Magazine_BEAST_2017_Edition_8_complet
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#Technology | Innovation<br />
EBRC,<br />
CAP SUR L’EUROPE<br />
PAR ALEXANDRE KEILMANN<br />
Avec une vision stratégique claire et une prise de risque qui se<br />
traduit par une croissance externe, la société EBRC est en passe<br />
d’atteindre les objectifs posés par Yves Reding il y a maintenant<br />
plusieurs années. <strong>BEAST</strong> est allé à la rencontre du CEO du centre<br />
d’excellence européen dans la gestion de l’information sensible,<br />
pour discuter des initiatives visant à la création d’un marché<br />
numérique européen et du rôle du Luxembourg, dans un contexte<br />
de digitalisation et de menace constante de cyberattaques.<br />
«Depuis 2000, et le lancement des activités EBRC, le monde a<br />
énormément changé. De nombreux acteurs, tels que Facebook<br />
et Twitter n’existaient pas, et Google n’en était qu’à ses<br />
balbutiements» débute Yves Reding. Mais dès sa création, EBRC<br />
s’était déjà clairement positionné sur le digital, notamment avec<br />
l’activité business continuity et Data Centre, et une offre haut<br />
de gamme, prônant la qualité et l’excellence.<br />
Et aujourd’hui, comme le rappelle le CEO de la<br />
société du Groupe POST, nous remarquons une<br />
accélération fulgurante et exponentielle. «Cette<br />
digitalisation est croissante. Elle est partout. Les<br />
business models changent, nos habitudes de<br />
la vie de tous les jours également. Ce qui était<br />
physique devient digital. Prenons l’exemple de<br />
l’industrie automobile qui planche sur la mobilité<br />
autonome et connectée. Ou encore l’apport<br />
de l’intelligence artificielle dans le domaine<br />
de la médecine, facilitant les diagnostics.<br />
Notre génération ne le connaitra pas, mais un jour la machine,<br />
l’intelligence artificielle deviendra supérieure à l’Homme sur tous<br />
les plans, avec les risques majeurs que cela représente pour notre<br />
espèce» explique Yves Reding. Et les acteurs qui sont au centre<br />
du digital et de cette disruption ne sont pas pour autant à l’abri<br />
de se faire disrupter eux-même…. Vision, stratégie et carnet de<br />
route clairs sont donc nécessaires.<br />
Vers la construction d’un marché numérique européen<br />
Dans une Europe à la traîne lorsqu’il s’agit de digitalisation – avec<br />
une disruption menée principalement par les GAFA aux Etats-Unis<br />
et par leurs pendants asiatiques – EBRC compte mener à bien<br />
sa stratégie 2020 et son expansion européenne. «L’Europe reste<br />
le plus grand marché numérique au monde si l’on se réfère au<br />
nombre de consommateurs. Le potentiel est énorme» rappelle Yves<br />
Reding, qui souligne la prise de conscience des gouvernements<br />
européens, avec la série de grandes orientations engagées.<br />
On pense notamment à l’application en mai 2018<br />
du RGPD, texte fondamental qui protège les<br />
données personnelles. «L’Europe a la puissance<br />
d’imposer ses normes, mais pour cela, elle doit<br />
s’unir, or aujourd’hui, elle reste divisée», regrette<br />
le CEO d’EBRC. D’autres règlements ou directives<br />
devraient cependant contribuer au développement<br />
digital du Vieux Continent : la «Cloud Initiative»<br />
vise à soutenir l’industrie du cloud européen, ou la<br />
«Free Flow of Data Initiative», déjà annoncée l’an<br />
passé puis reportée, devrait aboutir avant la fin de<br />
l’année. Yves Reding précise : «L’objectif est la libre<br />
circulation des données, comme c’est le cas pour<br />
les marchandises.<br />
Aujourd’hui, plus de 50 entraves ont<br />
été recensées. Beaucoup de freins<br />
subsistent, mais il s’agit d’une priorité<br />
absolue pour l’Union Européenne».<br />
Cette impulsion est également donnée<br />
par la Présidence estonienne du<br />
Conseil de l’EU, qui va œuvrer pour les<br />
6 prochains mois, avec pour objectif<br />
premier de faire de la libre circulation<br />
des données «la cinquième liberté<br />
fondamentale de l’Union Européenne».<br />
«Un signe fort» pour Yves Reding qui<br />
rappelle que de nombreux chantiers devraient<br />
alors être ouverts : connectivité, commerce<br />
électronique transfrontalier, la portabilité des<br />
données, etc. Il ne faut cependant pas oublier les<br />
menaces grandissantes qui planent en matière de<br />
cybersécurité. Deutsche Telekom a subi l’an passé<br />
une attaque de grande ampleur, et récemment<br />
WannaCry a touché plus de 300 000 ordinateurs<br />
dans 150 pays. «La forteresse Europe affiche du<br />
retard, mais le Luxembourg est réputé pour son<br />
approche risque, et a tous les atouts pour devenir<br />
cette plateforme de data protection nécessaire<br />
en Europe. Les pouvoirs publics et les institutions<br />
européennes l’ont d’ailleurs bien compris» ajoute<br />
Yves Reding, qui pense également que le rôle<br />
de l’ENISA, l’Agence européenne chargée de la<br />
sécurité des réseaux et de l’information, sera<br />
fortement renforcé dans les mois à venir.<br />
<strong>BEAST</strong> MAGAZINE #8