HI-FI Pierre-Benoît Sepulchre Le laser contre-attaque Les mélomanes qui disposent d’une importante collection de CD sont légion. Un support qui n’a pas dit son dernier mot, celui-ci surpassant la qualité audio du streaming ainsi que des vinyles. 62
À l’heure où des millions de morceaux musicaux sont à portée d’index sur nos smartphones et tablettes, à quoi bon encore s’encombrer d’un lecteur CD ? De nos jours, il n’est plus nécessaire de stocker d'innombrables boîtes contenant des disques pour faire plaisir à ses oreilles. Les Spotify, Tidal, Deezer et autres Apple Music nous permettent en effet d’accéder, pour quelques euros par mois, à toute la musique qui a été produite depuis le milieu du siècle dernier. Face à une telle offre et surtout à une praticité déconcertante, certains ont pourtant décidé de faire de la résistance. LE CD FAIT SON GRAND RETOUR, POUR LE PLUS GRAND BONHEUR DES MÉLOMANES. GRANDEUR ET DÉCADENCE Né en 1982, le Compact Disc est le fruit d'une étroite collaboration entre Philips et Sony. À l'époque, la volonté était d'offrir une nouvelle façon d'écouter de la musique, avec une qualité sonore jamais atteinte. Il faut dire qu’en la matière, cassettes audio et vinyles laissaient à désirer. Sans trop de surprise, le CD va dominer le marché pendant près de 30 ans, reléguant les anciens supports aux oubliettes. Mais dès le début des années 2000, deux concurrents de taille apparaissent : le format MP3 et la musique dématérialisée. Des appareils tels que l’iPod et l’iPhone, ainsi que des plateformes comme Napster, bouleversent le marché et poussent de nombreux mélomanes à progressivement délaisser leurs disques optiques. MORT POUR DE BON ? Actuellement, les ventes de CD ne représentent plus que 10 % de ce qu’elles étaient à la fin des années 90. Les services de streaming musical, eux, pèsent plus de 85 % au sein du marché de la musique enregistrée. Dans ce contexte, le vinyle opère depuis une décennie son grand retour. Rien qu’à la Fnac, le microsillon représente aujourd’hui quelque 30 % des ventes de musique physique ! Et c’est là tout le paradoxe de notre époque : à l’heure où des millions de chansons sont écoutées quotidiennement par l’intermédiaire des plateformes de streaming, subsistent des supports physiques qui nécessitent des appareils dédiés, souvent chers et encombrants. Pourquoi ? Tout simplement car une source de musique n’est pas l’autre. Le streaming est privilégié lorsqu’on est en mouvement, que l’on soit au volant, dans le métro ou encore occupé à courir, tandis qu’un disque est synonyme de rituel, de détente et de plaisir. Ce sont deux modes d’écoute diamétralement opposés. Vinyles et CD comblent aussi les collectionneurs, qui peuvent entretenir un contact physique avec l'œuvre qui est le fruit de leur artiste préféré, ce que ne permet pas la musique dématérialisée. UN FORMAT IDÉAL En concevant le CD il y a tout juste quarante ans, les ingénieurs japonais et néerlandais ont visé juste. Là où la “galette noire” craint la poussière et la chaleur, casse, s’use à force d’être écoutée, nécessite d’être retournée et procure une qualité sonore souvent moyenne, le disque optique, lui, balaye tous ces défauts. En outre, le vinyle doit composer avec un bruit de fond qui altère sa dynamique, les moyennes oscillant entre 50 et 70 dB. Le CD, lui, pointe constamment à 90 dB ! Comparé au vinyle, le disque laser a donc de nombreux avantages, d’où un regain d’intérêt depuis quelques années. v 63