Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris
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REVUE DE PRESSE~PRESS REVIEW~BERHEVOKA ÇAPÊ~RIVISTA STAMPA~DENTRO DE LA PRENSA~BASIN ÖZETi<br />
ont été sigilalés jusqu'à Kars, bien<br />
au nord <strong>de</strong> la zone traditionnellement<br />
kur<strong>de</strong>, <strong>et</strong> un touriste austra.<br />
lien a été brièvement détenu par le<br />
PKK c<strong>et</strong> été, enlevé dans la province<br />
<strong>de</strong> Sivas, en pleine Anatolie<br />
centrale.<br />
Le tourisme,<br />
source tarie<br />
« Nous en finirons avec le PKK<br />
avant le printemps 1994 », a<br />
déclaré récemment le chef<strong>de</strong> l'état.<br />
major <strong>de</strong>s forces armées, le général<br />
Dogan Güres. La presse turque, qui<br />
a rapporté ses propos à la « une »,<br />
n'a pas relevé que ce succès imminent<br />
avait déjà été annoncé à plusieurs<br />
reprises.<br />
Les conséquences du conflit sur<br />
l'économie locale sont évi<strong>de</strong>ntes.<br />
L'importante source <strong>de</strong> revenus<br />
que représentait le tourisme pour la<br />
province <strong>de</strong> Van, par exemple, est<br />
presque tarie : quelques rares<br />
groupes <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raités américains<br />
s'aventurent' encore dans la région,<br />
leurs gui<strong>de</strong>~ refusant <strong>de</strong> tenir<br />
compte du danger qui les gu<strong>et</strong>te. A<br />
Tatvan, quatre bacs languissent sur<br />
les eaux bleu sombre du lac, situé à<br />
1 700 mètres d'altitu<strong>de</strong> : le trafic<br />
ferroviaire a été interrompu, le<br />
train que les bateaux transféraient<br />
régulièrement jusqu'à Van ayant<br />
été à plusieurs reprises la cible du<br />
PKK au cours d'attaques qui rappelaient<br />
les métho<strong>de</strong>s du Far-West.<br />
« L'Etat est convaincu que les villageois<br />
soutiennent le PKK par<br />
peur. Il pense que si leur peur <strong>de</strong><br />
tEtat est plus gran<strong>de</strong> encore, il<br />
pourra les r<strong>et</strong>ourner», explique un<br />
responsable local. Pour que .les villageois<br />
puissent' se, défendre contre<br />
le PK!Ç le,gou:V~plementdist,ribue<br />
<strong>de</strong>s armes. Dans l'ensemble <strong>de</strong> la<br />
région, sous état d'urgence, au<br />
moins trente mille « gardiens <strong>de</strong><br />
village» -ou miliciens progouvernementaux<br />
- touchent un salaire<br />
mensuel. « Les villageois doivent<br />
absolument accepter les armes du<br />
gouvernement », souligne le kaymakam.<br />
qui reconnaît que leur réticence<br />
est un problème sérieux.<br />
Les organisations <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong><br />
l'homme mentionnent la forte pression<br />
gouvernementale sur les villageois<br />
trop obstiné,s. Des centaines<br />
<strong>de</strong> villages auraient été évacués"<strong>de</strong><br />
force ou brûlés dans l'ensemble <strong>de</strong><br />
la région soùs état d'urgence, parce<br />
'que leurs habitants refusaient <strong>de</strong><br />
collàborer avec r'Etat~<br />
« La plupart dés gardiens <strong>de</strong> village<br />
partagent leur salaire avec le<br />
PKK », affii:me un' journaliste<br />
. kur<strong>de</strong>. La seule tribu qui refuse<br />
c<strong>et</strong>te « police'd'assurance», ajout<strong>et</strong>oil,est<br />
celle <strong>de</strong>s Sigo, répartie dans<br />
plusieurs villages<strong>de</strong> la région. Lorsque<br />
les combattants du PKK<br />
avaient ouvert le feu sur <strong>de</strong>s minibus<br />
transportant <strong>de</strong>s civils à Mutki,<br />
près <strong>de</strong> Tlltvan. le 19.septembre,<br />
c'est apparemment ce clan qu'ils<br />
avaient choisi pour cible.<br />
La recru<strong>de</strong>scence <strong>de</strong>s groupements<br />
armés <strong>de</strong> toutes tendances<br />
inquiète les responsables kur<strong>de</strong>s.<br />
« Il est facile <strong>de</strong> distribuer <strong>de</strong>s<br />
armes, if est plus difficile <strong>de</strong> les<br />
reprendre », explique l'un d'eux,<br />
qui adm<strong>et</strong> craindre à la fois le '<br />
PKK <strong>et</strong> les forces gouvernementales.<br />
Dans sa lutte contre le PKK,<br />
l'Etat turc emploie, outre les gardiens<br />
<strong>de</strong> village,l'armée, la gendarmerie,<br />
la police, les « forces spéciales<br />
», les services <strong>de</strong><br />
renseignement.<br />
Hezbollahs<br />
contre nationalistes<br />
A ces divers groupes viendra<br />
s'ajouter prochainement « l'armée<br />
privée» <strong>de</strong> volontaires spécialement<br />
formés pour lutter contre le PKK,<br />
prévue par le premier ministre<br />
Tansu Ciller. « Lorsqu'un suspect<br />
est arrêté, il est interrogé par cinq<br />
forces différentes qui travail/ent<br />
