1 - Institut kurde de Paris

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LE MONDE 4.4.88
TURQUIE: entre intégratïön et séparatisme
Les Kurdes commencent à faire admettre
une certaine spécificité
Vingt militants du Parti des
traYalIIeun du Kurdistan (PKK)
et trois militaires turcs ont été
tués, le ,endredl .- .. rll, Ion
d'uae manœune d'encerclement
effectuée par l'armée turque
dans une région montagneuse de
la pro,lnce de Mardin. Cet
accrochage, le plus meurtrier
deplds la reprise du terrorisme
kurde en • ~IU. sunlent alon
que le gOll1'fflleDlellt turc essaie
dmldement d'usoupllr sa politique
emers la population kurde.
DIYARBAKIR
de notre envoyé spécial
Mal protEa6: du vent slacia' par
un voile de coton blanc, une femme
attend depuis le matin avec une centaine
d'aul/'el parents, parfois venus
d'auasi loin qu'lItanbul, II 600 kilomètres,
son tour de visite hebdomadaire.
Condamn~ à mort pour activitEs
sEparatistes kurdes, son fils est
détenu depuis le coup d'Etat de
1980. A l'entrEe de la prison militaire
de Diyarbakir, symbole
jusqu'en 1984 d'une pratique de la
torture parfois attestEe, aUJourd'hui
encore. dans les commissariats,
J'ambiance ell maintenant I
"espoir : les visiteurs confirment
l'am~lioration des conditions de
dEtention et de visite qui ont fait
l'objet d'une srève de la faim de
onze jours menEe en d~but d'annEe
par quatre cent deux prisonniers, et
qui a coût~ la vie I l'un deux :
• No"s le"r ovans opporll des /nstrumenls
de "'"I/que, u,. mllclrlM
Iller/re. Jls Il'0111PDS"M lell"e C01'clrole
el IIO"SoYOnsP" le", porle,
libremelll ell kurde; Irs prdlens se
teM/ellt ell relroll.•
• T"r",' Orol s'est comparU ell
pllllemoll • : les parents ont app:6ci~
la r"ction rapide du Touvernement,
en contraste a vce la srève de
1984 oû plusieurs dEtenus avaient
trouvé la mort. Cette attitude a valu
au premier ministre les critiques de
certains membres de son propre
parti: en leur répétant qu'. 011 M
po"volt occ"ser les lens de pdrler
/curde si l'ElOI 0 III IlICoJHIblede
le"r ellSt/llltr le I"rc _, M. Ozal a
larJlement innové dans une tradition
qUI assimile toute reconnaissance
d'une s~ificité culturelle ou mème
IinSuisllque kurde I un encourasement
au s.!paratisme.
Officiellement, l'intElration du
Sud-Est est un problème de sousdEveloppement
économique. MEtropole
rEsionale, Diyarbakir n'a que
CIeux usines pour trois cent mille
babitants. A JO kilomètres sur la
route principale, parfois I
SOO mètres d'une base de l'OTAN,
des villa.es sans ~lectricitE ni eau, pi
~Ie, vOIent pourrir dans la boue les
poteaux et nIs Electriques, lases de
promesses Electorales non tenues.
Aucun meuble dans la seule pièce
de la maison oil nous sommes reçus :
les {laysans n'ont qu'un mot pour
.ucnre leur vie : • C'tst "M PO"-
:belle -, avant d'ajouter: • Q"olld 011
vo Il AlIkorD 0" /stallb"/, 011 0
l'Imprtss/oll de chollltr dt JHlYS.-
Les investissements toutefois été
spectaculaires depuis trois ans dans
la r~gion. En attendant l'achèvement
dans les ann~es 90 du grand
projet hydroélectrique du Sud-Est
anatolien, its se sont concentrEs dans
les zones sensibles, aux frontières en
particulier, oû les activitEs terrorista.
oat repris ell 1.'lg.4. Après les
massacres de civils {lCr~trEs l'annEe
dernière par le Part. des travailleurs
du Kurd.stan (PKK), un • superfOUvernorat
-, rassemblant les provinces
du Sud-Est soumises I l'~tat
d'urlence, a Eté créE. Les nationalistes
kurdes ont vu en toutes ces initiatives
la reconnaissance forc~e
d'une entité kurde.
Suspicion
permaneate
NiEe par le pouvoir, cette entité
est cependant vécue de manière très
ambigue dans la population. AlimentM
par une surveillance policière
pesante, sans ~quivalent I
l'ouest du pays, la conscience
d'appartenir I un .roupe distinct
conllnue d'etre vive dans la jeunesse
éduqu6:. Certains n'hEsitent pu I
employer le terme de • ptUplt. et
de • 1I0ti01l -. B~ucoup parmi
ceux-ci ont approuvé le dEputé
social-démocrate d'Istanbul qui,
immédiatement désavoué par la
direction de son parti, a récemment
parlé de • milloriti lIhlliq"e _.
Loin d'aller I sens unique ven
"aplanissement des diftlrence.
curturelles, le d~veloppement de
l'enseisnement en renforce parfois la
conscience : alors que policien et
militaires, faisant écho I la thèse
officielle, expliquent que • le dlolecle
kurdt tst "11 romto" dlpnln
d" t"re -, il n'est pu besoin d'etre
f~ru en philolosie pour découvrir, en
apprenant l'anglais, la nIiation indoeuropéenne
de la langue et sa diff6rence
radicale avec le turc. Les
poursuites ensasées contre Aziz
Nesin, l'un des plus grands ~crivains
turcs, accusé d'.voir ~crit que
l'. U/sttllCt d'''lIe 101l",t k"rdt
dlst/llclt nI "11 foil scielllifiq"e-,
n'en paraissent que plus insoutenables.
Une majorit~ de Kurdes refusent
pourtant cette notion de • minorité.
I laquelle est du reate attacbEe une
connotation nésative parce qu'elle
rappelle l'utilisation des minoritEs
cbrEtiennes par les puissances européennes
lors du partale de l'Empire
ottoman, au siècle dernier.
Sans doute s'irrite-toOn de la SUIpicion
permanente en laquelle est
tenue toute manifestation de la
culture kurde, comme en t~moisne'
l'indi,nation de celle mère de
dEtenu : • On IIO"Snhallu oreilles
ovec le challpment dt 110m forci
dts T"rcs dt B"I,orle, dit-