avec tes potes ! ». Non,réclamons la justice pour tous et une assurancecollective de solidarité. 33Les plus puissants montrent l’exemple, ilss’organisent, s’unissent, demandent des plansd’ajustements structurels, pas des pansementssur des jambes de bois. Ils renforcent leursarmes, aux sens propres, mais aussi intellectuels,idéologiques, juridiques et médiatiques.Nous devons, en face, faire de même, etnous réapproprier les leviers politiques (espacespublics de parole, médias, syndicats, partis,collectivités locales, Parlement, Etat…),redonner sens à la lutte, à l’Education populaireet au vivre ensemble. «Aucune sociétéavant la nôtre n’avait tenté de faire vivre ensembledes individualités que n’assujettirait plus aucunabsolu contraignant, nul dogme (qu’il soit d’essencemythologique, philosophique ou religieuse)sur la nature du Bien commun. Aucun groupehumain n’était parvenu à cette cohabitation de libertésdifférentes, de croyances disparates qui sontautant de micro-souverainetés. Pas un homme neput jouir, individuellement, de cette marge providentielle,de ce jeu, au sens mécanique du terme,où la fantaisie de chacun n’est bornée qu’à la fantaisiede l’autre. Oui, l’ampleur du triomphe estimpressionnante». 34 Loin de renoncer à notrehéritage politique et culturel inestimable, il esttemps de rappeler que l’utopie humaniste etdémocratique est toujours une idée neuve auxpotentialités émancipatrices incomparablespour laquelle il faut continuer à se battre.Gio33- « A l’inverse du totalitarisme, le pouvoir de la modernisationa tendance à s’effacer, renvoyant aux échelons inférieurset finalement à la société et aux individus le poidsd’une responsabilité difficilement supportable », dénonçaitJean-Pierre Le Goff dans La démocratie post-totalitaire (Ed. Ladécouverte, 2002 et « Des livres et les idées ! » n°32).34- Jean-Claude Guillebaud, La refondation du monde (1999).104
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