1 - Institut kurde de Paris

lES KURDES ~R~I~r~:fE DES JEUNE~.~ATlONS
-----.. c
ENTRE DEUX FEUX
IC l 'est
un génocide... Le recours à
l'arme ..éhimique .{ait. partie d'un
plan: orchestré par le régime. de
Bagdad pour iuiéantir les KurdesJ ~, lance
Ahmed Barmani, représentant de l'Union
patriotique du Kurdistan de )alal Tal2bani.
« Et si nous luttons, poursuit-il, c'est pour
ne pas subir le même sort que les Annéniens.
»
Le 16 mars, à 14 h 30, des Mirage FI
irakiens bombardent la localité li'Halabja,
dans le Kurdistan d'Irak, qui avait été prise
par l~ lrani~ns. Les avions lâchent de sales
nuages jiuriitrès, 'compOsés d'ypérite (le gai
moutarde), de cyanide et autres gaz attaquant
toute forme de vie. Bilan provisoire: sept
mille personnes touchées, dont 70 % vont
mourir ou bien rester dans un tel état d'affaiblissement
qu'elles n'échapperont à aucùne'
maladie. Gazé, un enfant de quatre" an~
devient comme un vieillard de 9uatre-vingts
ans ...
L'horreur a p~voqué les condamnations .
internationales, relancé le débat sur les
g'Jerres chimiques:.: et rait resurgir l~ « ques- .
tion kurde», .que J'Histoire enfouit habituellement
au plus 'profond de ses tiroirs.
Car les bombes rie visaien.t" pas '1'armée ira- .
nienne -le rront li'étant déplacé plus
avant- mais la population civile kurde.
Pourquoi le gouvernement irakien a-t-il'
pris la décision de frapper. Ses propres ressortissants
de manière. aussi' ignoble? pàr
vengeance, d'abord. Parce que, sans l'appui
deS combattants kurdes irakiens, qui connaissent
parfaitement ~ terrain montagneux où .
ils sont chez eux, .1:aimée. irapieilOe aurait
été incapable de pêr,er sur le front nord.
Ce furent, d'ailleurs, Îes maquisards de
l'U.P.K. qui entrèrent les premiers dans .
Halabja, bientôt rejoints pàr les jashs (I)
irakiens qui passèrent de leur côté, puis par
les soldats iraniens.' Ce bombardement Cut
aussi un avertisse~eiit' dirigé vers la popu-
~tion kurde, qui soutient l'organisation opposée
à Saddam Hussein,.le maître de Bagdad,
et envoie régulièrement ses fils rejoindre 'Ies:
peshmei'gas' (2) au lieU- d'äI(~ 'go!itler 'Ies::
ran~ de l'armée régulière qui se bat contre
l'Iran. « Moins de 2 % de la population kurde .
.a participé à l'effort de guerre et je ne l'oublierni
jamais., avait déclaré le président
irakien en 1981
Premier producteur d'armes chimiques
dans la région, grâce à ses usines de Samarra,
AI Fajullah, SaImanpak, l'Irak n'hésite pas
à recourir à la «mort sale », et ce n'est'
pas la première fois qu'il la braque contre
ses Kurdes: «Le 15 avril 1987, les premiers'
bombardements frappèrent le quartier général
de lU.P.K., faisant 137 motts, rappelle son
représentant. Depuis, l'arme chimique a été
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"
.systématiquement utilisée, dans /'indifférence
générale. » .
Par ailleurs, les opérations de' ratissage
ont été renforcées ill Kurdistan irakien, qui
. subit un processus d' " arabisation» touchant
déjà près de la moitié de son territoire. Près
de trois mille villages ont été rasés el, selon
des sources kurdes, le régime s'attaque aujourd'hui
aux petites villes, comme. Cho\l:!rtah.
qui n'existe plus, avant de passer aux grandes
villes comme Soleymaniah.
781 villages rasés
en deux ans
La population est envoyée dans deS camps .
. de regroupement situés dans des régions désertiques
ou semi-désertiques, près des frontières
jordanienne. et saoudienne, que la Croix;
Rouge internationale a visités. Il existe également
un vaste projet de regroupement à
Bedgi, à côté de la célèbre Tikrit ... où naquit
Saddam Hussein.
Quant au Kurdistan, il compte quelques
camps où les Kurdes peuvent être facileJl1ent
contrôlés, mais il est surtout repeuplé par
des bédouins ou des immigrés égyptiens qui
se voient octroyer tout le nécessaire à une
confortable installation (argent, maison, trac.
teur. ..). Si l'on emploie le bâton pour chasser
les Kurdes, il faut hien une carOlle pour allirer
UNE NATION SANS ETAT
Superficie : SOO000 km'
Population: plus de 20 millions, qui se
répartissent sur cinq pays: Turquie: 10
millions ; Iran : 7 millions; Irak: 4 millions;
Syrie: 800000; U.R.S.S~ :
350000. ..
