3 / 1Habitat léger / mobile et sociétéCouple devant leur tipi / Berges de la Garonne. Toulouse 2012. © Théo Renaut71
Art 01 /Habitat Premier 1chemin de vie ouchoix de société ?Paulo, habitantpartisan au village10 mars 2011, la censure par le conseil constitutionnelde l’article 32terA de la LOPPSI 2 etde 12 autres articles de cette Loi d’Orientation etde Programmation pour la «Performance» de laSécurité Intérieure est énoncée par un journalistecomme un véritable séisme parlementaire dansl’histoire de la 5 ème République. Le lendemain, unautre séisme à l’autre bout du monde préfaçant lacatastrophe de Fukushima relègue l’informationen question au chapitre des anecdotes.Décembre 2011, dans un hameau aux confins duMassif Central, une petite fille est née ce dimanchedans une roulotte sur un terrain entres yourtes et cabanes,il fait beau, la nouvelle se répand, tous alentoursse réjouissent, mais la bonne nouvelle ne fera cependantl’objet d’aucune publicité... et tant mieux !Le village où a eu lieu cette naissance n’est pas totalementinconnu, il a un temps quasi défrayé la chroniquede par la lutte acharnée de son premier édilecontre les yourtes et du fait de la résistance qu’il rencontraalors (voir annexe en fin d’article : «Le villageen quelques dates»). L’intervention de l’administrationpréfectorale mit un terme à la confrontation. De ce fait,nombreux encore sont ceux qui entendant le nom duvillage se souviennent de ce feuilleton du printemps2009 et ainsi énoncent «ah oui, le village des yourtes !».La saga de l’habitat léger et / ou mobile danscette contrée a semble-t-il débuté 25 ans plus tôt,les premiers tipis apparaissant au cours des années80 dans ce pays sauvage et magnifique classé«zone de désertification rurale». Bien avant, ilfaut le préciser, et depuis même quelques siècles,les roulottes manouches ont fait partie du paysageet d’un quotidien fortuit et ponctuel, fonctiondes autorisations de stationnement.Dans ces années-là, vient un jour une caravane dechariots bâchés, de roulottes auto construiteset de fiers cavaliers, venus de Bretagne ; ils vont versle Sud, dressant leurs tipis à la halte et s’attardent enfonction de la générosité des territoires et de leur-e-shabitant-e-s. Ici visiblement le milieu est accueillantà l’époque, et certains choisissent de rester. Dans lesannées qui suivent, d’autres viennent, perpétuantun mode de vie identique, avec moults aventures etenracinements divers, toutes activités confondues,agropastorales, artisanales, artistiques... A cetteépoque, rien ne différencie tellement ce lieu de biend’autres en France et ailleurs.Le temps passant, d’autres habitats atypiquesapparaissent : roulottes de chantier allemandes ousuisses restaurées et harmonieusement installéesdans leur nid de verdure, cabanes et benders 2 ... Ilfaut attendre les années 2000 pour voir apparaîtreles premières yourtes, celles qui feront l’objetd’une intense polémique orchestrée assez odieusementà l’aube de «la grande crise». Mais pendanttoutes ces années, un formidable bouillon deculture anime cette communauté spontanée, nonhiérarchisée, cosmopolite et éclectique de par sesorigines, ses cultures et ses pratiques.Si bon nombre d’enfants naissent à domicile, aucunaccident n’est à déplorer, le registre municipal inscritainsi un nombre assez conséquent de naissances «àdemeure» 3 ; sporadiquement les sages-femmes à domicile(les plus proches disponibles, à 120 km) ou levieux médecin local (un des derniers formés à l’accouchementin situ) assistent à la demande une naissancedans un tipi ou dans un bus aménagé. Entre ces néoruraux,ces sages-femmes, ce vieux médecin, certainsautochtones, âgés pour la plupart, le courant passe etmême très bien ; la naissance est «naturelle» commela nourriture, l’éducation et l’habitat peuvent l’être ;c’est à dire qu’ils peuvent être librement entrepris etreproduit à l’aune des savoirs vernaculaires populaires.72
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