séparément », explique un responsable<br />
local. « Comment le gouvernement<br />
va-t-i1 discipliner tous ces<br />
gens. comment va-toilmaintenir le<br />
contrôle? Il ny a pas d'état civil en<br />
Turquie.»<br />
Les habitants <strong>de</strong> la région considèrent<br />
également les hezbollahs<br />
kur<strong>de</strong>s, qu'ils accusent d'avoir perpétré<br />
<strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> meurtres <strong>de</strong><br />
nationalistes kur<strong>de</strong>s, comme un<br />
groupe au service <strong>de</strong> l'Etat. « Les<br />
hezbollahs tuent <strong>de</strong>s citoyens ordinaires.<br />
Ils tuent en plein,jour, dans<br />
<strong>de</strong>s rues' bondéeS. La peur qui est<br />
créée est utilisée par l'Etat »,<br />
affirme un responsable local. Déj~<br />
bien implantés dans le Sud-Est, les '<br />
islamistes kur<strong>de</strong>s s'installent progressivement<br />
dans l'Est. Le pronostic<br />
est peu encourageant.<br />
Les autorités turques s'obstinent<br />
dans leur politique, craignant que<br />
toute réforme, ne soit perçue<br />
comme une concession à la lutte<br />
armée du PKK <strong>et</strong> une première<br />
étape vers un Etat kur<strong>de</strong> indépendant.<br />
Par conséquent, d'Ankara ne<br />
viennent que <strong>de</strong>s déclarations martiales,<br />
qui semblent ne tenir aucun<br />
compte <strong>de</strong> la situation sur le terrain.<br />
Ni les forces armées, ni d'ailleurs<br />
le PKK, ne peuvent vaincre<br />
militairement. Les bombar<strong>de</strong>ments<br />
aériens <strong>et</strong> les ratisSagesne pourront<br />
pas anéantir les aspirations <strong>de</strong> la<br />
population kur<strong>de</strong>, qui semblent<br />
mo<strong>de</strong>stes : droits culturels, éducation<br />
en kur<strong>de</strong> <strong>et</strong> développement<br />
économique. Les volontaires ne<br />
manquent pas pour remplacer les<br />
militants du PKK morts dans la<br />
montagne <strong>et</strong> alimenter ce conflit<br />
qui se poursuivra jusqu'à ce qu'une<br />
solution politique soit finalement<br />
envisagée.<br />
A court terme, les habitants <strong>de</strong><br />
l'Est anatolien atten<strong>de</strong>nt avec<br />
impatience l'arrivée <strong>de</strong> l'hiver -<br />
très ru<strong>de</strong> dans c<strong>et</strong>te partie du pays<br />
-, qui forcera le PKK <strong>et</strong> les forces<br />
<strong>de</strong> sécurité à suspendre ou ralentir<br />
leurs opérations. « Nous aimons la<br />
neige, affirme un maire kur<strong>de</strong>.<br />
Nous l'appelons« la paix blanche.»<br />
NICOLE POPE<br />
PRÉCISION. - Après l'interdic-<br />
, tion faite par le PKK aux journalistes<br />
turcs <strong>de</strong> se rendre dansî'est<br />
<strong>et</strong> le sud-est anatolien (le Mon<strong>de</strong><br />
du 19 octobre), Cemil Bayik,<br />
Le Mon<strong>de</strong> - 21 octobre 1993<br />
TURQUIE<br />
Reporters sans frontières<br />
dénonce les menaces<br />
du PKK<br />
contre la presse<br />
A la suite <strong>de</strong> l'interdiction. prononcée<br />
par le Parti <strong>de</strong>s travailleurs<br />
du Kurdistan (PKK), faite aux journali,stes<br />
turcs <strong>et</strong> ßtrangers - .aç};1J;;<br />
sés <strong>de</strong> partialité - <strong>de</strong> travailler<br />
dans le Sud-Est anatolien turc à<br />
majorité k,u.fpe, l'agence Reuter<br />
indique que' cinq grands quotidiens<br />
pnt fermé leurs bureaux régionaux.<br />
commandant <strong>de</strong> l'aile militaire<br />
du PKK, a étendu c<strong>et</strong>te interdiction'<br />
aux correspondants étrangers,<br />
dans une. déclaration diffusée<br />
lundi 18 octobre <strong>de</strong>puis<br />
l'Allemagne' par l'agence<br />
Kurd~Ha. Ce reportage,' effectué<br />
avant c<strong>et</strong>te interdiction, est donc<br />
l'un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers réalisés dans<br />
c<strong>et</strong>te région par un journaliste<br />
étranger.<br />
L'interdiction du PKK s'étend non<br />
seulement au travail <strong>de</strong>s journalistes<br />
mais aussi à la diffusion <strong>de</strong><br />
ces journaux. le gouvernement a<br />
d~ploré c<strong>et</strong>te décision.<br />
En France, J'association Reporters<br />
sans frontières a dénoncé,<br />
c<strong>et</strong>te « atteinte intolérable à la<br />
liberté <strong>de</strong> la presse <strong>et</strong> au droit à<br />
/'information}) en ajoutant que «le,<br />
risque est grand désormais <strong>de</strong> voir<br />
la Turquie <strong>de</strong>venir, comme d'autres<br />
pays du mon<strong>de</strong>, un pays où<br />
les représentants d~ la presse sont<br />
uniquement considérés comme<br />
une monnaie d'échange entre <strong>de</strong>ux<br />
parties qui s'affrontent Il.<br />
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