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1 - Institut kurde de Paris

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lA l''''.nt."e np<br />

dolt pas reNter<br />

passive <strong>de</strong>v.nt<br />

ln guerre<br />

chimique menée<br />

t.'Ont.." les<br />

Kur<strong>de</strong>s<br />

LA CROIX 18.5.88<br />

FRANçoISE BOUCHET<br />

Juriste<br />

MASSACRES AU KURDISTAN IRAKIEN<br />

amas <strong>de</strong> civils victimes <strong>de</strong> la<br />

guerre chimique, nous ne ~.<br />

vons que nous taire. Oui s'il . '\',<br />

s'agissait d'un. vœ~ ?e silence ...<br />

éternel <strong>de</strong> l'humaruté tout entière<br />

: <strong>de</strong>uil et pénitence. Mais<br />

dans le mon<strong>de</strong> actuel, il n'est<br />

vraiment pas ~uste que seuls<br />

Malgré le flot <strong>de</strong>s les morts se taisent.<br />

informations in- Il y a quarante ~,' <strong>de</strong>s<br />

ter n a t ion a Ie s, images semblables avalent en.<br />

malgré l'horreur, traîné la constitution du tri.<br />

le désarroi, l'im. bunal <strong>de</strong> Nuremberg pour ju.<br />

puissance où elles nous entrai- ger les crimes naZIS.<br />

nent, il faut absolument Aujourd'hui encore l'affaire<br />

aujourd'hui revenir à la sur. Waldheim montre que ceUl<br />

face <strong>de</strong> nous-même, réveiller qui savaient ou qui auraient.<br />

notre conscience et notre in. dû se douter et qui n'ont rien<br />

telligence puisque nous ne dit sont coupables au même<br />

pouvons pas réveiller les titre que les bourreaUl.<br />

morts du conflit Irak-Iran. Il ~ ~ aujourd'hui e~viro~<br />

J'accuse, je proclame ... tous 50 millions <strong>de</strong> Fran~ q~<br />

ces mots ont déjà été utilisés savent que l~ {lOpulatio~ ,CImais<br />

je réclame le droit <strong>de</strong> viles <strong>de</strong> la region frontaliere<br />

leur redonner leur fo~ pour . entre 1:1ran e~ l'I~, ap~<br />

me révolter côntre les Im8ges nant a la mmonté ethnique<br />

<strong>de</strong> massacres <strong>de</strong>s poi>uJations <strong>kur<strong>de</strong></strong>, sont gazées dans leurs<br />

civiles au Kurdistan irakien villages. Une sorte d'Oradour<br />

que nous avons reçues sans oriental en plein air.<br />

explication, sans commen- Ils savent. Pourtant le<br />

taire. scandale <strong>de</strong> cette guerre se<br />

Une nouvelle doctrine mé- concentre dans notre pays sur<br />

diatique serait-elle née le si- l'affaire Luchaire; une minalence<br />

<strong>de</strong>s mots le ch~ <strong>de</strong>s ble histoire <strong>de</strong> vente d' annes<br />

photos? Cert~ins pensent et <strong>de</strong> détournement <strong>de</strong> fonds<br />

peut-être que <strong>de</strong>vant un tel sous co~vert. ~e fman~ement<br />

« spectacle », celui <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>s partis politiques. Mmable.<br />

