Art 07 /L’HabitatLéger et Mobile« assumé » enSud ArdècheRésumé 1 de l’étudede l’association AVRIL menéepar Floriane Bonnafouxet Henri MontalbanoPierre GilletComment cet habitatest-il perçu par l’entourage ?D’une manière générale, l’HL est perçu noncomme un habitat mais plutôt comme unobjet forcément transitoire et qui peut être utiliséuniquement sur une courte durée. Ainsi, quandil est vécu à titre de résidence principale, l’entourageconsidère cet habitat comme socialementprécaire, voire marginal. Certains ont la perceptiond’un habitat peu confortable voire insalubre.D’un autre côté certains HL (yourtes et roulottesen particulier) sont liés à des représentationsfantasmées, au rêve, au voyage, à quelque chosed’idyllique et exotique.1/ PrésentationContexte de l’étudeL’Ardèche méridionale subit une forte pressionfoncière avec un taux élevé de résidences secondaires.2 Le foncier est très morcelé, avec despropriétaires qui ont parfois du mal à le céder. Etcompte tenu de la faible présence de villes de plusde 5000 habitants, le Sud Ardèche dispose de peud’offres en termes de logements locatifs sociaux.Les 24 entretiens ont été réalisés avec le souci devarier les formes d’habitats, les âges et les sexes, lesimplantations géographiques et types de parcelles.Définitions de l’Habitat Léger& Mobile (HL) 3L’HL englobe les yourtes, tipis, tentes, marabouts,roulottes, camions, caravanes, cabanes,constructions légères en paille et/ou en bois,«habitats - serres», «carabanes» (caravanes ou mobile-homesautour desquels il existe un espace de vieaménagé) etc. Il y a ceux qui ont des roues (et restentpotentiellement mobiles) et ceux qui n’en n’ont pas(sédentaires ou semi-sédentaires). C’est un habitatsimple, petit, composé souvent d’un seul espace, avecune faible empreinte écologique et peu consommateuren énergie. L’HL est en général «effaçable»,éphémère, réversible et facilement démontable, souventmodulable et peut évoluer en fonction des besoinset des vies de chacun. C’est un habitat souventauto-construit à partir de matériaux écologiques et/ou d’objets de récupération. Actuellement, aucuneterminologie officielle et juridique n’a été adoptéepour l’HL en tant qu’habitat permanent.S.BHabitat choisi ou subi ?Ce qui peut être subi à un moment donnédans la vie des personnes, peut conduire,dans le futur à une série de choix. 4 Les vies etles personnes évoluent ; et l’arrivé d’un enfantpar exemple peut conduire à revoir son modede vie, ses ressources et ses besoins. On pourraitparler pour certaines personnes d’habitat«par défaut». Ainsi, plutôt que de cloisonnerl’HL entre «habitat choisi» ou «habitat subi»,il semblerait plus juste de parler d’habitat «assumé»ou non. 51- Les phrases et formulations sont, dans une large mesure,celles de l’auteure. A l’inverse, les notes sont celles ducontacteur, sauf indiquées.2- Note de l’auteure : 20 % des résidences + 7 % vacantes(rapport INSEE 2010).3- L’équipe de RELIER a décidé d’abandonner le sigle HLM quiprête à confusion puisqu’il signifie avant tout Habitat à LoyerModéré. Nous opterons donc pour le sigle HL (Habitat Léger).4- Et inversement, ce qui pouvait être choisi au départ peutdevenir pesant et subi avec le temps.5- Nombre d’habitants ayant «choisi» ce mode d’habiter refuseraientles logements sociaux (qu’ils stigmatisent trèssouvent) ou l’installation de leur HL sur un terrain familial ouassimilé. « Et toi, si on te proposait un logement ? », interrogeais-je,Laurent un habitant d’HL et fabriquant de roulottesdans le nord du Lot: « Non, non… J’préfère être indépendantmoi tu vois. Non j’n’irai pas non… J’n’irai pas. … J’veux être tranquille,avoir un endroit tu vois… Non non […] j’ferai même pasde demande d’ailleurs ». Beaucoup revendiquent une envie deparcelle privée, pour y mettre leur petite maison légère, avecleur petite famille et leurs voisins choisis, avec leurs panneauxsolaires, leur réserve d’eau, leur assainissement personnel,leur Internet, leur téléphone, et pourquoi pas leur école (leurhôpital aussi…) tout en réclamant moins de normes et decontraintes légales (quand ils ne les nient pas totalement)et toujours moins d’Etat (personnalisé et diabolisé). On peutalors être étonné de retrouver ici les bases du discours néolibéral.Et rares sont les retours critiques, on a vite l’impressionque l’HL ne comporte aucun inconvénient, ne pose aucun problèmeetc. Et d’un autre côté, on ne peut que constater que lespouvoirs publics ne répondent pas ou trop peu aux problèmesdu mal logement, et font porter les efforts indispensables auniveau local voire aux citoyens eux-mêmes. Une stigmatisationrécurrente crée ainsi l’image d’une « classe dangereuse »justifiant une lutte « invisible » contre les pauvres et aux populationsmarginalisées à mesure qu’ils laissent la paupérisationse généraliser et se banaliser.55
