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40 #Entertainment | Auto<br />

VERS UN RETOUR EN GRÂCE<br />

DES VÉHICULES ESSENCE ?<br />

PAR BENJAMIN GARNIER<br />

Plus faible consommation, prix moins chers à la pompe,<br />

moins d’hydrocarbures brûlés, les avantages d’un<br />

véhicule à moteur diesel ne manquent pas. Cependant,<br />

le «dieselgate» qui frappe actuellement le secteur<br />

automobile a fait changer le sens du vent et les véhicules<br />

essence remontent dans l’estime des consommateurs.<br />

Au point d’observer un retournement de situation ?<br />

18 septembre 2015. Le scandale du «dieselgate» éclate.<br />

Une enquête menée par l’EPA, l’agence de protection<br />

environnementale américaine, révèle que des dizaines de millions<br />

de véhicules seraient concernés par un système de triche à la<br />

pollution : un processus automatisé permettant aux véhicules de<br />

limiter l’émission de gaz polluants afin de passer sans encombre<br />

les tests anti-pollution. Un séisme mondial sans précédent dans le<br />

monde de l’automobile qui a incontestablement joué sur l’image<br />

des moteurs diesel.<br />

Car malgré cette encornure, le moteur diesel jouit d’une image<br />

positive, composée de beaucoup d’avantages par rapport aux<br />

moteurs à essence sans plomb. L’avantage principal qui incite<br />

un automobiliste à acquérir un véhicule diesel réside dans le fait<br />

que celui-ci consomme jusqu’à 20% de moins qu’un véhicule<br />

conventionnel. Les prix à la pompe sont également moins élevés à<br />

la pompe, et ce dans tous les pays européens. Au Grand-Duché,<br />

le diesel est le seul carburant à flirter sous la barre d’un euro<br />

par litre. La conséquence d’un avantage fiscal sur l’essence sans<br />

plomb : au Luxembourg le droit d’accises sur le diesel est fixé à<br />

335 euros par tranche de 1 000 litres contre 462 euros pour<br />

l’essence.<br />

Dès lors, le parc automobile luxembourgeois se retrouve composé<br />

majoritairement de véhicules diesel. En 2015, 70% des nouvelles<br />

immatriculations concernaient des véhicules diesel, contre 28%<br />

pour les véhicules à essence. Une tendance que l’on ne retrouve<br />

pas forcément chez les pays voisins.<br />

Quand la dé-diésélisation devient un enjeu politique<br />

C’est une première en 20 ans du côté belge : les ventes de<br />

véhicules essence ont dépassé celles des véhicules diesel. De<br />

janvier à mai <strong>2017</strong>, sur les 254 899 véhicules vendus, 131 161<br />

roulaient à l’essence et 123 738 au diesel. La raison ? Le diesel<br />

ne représente plus aucun intérêt financier outre-Quiévrain.<br />

La hausse des accises sur le diesel intervenu dès novembre 2015<br />

était l’une des mesures prévues dans le cadre du «tax shift» et<br />

la différence de prix entre le diesel et l’essence est revenue à<br />

l’équilibre.<br />

<strong>BEAST</strong> MAGAZINE #8<br />

En France, la campagne présidentielle s’est emballée dans la<br />

continuité du «dieselgate». La plupart des candidats de gauche<br />

et du centre ont proposé dans leur programme une sortie<br />

progressive du diesel. Sitôt élu, Emmanuel Macron a rappelé<br />

dans son programme vouloir aligner la fiscalité du diesel sur celle<br />

de l’essence pendant son quinquennat, dans le but de réduire<br />

massivement la pollution liée aux particules fines. Ainsi, on a aussi<br />

observé en France des volumes de vente plus élevés du côté des<br />

véhicules à essence que du côté des diesels en <strong>2017</strong>.<br />

Au niveau des chiffres, les tendances sont en train de se croiser.<br />

La part des véhicules diesel dans le parc automobile français a<br />

fortement diminué depuis 2013, passant de 67% à 48% en juin<br />

<strong>2017</strong>, soit l’équivalent des véhicules essence, qui eux sont passés<br />

de 30 à 47% du parc automobile. L’écart à la pompe n’est plus<br />

le même qu’auparavant et il n’est pas garanti pour le propriétaire<br />

d’un véhicule diesel de devoir assumer des coûts d’entretien<br />

élevés.<br />

Une parenthèse avant une tendance à l’électrique ?<br />

Mais ce retour en grâce constaté dans les différents pays<br />

pourrait être contré par l’émergence de nouveaux modèles : les<br />

véhicules électriques. Bien qu’elle n’existe que depuis quelques<br />

mois, l’offre est déjà très fournie : Renault, Peugeot et Citroën<br />

proposent déjà des véhicules électriques sur le marché. Bien que<br />

la démocratisation des véhicules électriques, de par une politique<br />

de communication et d’accessibilité, n’en soit qu’à ses débuts,<br />

certains constructeurs estiment que les véhicules électriques<br />

représenteront 10% du marché automobile mondial d’ici 2020.<br />

Les gouvernements suivent d’ailleurs cette émergence de très<br />

près : alors que Nicolas Hulot, ministre français de l’environnement,<br />

annonçait début juillet la fin des véhicules diesel et essence à<br />

l’horizon 2040, le Ministère du Développement Durable et des<br />

Infrastructures luxembourgeois a entamé une campagne proélectrique<br />

intitulée «Réforme fiscale pour une mobilité durable».<br />

Il faut voir à travers cette réforme une démarche incitative, et<br />

non répressive, pour se diriger vers les véhicules écoresponsables.<br />

Ainsi, les adeptes des véhicules diesel sont les grands perdants<br />

au contraire des propriétaires de véhicules «à zéro émission» qui<br />

pourront bénéficier d’un abattement fiscal de 5 000 euros. Aussi,<br />

cette réforme permettra l’installation de 800 bornes de charges<br />

électriques publiques sur tout le territoire luxembourgeois d’ici<br />

2020 afin de se diriger vers l’électrification des transports.<br />

Une perspective, dès lors, à prendre en compte au sein des<br />

constructeurs automobiles. Comme nous le confirmait Alban Joly,<br />

responsable des ventes chez Peugeot Rodenbourg, lors d’un<br />

récent entretien : « Le changement ne pourra certes pas se faire<br />

du jour au lendemain, mais le constructeur qui ne s’orientera pas<br />

vers l’électrique aura forcément un temps de retard, donc il faut<br />

anticiper ce changement». Au point que les véhicules essence et<br />

diesel lâchent prise ?

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