Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

REVUE DE PRESSE-PRESS REVIEW-BERHEVOKA ÇAPÊ-RIVISTA
STAMPA-DENTRO DE LA PRENSA-BASIN ÖZET;
La Suisse -3 octobre 1993
COMMENT PEUT-ON tTRE KURDE~
L'autobiographie de Noureddine Zaza, un volume
passionnant, une réédition qui vient à, son heùre pour
nous éclairer sur le présent. . .
Noureddine Zaza vivait à Bussigny-près-Lausanne,
où il est mort en 1988. Réfugié politique depuis
1970, il avait fini par recevoir la nationalité
suisse, lui qui n'.enavait plus d'aùtre.
C'est en 1982 qu'il avait terminé cette autobiographie,
aujourd'hui rééditée, et qui nous en apprend
beaucoup sur l'histoire des Kurdes, le comment et le
pourquoi des evénements actuels. Si c'était un roman,
on le dirait épique, à peine croyable, extraordinaire
! Hélas, c'est la réalité, une immense tragédie
que Noureddine Zaza avait eu le talent de raconter
en nous faisant découvrir, tout d'abord, .le
village de son enfance. .
Imaginons ce village des montagnes du Kurdistan
turc où, jusqu'a la fin de la Première Guerre
mondiale, les communautés kurde, grecque; arménienne
et turque vivaient non seulement en harmonie
mais dans une heureuse prospérité ... pour ne
pas dire dans l'opulence. «En ce temps-là, être
Kurde était une chose tout à fait normale », rappelle
Noureddine Zaza. «On était Ottoman et on ne faisait
guère de' distinction entre Arabes, Turcs et
Kurdes.» '
En 1923 commença la politique discriminatoire
de Mustafa Kemal en même temps que les premières
velléités kurdes d'autonomie. Diabolique
engrenage. En très peu de temps, le Kurdistan de
Turquie allait être dévasté. Tortures, villages incendiés,
récol~es détruites, enfants assassinés: plus rien
ne redeviendrait comme avant.' .
Noureddine, à 10 ans, était secrètement emmené
par son frère aîné en Syrie, sans trop savoir ce qui
lui arrivait..: C'est là qu'il poursuit ses études, se
forge peu à peu une conscience politique et devient
un militant de plus en plus actif, déterminé, et de
plus en plus charismatique.
Il rie caresse pas encore franchement le rêve
d'une nation kurde mais ne se lasse pas de réclamer
le respect des langues, et des cultures minoritaires, la
non-discrimination dans tout cadre démocratique
comme cela existe ... en Suisse par exemple.'
Mais jamais le jeu de la politique internationale
ne tourne en faveur de ces exclus, sauf pour en
jouer, de temps en temps, comme de pions utiles.
Les Kurdes sont turcs ou irakiens, iraniens ou sy-
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,riens:' ce sont «les affaires intérieures» de chaque
pays.
NoureddiJ?e Zaza n'expose pas ici de longues
thé0ries, il raconte son périple au quotidien, ses efforts,
ses fuites périlleuses, ses emprisonnements,
tortures, humiliations, espoirs indéracinables. Parfois
rriêine ses bonheurs. On s'attache à son récit
, sans reprendre souffle.
Simone Guye
«Ma vie de Kurde», par Noureddine Zaza (préface
de Gilberte Favre Zazci), éditions Labor et Fides.