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1 - Relier

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Quant aux humains, et c’est ce qui fait d’euxdes Hommes, ils ne sont ni complètement «un»avec la nature, ni totalement «autres». 9 Bien évidemmentl’Homme est un animal parmi d’autres,mais il sait qu’il existe (comme d’autres animauxd’ailleurs), et jouit d’une capacité d’abstractionincomparable. Il peut ainsi anticiper l’avenir et enparticulier le fait qu’il va mourir. Ainsi l’Hommeest un animal spécifiquement historique et culturel,un être en devenir qui se modifie et modèle lemonde (dans une interaction constante) et surtoutlui donne du sens. «Ce n’est pas un jeu de mot qued’affirmer que la nature humaine consiste à établiractivement une distinction, ou une séparation, entrenous-mêmes et le reste de l’Univers» 10 , mais aussiavec sa propre société, sa culture, son éducation,sa perception etc. Cette «séparation», cette miseà distance, n’est pas nécessairement néfaste d’unpoint de vue écologique. En revanche, «ce qui peuts’avérer désastreux, c’est la tendance à la nier à traversune idéologie de l’harmonie idéale avec la nature quise révèle tout à fait inauthentique». 11L’Homme transforme nécessairement son milieu,son environnement, d’autant plus qu’il n’est pas assignéà une niche écologique spécifique, et ça comporteévidemment des risques, y compris celui de secasser la gueule. C’est toute l’aventure humaine !Il ne s’agit évidemment pas de nier les problèmesenvironnementaux, l’utilisation inconsidérée deproduits de synthèse 12 , les réductions de la biodiversité,les destructions de terres fertiles, les OGM,le nucléaire etc. Il s’agit de rappeler avec force qu’ilest impératif de refuser de sacraliser la Nature, de nepas faire d’anthropomorphisme, ne pas se bercerd’illusions et de croyances plus ou moins mystiques.«Le respect de la nature n’est pas affaire de culte ou devénération mais d’intelligence et de sensibilité, et […]tout de la nature doit d’abord être compris, car rien n’yest inutile, virus, termites, inondations et séismes inclus.[…] Cela ne signifie pas qu’on doive subir sans broncher[…]. Mais la défense, pour être légitime, doit êtreproportionnée à l’attaque […]». 13Il s’agit donc d’évaluer les conséquences denos actions et de nous sentir à la fois responsableset partenaires avec nos semblables, lemonde, l’environnement, de jouer avec lui, nonde s’y soumettre. Penser notre impact 14 commeveiller à ne pas altérer ou bouleverser l’ordrenaturel, ne pas faire bobo à la Nature, c’est gentil,ça offre l’étiquette de grand sage, mais c’estdu vent. 15 Pire, en naturalisant les problèmes,on escamote ainsi les questions politiques, lesquestions de logiques économiques et sociales,les enjeux stratégiques, on omet les causesstructurelles et systémiques etc. Et puis qu’estceque «naturel», «nuisible» ou «polluant» ?Pourquoi ? Pour qui ? Comment ? Dans quellemesure ? Pour quelles conséquences ? Jusqu’oùpouvons-nous prendre tel ou tel risque ? Quedoit-on conserver ? Qui en décide ? etc.9- On remarquera que l’Homme ne marche pas « naturellement» et ne parle pas non plus s’il n’a pas été en contactavec d’autres humains. Les relations nature/culture sont deplus en plus interactions, et les frontières sont de moins enmoins tranchées.10- Joel Kovel, Nature humaine, liberté et esprit.11- John Clark dans son article «Vers une théorie naturalistedialectique de la valeur » de l’ouvrage collectif Tout est relatif.Peut-être ? (Ed. ACL, 1997 et « Des livres et les idées ! » 10bis).12- «De compromis en compromis, sur les 100 000 molécules[à tester] prévues au début [du projet européen REACH de régulationdes substances chimiques toxiques], seules 30 000restent concernées par le texte voté vendredi [18.11.2005],desquelles sont retranchées celles qui ne servent qu’à en fabriquerd’autres, soit, finalement, 12 000 substances environ,pour lesquelles des tests approfondis seront effectués, et lesconditions de mise sur le marché effectivement renforcées.C’est mieux que le précédent système mis en place en 1994qui n’avait permis l’évaluation que de 80 substances sur les140 placées prioritaires par la Commission européenne parmilesquelles de nombreux composants de produis d’utilisationcourante : peintures, colles etc. ``On passe de rien à quelquechose’’ estime la coalition des défenseurs de l’environnement»,nous informait Jean-Philippe Desbordes dans le CharlieHebdo du 23.11.2005.13- Armand Farrachi, Les Ennemis de la Terre (Ed. Exils, 1999).14- L’énergie étant définie par « un changement d’état d’unsystème », on doit admettre que notre transformation del’environnement est directement liée à notre rapport entreconsommation d’énergie et nombre d’individus. Je vous renvoieà la conférence de Jean-Marc Jancovosci du 1er avril 2008devant les élèves de l’ESPCI Paris Tech intitulée « L’ingénieurface à la contrainte carbone : quels défis pour le XXIe siècle ».15- « De nombreuses discussions ont eu lieu sur les questionséthiques liées au fait de faire un trou dans le sol pour atteindrela nappe phréatique, en raison du respect voué à la terre vivante» témoignent Isabelle Fremeaux et John Jordan dans Lessentiers de l’Utopie (Ed. La Découverte, 2011), sur un site debenders (grandes huttes en branches recouvertes de bâche).Ces habitants se référent aux « tribus primitives », évidemment,pour qui, d’après eux, creuser un puits serait un acte«sacrilège », un « saignement de la Terre mère » (on en parleraaux mômes du Sahel). On notera que ce site est « hors réseau,sans égout ni connexion au gaz ou à l’électricité, [mais qu’]Internet haut débit et la Wifi (bien évidemment alimentés pardes éoliennes) ont été installés avant l’eau courante »…67

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