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Thema n°14 Psychonutrition

Connaître son cerveau pour mieux manger

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La restriction calorique a également<br />

un effet positif, chez les animaux de laboratoire,<br />

sur les centrales énergétiques des<br />

cellules, les mitochondries. Celles-ci produisent<br />

leur énergie plus efficacement en<br />

situation de jeûne, et il s’en forme de nouvelles<br />

! En outre, la privation alimentaire<br />

accélère les processus de recyclage dans les<br />

tissus nerveux : tout ce qui n’est pas utilisé<br />

– par exemple, des macromolécules ou des<br />

organites avariés – est digéré. Grâce à ce<br />

programme de nettoyage cellulaire appelé<br />

autophagie (dont l’élucidation a valu à<br />

son découvreur, le biologiste cellulaire<br />

de façon progressive avec le vieillissement<br />

ou rapide dans les maladies neurodégénératives<br />

comme Alzheimer, tendent à éroder<br />

les performances du cerveau. La nourriture<br />

semble influencer, chez les animaux<br />

de laboratoire, la structure du cerveau<br />

et le fonctionnement des réseaux neuronaux.<br />

Mais qu’en est-il exactement chez<br />

l’homme ? Les faits constatés chez la souris<br />

sont-ils aussi valables chez Homo sapiens ?<br />

Comme l’indiquent les observations<br />

réalisées chez des patients atteints de<br />

douleurs chroniques, de rhumatismes,<br />

d’hypertension ou de surpoids, le jeûne<br />

Chez les rats et les souris, le jeûne fait pousser<br />

les neurones et réduit la présence de plaques<br />

amyloïdes, caractéristiques de la maladie d’Alzheimer<br />

Yoshinori Ohsumi le prix Nobel de médecine<br />

et de physiologie en 2016), les cellules<br />

se débarrassent de déchets qui pourraient<br />

constituer un matériau dangereux pour<br />

elles, et qui, une fois retraités, peuvent servir<br />

de matière première pour l’organisme.<br />

Grâce à l’ensemble de ces effets, le<br />

jeûne semble s’opposer aux processus qui,<br />

atténue les symptômes liés à ces affections.<br />

En outre, il réduit d’importants facteurs<br />

de risque associés au développement de<br />

maladies ou démences, comme le stress<br />

oxydatif, les marqueurs d’inflammation<br />

ou la concentration de sucre et d’insuline.<br />

En 2013, Lucia Kerti et ses collègues de l’hôpital<br />

de la Charité à Berlin ont découvert un<br />

autre indice allant dans le même sens : une<br />

glycémie excessive et persistante altère,<br />

chez les hommes comme chez les femmes,<br />

la structure de l’hippocampe, si important<br />

pour la mémoire. Et de fait, ces personnes<br />

obtiennent de moins bons résultats dans<br />

des tests de mémoire que les personnes<br />

ayant moins de sucre dans le sang.<br />

Des résultats transposables<br />

à l’homme… dans une certaine limite<br />

Mais il subsiste des limites à la transposition<br />

des effets moléculaires du jeûne<br />

de l’animal vers l’être humain. Les souris et<br />

les hommes sont – ce n’est pas une découverte<br />

– différents. Notamment, la production<br />

de nouvelles cellules nerveuses dans<br />

l’hippocampe décline plus vite chez les<br />

souris que chez nous. Il est donc possible<br />

que les effets positifs observés sur la neurogenèse<br />

d’animaux en situation de restriction<br />

alimentaire ne se retrouvent pas<br />

avec la même ampleur chez des patients<br />

humains. Autre exemple : la ghréline, un<br />

peptide impliqué dans la régulation de l’appétit<br />

et des alternances de veille et de sommeil,<br />

renforce la mémoire et les capacités<br />

<strong>Thema</strong> / Nutrition<br />

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