TRANSFORMATION DIGITALE 2016
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3. Les meilleures pratiques pour accélérer le passage à l’échelle<br />
3. Les meilleures pratiques pour accélérer le passage à l’échelle<br />
Les méthodes agiles deviennent la norme<br />
Un enjeu de proximité avec la DSI pour mieux<br />
maîtriser les projets “digitaux”<br />
La multiplication des projets estampillés “digitaux”<br />
présente cependant un risque : celui de faire perdre<br />
à la DSI son rôle de fonction support face à des directions<br />
métiers affranchies qui concevraient leurs<br />
propres systèmes en dehors de tout contrôle. “Nous<br />
ne voulons pas d'une IT digitale qui fasse naître une<br />
shadow IT, c'est un vrai choix structurant, nous ne<br />
pouvons pas nous permettre d'avoir une IT bancale”,<br />
martèle Vivek Badrinath, Directeur Général Adjoint en<br />
charge du Marketing, du Digital, de la Distribution et<br />
de l’IT d’AccorHotels.<br />
Si les métiers sont moteurs de la digitalisation, la DSI<br />
doit donc continuer d’en assurer l’orchestration. “J'insiste<br />
aujourd'hui pour que les directions internet, qui<br />
ont longtemps géré en autonomie leur SI, s'appuient<br />
de plus en plus sur leurs départements IT”, explique<br />
Christophe Verley, Directeur Internet GSB d'ADEO.<br />
“La DSI doit reprendre la main pour des questions de<br />
cohérence. Nous<br />
formons aussi nos<br />
directions marketing<br />
pour qu’elles<br />
apprennent à mieux<br />
exprimer leurs besoins<br />
et à devenir de<br />
bons clients de l’IT”,<br />
poursuit Christophe<br />
Verley, qui met en avant sa qualité d’ancien DSI. Pour la<br />
DSI, le défi est alors de garantir la qualité et la facilité de<br />
maintenance de systèmes et applications qui n’ont pas<br />
toujours été bâtis selon des standards communs. La DSI<br />
doit alors participer à la création de règles communes de<br />
développement logiciel, puis les maintenir et les gérer de<br />
façon centralisée. “Nous avons mis en place une market-<br />
« Le digital est une façon de<br />
nous reconnecter à nos métiers »<br />
Or pour travailler de façon plus transversale, autrement<br />
dit augmenter le nombre de parties prenantes sans affecter<br />
le time-to-market des projets, les méthodes de<br />
travail évoluent, et deviennent plus collaboratives. Les<br />
méthodes agiles, qui réunissent sur un même plateau<br />
projet experts métiers et développeurs aguerris, remportent<br />
ainsi un franc succès. “Petit à petit, projet par<br />
projet, nous provoquons une contamination par les pratiques<br />
agiles (planification en sprints, méthodes Scrum<br />
ou Kanban), tout ce qui vise à créer une dynamique<br />
autour de la multiplicité des talents”, détaille Jean-<br />
Christophe Lalanne, Directeur Général Adjoint et DSI<br />
du Groupe chez Air France-KLM. “Dans nos équipes<br />
IT digitales, nous avons réuni des feature teams, c'està-dire<br />
des équipes projet agiles, multidisciplinaires,<br />
se consacrant à des projets précis”, poursuit Amélie<br />
Oudéa-Castera, DGA AXA Particuliers / Professionnels<br />
- Directrice Digital, Marque et Partenariats d'AXA<br />
France. Pour les équipes IT, il s’agit d’une transformation<br />
profonde : les cycles longs de développement, appelés “cycles<br />
en V”, s’avèrent<br />
coûteux. “Par le passé,<br />
comme beaucoup<br />
de banques, nous dépensions<br />
de plus en<br />
plus de jours-hommes<br />
dans des projets cathédrales<br />
qui apportaient<br />
de moins en<br />
moins de résultats et étaient quasi-obsolètes au moment de<br />
leur lancement, du fait de la durée du projet”, juge Olivier<br />
Gavalda, Directeur Général Adjoint du Crédit<br />
Agricole. “Je crois à l'approche better done than perfect :<br />
le véritable enjeu consiste à tenir les délais quitte à ne livrer<br />