2 / Constat généralL’HL répond d’abord à un besoin primaire : seloger pour vivre. Il est en général facile et rapideà monter, déplaçable et peu coûteux ; il peutdonc être vite mobilisable pour venir en aide dansdes situations d’urgence.Quelques traits récurrentsdes habitants en HL « assumé »• Cheminement : «L’envie de se rapprocherde soi et de ses propres valeurs» semble former unpoint commun et une base de mode de vie des personnesinterrogées ; mais aussi l’idée que le tauxet la durée des crédits aujourd’hui en France sontinaccessibles. Cela dit, la rencontre avec l’HL peuts’avérer simplement être le fruit d’un hasard et/oud’une envie de vivre une nouvelle expérience parcuriosité, pour vivre autrement.• Travail et dactivité : les 3/4 des activités rémunératricesdes personnes interviewées tournentautour de la construction et du domaine agricole et/ou de l’entretien des paysages. 1/3 complètent leursrevenus par des ressources annexes (RSA, allocationschômage, retraite, rente…). Les ressourcespar foyer restent relativement faibles. Beaucoupperçoivent l’activité salariée comme un moyen definancer strictement leurs besoins indispensables etnon comme une valeur en soi «du travail pour dutravail». Ils se mobilisent donc pour des activitésannexes (pas forcément rémunératrices) auxquellesils attribuent un sens premier (idéologique, politique,éthique, écologique...).• Mode de vie décroissant : beaucoup déclarents’inscrire dans un mode de vie décroissant,une envie de vivre plus simplement et de manièreéconome. La réduction de l’espace, induite par laforme de l’habitat accentue ce phénomène. Cespersonnes cherchent à privilégier le troc, l’entraideplutôt que l’échange monétaire. Ils travaillent égalementà leur indépendance : agriculture vivrière,production énergétique individuelle, l’utilisationd’objets de récupération. Le choix de ne pas «enclencher»un crédit immobilier s’inscrit égalementdans cette démarche. L’auto-construction participeaussi au développement de la créativité et del’ingéniosité des habitants.• Rapport à la propriété : les 3/4 de l’échantillonretenu ne détiennent pas de titre de propriété.Les habitants occupent généralement le terrain, soità titre gratuit, soit moyennant un loyer avec le propriétaire.Règne une relative insécurité notammentdue à la peur de l’expulsion. Certains finissent paropter pour l’achat d’un terrain (non constructible leplus souvent). Les parcelles retenues sont en généralde nature agricole ou « naturelle ». Dans certainscas l’HL est juste utilisé le temps de construire sonlogement ou rénover un habitat existant.• Rapport au droit : les habitants ont souventle sentiment que les lois récentes ont pour uniqueobjet de les empêcher de vivre en HL. Un clivagesemble apparaître entre les politiques publiqueset les modes de vies HLM. Les avis sont aussipartagés entre ceux qui souhaitent légiférer l’HLet ceux qui désirent conserver ce flou juridiquepour pouvoir «en jouer». Ces derniers craignenten effet que s’accentuent et se resserrent lescadres législatifs sur l’HL. A leurs yeux, le flou juridiqueleur permet des interprétations variablesdans l’application des textes existants.• Échelles de temporalité : l’échelle de temporalitéde notre échantillon varie de 1 à 10 ans(grand maximum extrêmement rare). Certainsdisent ne pas vouloir changer de mode de vie etse voient vieillir dans leur habitat. Cela dit, la notiond’étape reste prédominante.• Le rapport à lenvironnement : les habitantssemblent porter un intérêt prononcé pourleur environnement. D’après ceux que nousavons rencontrés, vivre en HLM accentuerait laprise de conscience écologique, de par un contactpermanent avec les éléments, la relation entre «lededans et le dehors» étant au sens propre du termemoins cloisonnée. Beaucoup essaient d’utiliserdes matières écologiques et biodégradables,et installent des toilettes sèches, panneaux etchauffe-eaux solaires, petites éoliennes, phytoépuration,systèmes hydrauliques et de récupérationd’eau de pluie etc.• Besoin de mobilité : la mobilité constituepour certains un moyen d’aller à la rencontre desgens et d’échanger. Elle s’observe également dansle travail (saisonnier, itinérant) et répond ainsi àun besoin présent sur le territoire. On notera qu’ilest difficile pour les nomades de bénéficier deleurs droits aux couvertures sociales, scolarisation,comptes bancaires, assurances, etc. C’est une réelleproblématique pouvant conduire les personnes àdes situations de stress et de précarité économique.56• Notion de confort : la notion de confortde l’habitat reste subjective et peut être évolutivedans le temps. Et ce qui peut s’avérer insatisfaisantpour certains au regard du confort ne l’estpas forcément pour d’autres. Ce qu’il faut apprécier,c’est donc l’exposition aux risques.
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