femmes et enfants, <strong>de</strong> ces<br />

~ ~ ~<br />

je {lèse mes mots, cette affaire<br />

re1eve dans notre pays du<br />

pouvoir <strong>de</strong>s juges et non <strong>de</strong>s<br />

politiciens. CeUl-ci ont une<br />

autre tâche, un <strong>de</strong>voir et un<br />

pouvoir qu'ils sont seuls à détenir<br />

et qu'ils exercent en notre<br />

nom, celui du respect du<br />

droit international.<br />

Il faut pourtant reconnattre<br />

<strong>de</strong> leur part une fâcheuse tendance<br />

à se soustraire à cette<br />

obligation. Une tendance<br />

sournoise même car on croirait<br />

facHement à les voir que<br />

ce droit international n'existe<br />

pas. Nos gouvernants s'inclinent<br />

sur ces mé<strong>de</strong>cins qui déposent<br />

un peu <strong>de</strong> baume sur le<br />

chaos, ils auraient mieux à<br />

faire.<br />

Je voudrais dire aujourd'hui<br />

qu'il existe <strong>de</strong>s moyens<br />

juridiques <strong>de</strong> mettre un terme<br />

aux atrocités <strong>de</strong> ce conflit et à<br />

ce conflit lui-même. Les<br />

conventions <strong>de</strong> Genève adoptées<br />

sous l'égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Croix-<br />

Rouge réglementent strictement<br />

le droit <strong>de</strong> la guerre et la<br />

protection <strong>de</strong>s populations ci.<br />

viles. Le contrôle du ràlpect<br />

<strong>de</strong> ces obligations est confié<br />

par les Btats à la Croix-<br />

Rouge. Or celle-ci, qui avait<br />

enduré les horreurs nazies<br />

sans cesser son activité auprès<br />

<strong>de</strong>s victimes, a lancé en 1983<br />

un SOS, estimant <strong>de</strong>vant<br />

l'ampleur <strong>de</strong>s atrocités qu'elle<br />

ne pouvait assumer elle-même<br />

ce travail. Quels sont les États<br />

qui ont entendu cet appel qui<br />

leur redonnait toute la responsabilité<br />

du contrôle?<br />

La conven tion sur le génoci<strong>de</strong><br />

adoptée en 1948 au len<strong>de</strong>main<br />

<strong>de</strong> la guerre confie sa<br />

mise en œuvre aUI États,<br />

mais aucun d'entre eUI n'a<br />

encore jamais utilisé cette<br />

possibilité. Enfin <strong>de</strong> nom-<br />

breux textes adoptÇ8 80US<br />

l'égi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Nations Unies auraient<br />

dû protéger ces morts.<br />

Mais pour cela, seuls les<br />

États, même un seul d'entre<br />

eux parfois, peuvent intervenir.<br />

Le droit ne suffit pas, bien<br />

sûr, et une condamnation ne<br />

remplace pas une protection.<br />

La Charte <strong>de</strong>s Nations Unies<br />

prévoit justement dans ces cas<br />

('envoi <strong>de</strong> la police ou <strong>de</strong> l'armée<br />

internationale, les Casques<br />

bleus, pour sauver ce qui<br />

peut l'être avant <strong>de</strong> pouvoir<br />

rétablir un ordre juridique.<br />

Les Casques bleus sont présents<br />

au Liban, à Chypre, en<br />

Corée. Les Américains sur.<br />

veillent la frontière du Honduras,<br />

les Français celles du<br />

Tchad. Les militaires se dép'lacent<br />

plus facilement quand<br />

ils sont sous comman<strong>de</strong>ment<br />

national que pour faire respec-<br />

ter les engagements internationan<br />

.<br />

Notre mauvaise conscience<br />

<strong>de</strong> marchands <strong>de</strong> canons ne<br />

<strong>de</strong>vrait pas nous faire oublier<br />

que nous <strong>de</strong>vons aussi porter<br />

l'habit du pompier dans cette<br />

région du mon<strong>de</strong>. La France<br />

doit <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r la convocation<br />

du Conseil <strong>de</strong> sécurité <strong>de</strong>s Nations<br />

Unies, eIiger la création<br />

d'une mission d'enquête internationale,<br />

et prendre avec les<br />

autres pays les mesures d'interposition<br />

et les sanctions qui<br />

s'imposent.<br />

Courage, ar<strong>de</strong>ur, paix ci.<br />

vile, ces promesses, le peuple<br />

<strong>de</strong> France voudrait pouvoir<br />

les tenir <strong>de</strong>vant les autres<br />

peuples. Il risque sinon <strong>de</strong> se<br />

réveiller un ma tin dans <strong>de</strong>s<br />

vêtements beaucoup trop<br />

grands pour lui, ceUI <strong>de</strong> ses<br />

valeurs.<br />

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