que 80 % du besoin, les cas métier complexes pouvant<br />
attendre un peu.”<br />
Florian Sauvin, CDO de Bel<br />
place interne pour recenser nos 220 applications maison”,<br />
glisse Yves Tyrode, CDO de SNCF. “La mise en place de<br />
ce « store » interne est aussi une façon de standardiser les<br />
procédures, les normes et la sécurité informatique”.<br />
Interview<br />
CIGREF<br />
Pascal Buffard<br />
Président<br />
Digitaliser la vitrine sans revoir l'architecture est<br />
inefficace<br />
« La DSI doit elle aussi se réorganiser afin de tenir<br />
compte des nécessités du développement itératif, qui<br />
peut intégrer des partenariats avec un écosystème élargi,<br />
ou de nouvelles façons de travailler, plus agiles. Pour<br />
autant, l'IT n'est pas la seule à devoir être plus agile, les<br />
métiers aussi sont concernés. Et surtout, il est important<br />
de remettre en question aussi bien la vitrine que l'architecture.<br />
Commencer par une refonte de la vitrine sans<br />
penser à revoir les processus et les systèmes back office,<br />
c'est catastrophique et contre-productif ! Il faut que la<br />
Core IT aussi se modernise, ce qui ne veut pas forcément<br />
dire qu'il faille la remplacer. À cet égard, l'architecture<br />
IT devient un métier clé, qui a la lourde tâche de définir<br />
les bons points d'ancrage entre Core IT et Fast IT afin de<br />
garantir tout à la fois rapidité et durabilité. Il n’en reste<br />
pas moins que le niveau de maturité de la fonction SI est<br />
assez variable d'une entreprise à l'autre... elles doivent<br />
trouver l’alignement stratégique qui leur garantit un positionnement<br />
de Business Partner. Dans les faits, la fonction<br />
SI n'est pas si différente de la fonction marketing !<br />
Toutes les deux doivent se réinventer. »<br />
<br />
•<br />
3.3.2. La fonction IT se flexibilise pour<br />
préserver la marche des opérations<br />
“<br />
IT à deux vitesses” : l’expression est récurrente,<br />
de sorte que 57 % des entreprises interrogées se<br />
reconnaissent dans cette situation. Mais s’agitil<br />
forcément d’une perspective à éviter, ou au contraire<br />
d’une indispensable phase d’ajustement ? Les réponses<br />
diffèrent : “Nous avons choisi de faire évoluer l'IT pour la<br />
mettre au rythme du numérique, plutôt que de créer une<br />
IT à deux vitesses”, déclare Virginie Fauvel, Directrice<br />
Unité Digitale et Market Management d’Allianz France.<br />
Isabelle Moins, Directrice des Activités Directes, Digital<br />
et Marketing Client d’Aviva, pondère pour sa part : “L’IT<br />
à deux vitesses est inévitable, puisque nous ne sommes<br />
pas une startup et devons nécessairement faire vivre le<br />
legacy”, estime-t-elle.<br />
D’autres opposent deux logiques difficilement comparables.<br />
“J'ai un problème avec la formulation d’IT à deux<br />
vitesses, je préfère parler de cycles longs et de cycles<br />
courts de développement, ce qui est moins péjoratif”,<br />
précise François Gonczi, Directeur Numérique d’EDF<br />
Commerce. “Le présenter comme ça, c'est frustrer inévitablement<br />
quiconque va être associé à la vitesse la<br />
plus lente.” D’autant plus que certains ERP historiques<br />
se prêtent assez mal à l’agilisation : “Nos équipes<br />
SAP , très utiles au vu de notre métier qui a des liens<br />
forts avec la gestion des stocks, continuent de travailler<br />
selon une méthodologie de projet classique”, confie<br />
Stéphane Mariotto, DSI du groupe Le Duff. “Le cycle<br />
long sera toujours préférable pour les sujets où les<br />
risques d'erreurs ne peuvent être tolérés comme la facturation,<br />
les cycles courts sont plutôt dévolus aux canaux<br />
digitaux web et mobile”, relativise François Gonczi.<br />
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