Richesse: le pétrole ! Notamment à «ir.
kouk (Irak). Bakhtaran (ex-Kermanchah)
et Hamadan (Iran), Batman et Gawran
(Turquie). Des minerais.
langue: le kurde, langue indo.européenne
qui comprend plusieurs parlers.
.
Religion: Islam sunnite à 95 %.
les nouveaux venus dans une région lt;Insformée
en poudrière !En effet, dans les régions
de Soleymanlah, KJrkouk, Arbil, l'U.P.K.
veille, tarabustant régulièrement les forces
gouvernemeniàleS avec;ses 10 000 peshmergas
et ses milices armées, organisées dans les
villages «libérés» qu'elle contrôle. Et lU
nord, vers la frontière turque, c'est le territol~
du Parti démocratique' du Kurdiscan,Irak
(P,D.K.-Irak), qui regroupe 3000 peshmer- ~.
gas... Mais, depuis trois ans, l'U.P.K. est
considéré comme l'ennemi numéro un du'
gouvernement centrai.
., .,
En 1983, l'U.P.x. avait èrigagé des pourparlers
avec Bagdad, maigre l'avis des autre!
mouvements kurdes. Ces né2ociatio~' Cat.
mèmltle jeu sur le terrain j~u'en janvier
1985. date à laquelle l'intransigeance de Bag-
~ les conduisit à l'échec. La: guérilla reprit
de plus belle, chaque camp durcit ses positions.
Les peshmergas, enclavés dans leurs
montagnes sans porte ouverte vers l'extérieur,
q,rouvèrent des difficultés à faire front, alors
que le goUVernement Intensifiait sa politique
de 'a terre brûlée (781 villages ont été rasés,
836 écoles ont été fermées entre 1985 et 1987).
L' U.P.K. ~ rapprocha alors de son rival,
le P.D.K.-lrak, dont elle avail dénoncé J'alliapée
avec Téhéran. Les combats entre les
~ organisations cessèrent; peu à peu une
coopération militaire et politique s'instaura
sur le terrain et, l'été dernier, le P.D.K.-Irak
,qulgnlt un fro~t formé par l'U.P.K., qui
réc:1.,ue l'autodétermination et le renverse-
/Ilent du régime. «La. prochaine étape,
~lique Ahmed Barmani, consiste à unifier
les maquisards et l'administration et à créer
un ~l bureau d'information et les mêmes
t,lfJrisentations à l'étranger. »
~n 1986, l'U.P.K. engagea parallèlement
des tractations en vue d'une nouvelle alliance
avec Téhéran. Elles durèrent de longs mois,
car I.emouvement kurde se monlrait soucieux
de 50n indépendance et reCusait les conditions
de Téhéran, qui voulait se servir de lui pour
miller... ses propres Kurdes, et notamment
!e Parii qémocratiquf dù Kurdistall iranien
(P.D.K.!.) d'Alxlul Rahman Ghassemlou !
L'f,J.P.K. promit seulement de ne pas aider
ses homologues iraniens et de mener des
ppérationS militaires contre l'Irak, aux côtés.
de l'Iran, mais avec ses propres méthodes,
moyCflS et directions militaires. Voulant trailer
sur un pied d'égalité Jusqu'au moindre détail
- ell~ avait la carte du Kurdistan entre les .
malns- l'U.P.K. fit même changer l'ap-
~!lation de ses combatiants dans les commun,qllés
iraniens, qui les qualifiaient de
« musulmans kurdes irakiens» ... En majorité
sulUlites, les Kurdes se montrent généralement
très modérés sur les questions religieuses.
forte des suCCÈSmllitaires remportés avec
l'Ir;1p, l'U.P.K. mène aujourd'hui une guerre .
de front: «NOllS devons tenir nos bases,
" expliq1!e Ahmed Bannanl. et, pour le moment,
nous n'avons perdu que deux villages. Car
,'est notre. existence qui est maintenant en
jeq, et non plus notre autonomie ou une
pœJ{billté d'autodétermlnalion.» Dans un
em,et1~ accordé au joumaJ Le Monde (3);'
JaJal TalabanJ a déclaré qtJ' il ne négocierait
jIIus lamais avec Saddam Hussein : « La. roptw.e
entre nous et le numéro un irakien est
délinItive et irrWocable».
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