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Thema n°14 Psychonutrition

Connaître son cerveau pour mieux manger

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« Docteur Google » est d’autant plus<br />

mauvais que l’utilisateur consulte un<br />

grand nombre de pages, que les informations<br />

sont présentées de façon « racoleuse<br />

» et que l’internaute a tendance à se<br />

considérer malade au lieu de consulter un<br />

professionnel. Les personnes supportant<br />

mal l’incertitude sont particulièrement<br />

sujettes à la cybercondrie.<br />

Quand on tape « mal au ventre » dans<br />

un moteur de recherche, on arrive souvent<br />

sur des sites prétendus médicaux<br />

qui proposent la sensibilité au gluten<br />

comme cause du trouble. Les patients<br />

cochent même dans des listes les symptômes<br />

correspondants à leur cas. Mais ces<br />

service de gastro-entérologie à l’hôpital<br />

de Brême, raconte : « Parfois, les patients<br />

entrent chez leur médecin traitant en lui<br />

montrant un article ou une page internet<br />

sur une intolérance, et demandent : « J’ai<br />

ça, n’est-ce pas ? ». » Il est alors difficile de<br />

faire changer le patient d’avis.<br />

L’effet nocebo : quand<br />

la peur rend malade<br />

Aujourd’hui, c’est la peur du blé qui<br />

domine. Des livres tels que Pourquoi le blé<br />

nuit à votre santé, de William Davis (2012),<br />

et Ces glucides qui menacent notre cerveau,<br />

de David Perlmutter (2015), sont si dramatiques<br />

qu’ils font régner la terreur. Par<br />

Les symptômes des intolérances alimentaires<br />

sont si peu spécifiques que presque<br />

tout le monde peut les présenter<br />

symptômes, notamment pour les intolérances<br />

alimentaires, sont si peu spécifiques<br />

que presque tout le monde peut les<br />

présenter… Même une personne en parfaite<br />

santé « souffre » parfois du ventre ou<br />

de ballonnements. Johann Ockenga, du<br />

exemple, ils contiennent des phrases du<br />

genre : « Les mangeurs de blé meurent plus<br />

tôt » ou « Les céréales modernes décomposent<br />

le cerveau ». En réalité, nombre de<br />

leurs affirmations sont banales et connues<br />

depuis longtemps : tout le monde sait<br />

que la consommation excessive de pain,<br />

pâtes et gâteaux provoque un surpoids<br />

et augmente le risque de maladies qui en<br />

résultent. Mais c’est aussi vrai pour les<br />

produits gras. Dire que le blé, ou le gluten<br />

qu’il contient, détruit le cerveau est scientifiquement<br />

indéfendable. Et pourtant, le<br />

côté alarmisme fonctionne : des millions<br />

de personnes achètent ces livres, devenus<br />

des best-sellers aux États-Unis et en Europe.<br />

Jessica Biesiekierski et ses collègues,<br />

de l’université Monash à Melbourne, ont<br />

montré que la seule peur du gluten provoque<br />

parfois des troubles réels. Les chercheurs<br />

ont cuisiné pendant des semaines<br />

pour des personnes qui se plaignaient<br />

d’hypersensibilité au gluten. Une partie<br />

des sujets recevait des aliments sans<br />

gluten, les autres mangeaient avec peu ou<br />

beaucoup de gluten. Ni les participants ni<br />

les expérimentateurs ne savaient quelle<br />

personne était assignée à quel groupe. Les<br />

trois repas étaient tellement semblables<br />

en goût, consistance et apparence que des<br />

« goûteurs » ne les distinguaient pas.<br />

Les résultats sont sans appel : les<br />

symptômes tels que des nausées ou des<br />

<strong>Thema</strong> / Nutrition<br />

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