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Thema n°14 Psychonutrition

Connaître son cerveau pour mieux manger

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ignore d’ailleurs qui arrive en premier :<br />

l’inquiétude ou les symptômes ? Selon<br />

Rief, ces plaintes reflètent surtout une<br />

peur des conséquences de notre civilisation<br />

moderne. Les progrès technologiques<br />

effraient de nombreuses personnes, qui<br />

craignent de perdre leurs racines. Elles<br />

deviennent alors méfiantes et voient des<br />

dangers partout (dans les ondes électromagnétiques<br />

ou les « poisons » qui contamineraient<br />

nos aliments).<br />

« Rien ne vaut la cuisine de maman »<br />

Ainsi, de nombreux consommateurs<br />

pensent que tout était meilleur avant,<br />

quand leur grand-mère ne cuisinait<br />

qu’avec des ingrédients de son champ. En<br />

juin 2014, un sondage Ipsos révélait que<br />

64 % des Français se disent inquiets des<br />

effets de l’alimentation sur leur santé. Et<br />

plus de 40 % des Allemands craignent que<br />

les aliments d’aujourd’hui soient moins<br />

sains et davantage contaminés par des<br />

polluants qu’il y a vingt ans. Alors qu’en<br />

fait, de nombreux facteurs se sont améliorés.<br />

Par exemple, les fruits et légumes sont<br />

aujourd’hui beaucoup moins contaminés<br />

par des pesticides. Lorsque des résidus<br />

sont détectés, leur concentration est toujours<br />

en dessous du seuil autorisé. En<br />

outre, notre corps contient six fois moins<br />

de traces de dioxine qu’il y a trente ans<br />

(ces substances organiques émises en<br />

partie par les processus industriels sont<br />

considérées cancérigènes pour l’homme).<br />

Et en Europe, il n’y a presque plus d’hormones<br />

dans la viande, car l’ajout de ces<br />

substances aux aliments des animaux est<br />

interdit depuis 1988.<br />

Nous n’évaluons donc pas rationnellement<br />

les risques de certains aliments<br />

et nos estimations sont souvent fausses.<br />

Ainsi, nous craignons de nouveaux risques<br />

présumés – tel le gluten –, mais nous perdons<br />

de vue les plus anciens, comme les<br />

salmonelles, des bactéries infectieuses qui<br />

contaminent parfois certains aliments.<br />

De plus, en général, nous surévaluons les<br />

risques émanant des substances fabriquées<br />

par l’homme, telles les conservateurs, et<br />

sous-estimons les dangers naturels comme<br />

les toxines des plantes. À l’inverse, nous ne<br />

nous méfions pas beaucoup des produits<br />

alimentaires raffinés, qui sont souvent de<br />

mauvaise qualité.<br />

Nous surévaluons les risques des substances<br />

artificielles et sous-estimons les dangers naturels<br />

Les développements techniques ont<br />

probablement exacerbé nos peurs, car les<br />

instruments de mesure sont de plus en<br />

plus performants. Nous sommes maintenant<br />

capables de détecter des concentrations<br />

même infimes de contaminants dans<br />

les aliments. Ce qui ne signifie pas que la<br />

substance soit dangereuse à cette faible<br />

concentration, ni qu’elle ait été absente<br />

auparavant. Peut-être ne pouvions-nous<br />

simplement pas la voir avant.<br />

Peur de la nouveauté<br />

Quelles sont les conséquences psychologiques<br />

d’une telle peur des aliments ?<br />

En 2002, le psychologue australien Keith<br />

Petrie, de l’université d’Auckland, a écrit<br />

que la « défiance des personnes envers la vie<br />

<strong>Thema</strong> / Nutrition<br />

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