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Thema n°14 Psychonutrition

Connaître son cerveau pour mieux manger

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ont placées sur le devant de la scène, liant<br />

ainsi l’alimentation à la santé. Les citoyens,<br />

« consommateurs » de médecine et de nourriture,<br />

ont eux aussi été invités à y penser,<br />

tout en continuant à vivre au jour le<br />

jour. De sorte qu’aujourd’hui, chacun à sa<br />

manière se fraie un chemin parmi la multitude<br />

d’informations, de connaissances et<br />

d’expériences qui lui sont données à lire, à<br />

penser et à vivre.<br />

Or l’alimentation est souvent présentée<br />

de façon contradictoire, entre gastronomie<br />

et diététique, plaisir et restriction, partage<br />

et individualisme. Le plaisir d’un côté, la<br />

santé de l’autre… Pouvons-nous concilier<br />

le bon, le gourmand, le sain, le plaisir et la<br />

nutrition ? Certainement, mais les orthorexiques<br />

ont une façon particulière de s’approprier<br />

le concept d’alimentation-santé.<br />

Le terme d’orthorexie est né aux États-<br />

Unis dans les années 2000 : le docteur<br />

américain Steve Bratman a ainsi défini<br />

ce qu’il pensait être un nouveau trouble<br />

du comportement alimentaire. Dans son<br />

ouvrage, à travers son parcours et celui de<br />

ses patients, il présentait l’orthorexia nervosa,<br />

du grec orthos droit et orexis appétit.<br />

Il s’agissait selon lui de tout individu très<br />

préoccupé, voire obsédé, par les questions<br />

de la santé et de l’alimentation.<br />

Ce n’est pas une maladie<br />

Bratman souhaitait insérer ce genre de<br />

comportements dans le champ des maladies<br />

mentales. Pourtant, aujourd’hui, « ce<br />

trouble du comportement alimentaire<br />

n’en est pas un du point de vue psychiatrique<br />

», nous précise le psychiatre Gérard<br />

Apfeldorfer. L’orthorexie n’est pas reconnue<br />

comme un trouble mental selon les critères<br />

officiels du Manuel diagnostique et statistique<br />

des troubles mentaux (le DSM). Elle est pour<br />

l’instant un phénomène flou et versatile, à<br />

l’intersection du médical et du sociétal.<br />

Si nous revenons à l’étymologie du<br />

terme orthorexie, cela veut dire « manger<br />

droit » et non « obsession du manger sain ».<br />

Ainsi, les « mangeurs sains », plutôt que de<br />

s’affirmer malades, se présentent en éclaireurs,<br />

proposant de nouvelles manières de<br />

penser, de construire et de pratiquer l’alimentation-santé.<br />

Ils se considèrent comme<br />

des ferments d’une société qui se remet<br />

continuellement en question.<br />

Aujourd’hui, ces mangeurs perçoivent<br />

l’alimentation comme un des enjeux thérapeutiques<br />

du monde moderne. Se soigner<br />

par l’alimentation n’est plus seulement<br />

un vieil adage hippocratique poussiéreux,<br />

mais une préoccupation quotidienne et<br />

réactualisée. Un nouveau regard naît : pour<br />

les « mangeurs sains », la meilleure garantie<br />

de la santé tient à la nature des mets<br />

consommés. Pour ce faire, ils mettent en<br />

œuvre des modes de vie spécifiques.<br />

« Que ton alimentation soit ta première médecine »<br />

Hippocrate<br />

Nés dans une société d’abondance,<br />

les « mangeurs sains » se « priveraient »<br />

souvent afin de rendre leurs aliments<br />

rares. Ce qu’ils mangent devient un bien<br />

précieux. Ils consomment uniquement<br />

des produits de saisons, planifient leurs<br />

repas et les ajustent les uns aux autres. Ils<br />

prennent le temps de faire eux-mêmes :<br />

<strong>Thema</strong> / Nutrition<br />

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