20.07.2015 Views

1 - Relier

1 - Relier

1 - Relier

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Instruction et relations socialesL’école n’est pas obligatoire, seule l’instruction(encadrée par un programme national etunique pour tous) est un impératif légal. Et dansle cas d’une impossibilité justifiée, l’enseignementà distance est libre et gratuit. Mais il faut pour celaune adresse, et ce n’est pas toujours évident. L’écoleitinérante essaie alors d’apporter une aide pédagogiqueaux parents mobiles et d’assurer une scolaritécorrecte aux enfants «nomades». 28 «Au départ lesenfants ont suivi des cours par le CNED 29 mais c’étaittrop lourd à gérer et ça ne collait pas avec notre rythme.En effet on voyageait plutôt l’hiver et on se posait l’été(à cause de la chaleur). Du coup on a enseigné l’écoleaux enfants. Le temps est passé, les enfants ont grandi,on s’est dit que ce serait bien de se poser une année pourmettre les enfants à l’école (le grand est en 3 ème et doitfaire un choix pour son orientation). » 30Cela dit, outre ceux qui ne peuvent inscrireleurs enfants dans un établissement scolaire parceque trop mobiles ou trop éloignés, un certainnombre de parents (mobiles ou non) se tournentvers l’école à la maison par refus de l’institution. 31Mais quelles que soient les raisons, il faut êtreconscient que de ne pas aller à l’école laïque publique,c’est passer à côté du mélange des classessociales et culturelles, manquer l’opportunité d’unrecul (émancipateur 32 ) de l’enfant face au conditionnementfamilial grâce à une vie sociale hors duregard des parents et une certaine équité face ausavoir et à l’instruction. Sans compter que «quandtu as des enfants à l’école ça facilite rapidement l’intégration»33. . Enfin, chacun voit midi à sa porte,et quoi qu’il en soit, même à la maison, les élèvesdoivent être régulièrement évalués par l’EducationNationale, là encore c’est une obligation légale.Reste la question générale de l’égalité des chancesen termes de bonnes conditions de travail (lumière,espace, chaise et table…), de concentration (tempsdisponible, calme…), de recherche personnelle(accès aux livres, à la bibliothèque, à Internet etc.)et en équipe (inviter des camarades pour faire unerecherche, un exposé par exemple). Comme on pouvaits’en douter, «l’exiguïté du lieu de vie et la surpopulationdes logements ne sont pas sans lien avec les difficultésscolaires». 34 Ils peuvent également «peser sur laconstitution du capital social et culturel». 35Et lorsque l’installation de l’HL est illicite,donc précaire, comment se projeter dans l’aveniravec confiance, comment créer des relations durablesetc. ? «En yourte avec des enfants, il est possiblede répondre à ses besoins, mais ça devient pluscompliqué» reconnaît Jérôme, ancien habitant etconstructeur de yourtes. 36 «On sait que ça ne vapas durer éternellement car les enfants vont grandir,qu’il va peut-être falloir gagner en confort. Maispour l’instant ça fonctionne, ça répond à nos besoinsdu moment ! » 37 («nos besoins du moment», ceuxdes parents ou des enfants ?). Evidemment etheureusement, on trouve toujours des exemplesmontrant que toutes ces conditions peuvent êtreréunies. Mais la question n’est pas «est-ce possible?» mais «est-ce une réalité dans l’ensemble ? ».Et est-il facile d’inviter des potes pour tout simplementjouer ou dormir à la maison ? Est-il facile d’avoiraccès aux activités artistiques (autres que celles queles parents peuvent assurer), sportives, spirituellesetc. ? «Nous sommes bien contents de ne pas être tropcoupés du monde. C’est pratique d’être proches de l’écolepour les enfants et de continuer à voir du monde. ‘‘Vivresimplement’’ ne veut pas dire ‘‘vivre en autarcie’’ » rappellentCarine et Dimitri, habitants en yourte et mobile-home.38 Mais ils n’ont pas tous cette chance…28- Et Marcelo Frediani (op. cit.) de préciser que « les Gitanssont très attentifs à la fréquentation de l’école à la petite enfance(pour l’alphabétisation et le calcul) et rejettent la scolaritésecondaire par peur de la désintégration de leur culturetraditionnelle. Pour eux, le contact avec la culture sédentaire,la présence de drogue dans les écoles et la mixité dans lesclasses représenteraient une atteinte grave aux tabous etaux traditions de la communauté. Par contre, beaucoup deNew Traveller’s préfèrent prendre en charge l’éducation deleurs enfants à la maison pendant la petite enfance et les inscrireà l’école à l’âge des études secondaires. […] Ainsi, bonnombre de parents s’efforcent de donner les rudiments del’alphabétisation et du calcul à leurs enfants […]. […] CertainsTraveller’s quittent […] la vie nomade pour que leurs enfantspuissent suivre régulièrement le cursus scolaire ».29- Centre National d’Enseignement à Distance.30- Entretien réalisé le 24 mai 2011 par Floriane Bonnafoux (op. cit.)31- Nous rappelons au passage que ce courant parti desEtats-Unis était largement constitué de chrétiens (souventaisés) qui entendaient ainsi protester contre l’éducation«décadente » et « orientée » qu’offrent les écoles (avec leurthéorie de l’évolution, leur éducation sexuelle, la non prise encompte des religions etc.). De la même façon, nombre d’alter’s(en HL ou non) croient qu’ils seront plus compétents,et qu’ils n’orienteront pas l’instruction de leurs enfants,au contraire de l’école. Je pouffe. D’abord l’école chez soine protège en rien les enfants d’erreurs pédagogiques (aucontraire même, serait-on tenté de dire, puisque les parentsne jouissent, en général, d’aucune formation) ; mais ces parentsoublient aussi qu’ils enfermeront ainsi leurs enfantsdans une vision unique du monde (la leur et celle de leur microcosme,la seule bonne évidemment).32- Il suffit de penser par exemple à ce qu’a apporté l’instructionobligatoire à l’émancipation des femmes en particulier,donc à l’émancipation de tous.33- Entretien de Keith (fabriquant et habitant sous yourte)réalisé le 10 mai 2011 par Floriane Bonnafoux (op. cit.).34- Didier Vanoni et Christophe Robert (op. cit.).35- «Les enfants pauvres en France», Rapport n°4 (2004) duConseil de l’Emploi, des Revenus et de la Cohésion sociale (CERC).36- Entretien réalisé le 13 mai 2011 par Floriane Bonnafoux (op. cit.)37- Entretien de Dimitri et Carine réalisé le 05 septembre2011 par Floriane Bonnafoux (op. cit.). «38- Entretien réalisé le 05 septembre 2011 par FlorianeBonnafoux (op. cit.)..85

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!